Il était fait pour le LS!
Teddy Okou: «Le coach ne m'a jamais lâché»

Impossible de mieux réussir ses débuts! Teddy Okou a marqué après 120 secondes pour le Lausanne-Sport, un club où il a toujours su qu'il jouerait un jour dans sa carrière. L'ailier parisien de 26 ans explique, pour Blick, ce qui rend le LS si spécial pour lui.
Publié: 26.07.2024 à 19:05 heures
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Dernière mise à jour: 26.07.2024 à 19:18 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Alors que le LS se rend à Sion samedi (18h) pour confirmer son bon début de saison, un homme a envie de tout casser cette année à la Tuilière: Teddy Okou. L'ailier parisien de 26 ans est prêté au Lausanne-Sport par le FC Lucerne, où il vient de passer douze mois très frustrants, avec un bilan personnel pourtant pas honteux (5 buts et 2 passes décisives en 35 matches).

Auteur du 1-0 face à Bâle dimanche après 120 secondes de jeu, et d'une prestation globale convaincante, même s'il assure pouvoir faire encore bien mieux, le Franco-Ivoirien a réussi plusieurs dribbles de haute volée et a pris le temps cette semaine au stade de la Tuilière, pour Blick, d'expliquer pourquoi Lausanne était une ville à part pour lui et de revenir sur plusieurs temps forts de sa carrière. Avec une certitude: le meilleur est encore à venir.

Un but après deux minutes, face à ton nouveau kop, dans le premier match de la saison! C'est difficile de mieux réussir ses débuts... Il te passe quoi par la tête quand tu vois Kaly Sène toucher ce ballon et qu'il t'arrive dans les pieds face au but?
Franchement, c'est indescriptible! Ca m'a fait beaucoup de bien, parce que comme tout le monde peut le savoir, je sors d'une saison plutôt difficile. Donc oui, quand ce ballon arrive, et que je le mets au fond, j'étais très heureux. Et aussi, sur un plan plus collectif, c'était la récompense de cette préparation et la preuve qu'on était prêts d'entrée.

Lausanne, un club et une ville qui plaisent à Teddy Okou.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Je voulais t'amener à en parler un peu plus tard dans la conversation, mais tu y viens d'entrée, alors allons-y. Que s'est-il passé à Lucerne?
Si je regarde d'un point de vue individuel, je ne me suis pas trouvé mauvais. Mais le problème, c'est que j'ai joué attaquant de pointe toute la saison, ce qui n'était pas l'idée de départ. J'ai été jugé en tant que numéro 9, des gens m'ont critiqué, alors que tout le monde sait que ce n'est pas mon poste. Je suis un ailier. C'est pour ça que je suis content d'avoir réussi mes débuts au LS en retrouvant ma position naturelle.

Ta position, mais aussi la ville de Lausanne..
Exactement! Lausanne, c'est comme chez moi. Je m'y sens bien. Je sentais que j'étais attendu et ici, on me donne cette confiance, que ce soit les supporters ou le staff. Je me dois de tout faire pour la leur rendre.

Tu as retrouvé le même appartement?
Non, j'ai changé! Je suis du côté de Préverenges cette fois.

Qu'est-ce qui t'a plu en arrivant à Lausanne la première fois?
Je ne connaissais ni Lausanne ni la Suisse. Je ne saurais pas comment l'expliquer, mais pour moi, Lausanne, c'est spécial. Pour me relancer, il n'y avait que le LS dans ma tête. Pourtant, j'ai été contacté par plusieurs clubs en Suisse ou à l'étranger, mais je ne pensais qu'à Lausanne, parce que cette ville est spéciale pour moi et que je m'y sens très bien. La tranquillité, la chaleur des gens... Tout me plaît ici, c'est l'endroit parfait pour ma famille et moi.

Tu l'as dit, tu es prêté par Lucerne, mais on a l'impression que tu es ici pour rester, non?
Ce qui est sûr, c'est que je suis très bien. C'est possible que ce prêt se transforme en transfert à plus ou moins long terme. Il peut se passer beaucoup de choses, ce n'est pas le moment d'y penser, je me concentre sur ce que j'ai à faire sur le terrain.

Mario Frick a décidé de changer son système tactique, n'utilisant plus d'ailiers. De quoi décontenancer Teddy Okou.
Photo: keystone-sda.ch

Comme tout le monde en Suisse, je te découvre en 2022 à Stade-Lausanne, où tu casses la Challenge League, tu fais descendre Sion quasiment tout seul en 2023, si j'exagère un peu, et à ce moment-là, tu peux partir partout. Le directeur sportif du SLO, Yagan Hiraç, avait dit que tu avais des offres de clubs qui jouaient la Coupe d'Europe... Pourquoi Lucerne?
Je fais le choix de Lucerne parce que le projet me plaît à ce moment, que le discours du coach et du directeur sportif était bon. J'aurais pu à ce moment-là aller dans de plus grands clubs, c'est vrai, mais je pensais que Lucerne était le palier parfait, que j'y aurais du temps de jeu. Parmi les clubs qui me voulaient, j'aurais dû batailler pour avoir ma place et je me suis dit que Lucerne était parfait. J'avais aussi dans ma tête la CAN avec la Côte d'Ivoire, je me disais qu'en m'imposant en Super League j'aurais ma chance... Lucerne, c'est une belle ville, un bon club, des bonnes infrastructures. Franchement, c'était le bon choix.

A quel moment tu te rends compte que tu ne joueras pas ailier?
Très tôt, en fait, dès la deuxième ou troisième journée. Ils ont décidé d'un changement de système, avec ce losange, et j'ai mis un peu de temps à switcher, à me dire que j'allais jouer attaquant de pointe toute la saison... Mentalement, ça m'a mis un petit coup, en plus de l'adaptation avec la langue. Tous ces paramètres mis ensemble, ça commençait à faire beaucoup, mais voilà, j'ai essayé de faire au mieux et je trouve même que je m'en suis bien sorti. Mais pour moi c'était impossible de continuer dans ce dispositif. J'ai envie de prendre du plaisir et pour moi, le plaisir, il se trouve sur les ailes. Dépanner un match, deux ou trois, pas de souci. Mais une saison en pointe, non.

Et vu que Ludovic Magnin a un schéma clair où les ailiers ont un rôle important à jouer, le choix de rejoindre Lausanne était évident. Tiens, d'ailleurs, tu sais que ta célébration quand tu marques ici à la Tuilière le 15 mai avec Lucerne avait beaucoup fait parler... Tu savais déjà que tu allais signer au LS?
Dans ma tête, j'étais déjà parti de Lucerne, c'était impossible que je continue. Je ne jouais quasiment plus. Et je savais que c'était possible que je signe à Lausanne, oui. J'étais déjà proche du LS il y a deux ans et j'avais déjà une bonne relation avec les joueurs et avec le coach. Ils n'étaient pas encore sauvés et ma célébration était une marque de respect envers eux parce que je savais qu'un jour, je pourrais peut-être venir jouer ici.

Cette semaine, on a appris qu'un concurrent arrivait en la personne de Konrad de la Fuente. Tu le connais? Tu en penses quoi?
Forcément, je connais l'actualité du foot français, je sais qui c'est. On l'a super bien accueilli et il y a une vraie concurrence, que ce soit avec Fousseni Diabaté, Alban Ajdini, Konrad maintenant... C'est ce qu'il faut! On doit se pousser vers le haut. On va tout faire pour qu'il se sente bien et le meilleur jouera. Si on veut aller plus loin, plus haut, il faut accepter la concurrence et il faut se dépasser.

Alban Ajdini, tu le comptes comme ailier? Il peut jouer dans l'axe aussi, non?
Oui, il est très fort sur les deux postes. Donc je le compte aussi dans les ailiers.

Teddy Okou, tout dans la percussion, comme ici face à Bâle.
Photo: freshfocus

Parle-moi du Havre, ce centre de formation exceptionnel d'où tu es sorti. Plusieurs des meilleurs joueurs mondiaux y ont grandi et des centaines d'autres sont devenus professionnels. En quoi la formation y est-elle de meilleure qualité qu'ailleurs?
J'y ai passé presque huit ans. Déjà, c'est une super structure, avec de grands recruteurs comme Franck Sale. Il y a une continuité, des figures emblématiques. Le club a des bases solides, ancrées. Ils sont très forts dans le recrutement, mais aussi dans le travail au quotidien. On travaille des points qui nous permettent de nous développer rapidement. Le club s'appelle Le Havre Athletic Club, et ce n'est pas pour rien! C'est vraiment qu'au niveau athlétique tu travailles beaucoup! Aujourd'hui, voir le club retrouver la Ligue 1, ça me fait plaisir. En plus, ceux qui jouent aujourd'hui, c'étaient des petits qui étaient avec nous, comme Yassine Kechta, Arouna Sangante... C'est la relève! C'est la force du Havre.

Quand je lis des reportages sur le HAC, je lis qu'ils travaillent beaucoup sur les points forts des joueurs. Tu l'as expérimenté aussi?
Oui, c'est exactement ça. Ils nous apprennent qu'un footballeur qui peut faire une belle carrière, c'est celui qui utilise et développe ses points forts. L'idée c'est vraiment ça. Si un joueur a une grosse qualité forte, ils vont vraiment appuyer dessus et faire en sorte de la développer.

Dans ton cas, la percussion, bien sûr?
Oui. J'ai beaucoup travaillé le un contre un.

Ton style de jeu est spectaculaire, tu aimes dribbler, provoquer. Comment fonctionnes-tu à ce niveau? Si tu rates un ou deux dribbles, tu insistes encore ou tu es plutôt du genre à perdre la confiance?
Franchement, c'est clair: si j'ai raté, je vais recommencer. C'est mon caractère. Et c'est ainsi que j'ai été formé. Si je ne fais plus ça, je perds mon jeu. C'est l'instinct. Après, bien sûr, il faut bien sentir la situation. On parlait du barrage contre Sion avant. J'ai senti que je pouvais y aller, que je pouvais passer les trois défenseurs, j'y suis allé. C'est comme ça, des fois tu le sens, des fois tu le sens pas. Mais en un contre un, je vais toujours aller chercher mon vis-à-vis.

Gauche ou droite, c'est égal pour toi?
Oui. Avant je préférais le côté gauche, maintenant c'est plutôt à droite. Mais je joue où le coach a besoin de moi, gauche ou droite, pas de souci.

La technique de dribble est tout de même différente sur synthétique, non?
Oui, vraiment. Il faut encore que je m'habitue d'ailleurs, mais ça change totalement. Mais pour quelqu'un de mon profil, le synthé n'est pas un désavantage, ça accélère le jeu.

En tout cas, tu as semblé à l'aise face à Bâle...
Non, mais attention, je peux faire beaucoup mieux. Beaucoup de personnes me disent que c'était un bon match, mais je suis dur envers moi-même. Bien sûr que j'ai marqué après deux minutes et qu'on peut dire, comme on l'a fait au début de la discussion, que j'ai réussi mes débuts, mais je ne le vois pas comme ça. Je trouve que j'ai un fait un match correct.

Pas plus?
Non. Je sais que je peux faire beaucoup mieux et qu'avec le temps, des automatismes vont se créer. Si on me dit que ça c'était un bon match, alors je me réjouis de voir ce qu'on va dire quand je vais vraiment faire un bon match (rires). J'espère qu'on verra le vrai Teddy Okou dans les semaines qui viennent.

Où est ta marge de progression?
Même si je n'ai pas apprécié l'expérience de jouer en pointe à Lucerne, j'ai essayé de prendre le bon côté des choses, de m'améliorer dos au but, de mieux réussir la prise d'informations, tout ça. J'essaie de travailler mon mauvais pied aussi. Mais je dois encore avancer sur la finition.

Le gros problème du LS la saison dernière d'ailleurs... Améliorer la finition, c'est technique, tactique, mental?
Je dirais qu'il y a une partie technique. Je vais prendre l'exemple de Kaly Sène. Je le vois tous les jours, il bosse énormément. Après chaque entraînement, il bosse, il sait ce qu'il veut. Et puis, il y a une belle alchimie cette année. Les trois attaquants, on a été décisifs contre Bâle, mais on l'avait aussi été en préparation contre Neuchâtel, tout comme Alvyn Sanches. C'est collectif aussi, l'efficacité! Et c'est pour ça que je disais avant que l'arrivée de Konrad de la Fuente était une bonne chose et que personne ne peut le prendre mal. On essaie d'être meilleurs, avec un objectif clair qui est le top 6. Le fait de l'avoir rendu public est une excellente chose. Cela aurait pu rester en interne, mais le dire à tout le monde, ça augmente l'exigence. 

Alvyn Sanches, tu lui demandes de rester à Lausanne pour atteindre le top 6 justement?
Alvyn, il sait déjà tout ce que je pense de lui. Je ne vais pas lui dire de rester ou de partir, je vais juste lui dire que c'est un joueur spécial et que je lui souhaite le meilleur, que ce soit à Lausanne ou ailleurs. Peu importe, ça ne changera rien à notre relation. Maintenant qu'il est là, on profite de lui, et le reste c'est entre le club et lui. J'essaie de très peu lui parler de ça. On parle de l'instant présent. On bosse ensemble, on rigole, on profite les uns des autres.

Je te dis la vérité: je suis ici en train de t'écouter parler et je me dis que tu étais fait pour porter ce maillot du LS. Tu vois ce que je veux dire?
C'est drôle, parce que beaucoup de personnes me disent la même chose. Peut-être que c'est le destin! Je voulais déjà rejoindre le LS il y a deux ans, mais que ça ne s'était pas fait. Aujourd'hui, je suis très content que cette chance se soit représentée, parce que pour certains, le train n'est pas repassé. J'ai eu la chance de l'avoir plusieurs fois, ça montre la ténacité du coach et la véracité de son discours.

Dans quel sens?
Il ne m'a jamais lâché! Même quand on était adversaires, il avait toujours un petit mot pour moi. Il me disait: «Teddy, tu n'es pas venu à Lausanne, mais garde la tête haute, tu vas briller, que ce soit à Lucerne ou ailleurs. Tout le monde va voir ton talent en Super League». Il m'a donné beaucoup de confiance, même quand on était adversaires. Je l'en remercie. Il m'a donné du courage.

Le barrage face à Sion, lors duquel l'ailier parisien a brillé.
Photo: Claudio de Capitani/freshfocus

Quand tu étais gamin, c'était qui ton modèle en tant que footballeur?
Cristiano Ronaldo. Attention, je n'ai rien contre Leo Messi, qui est un très grand joueur. Les joueurs que je regardais, c'était eux, Cristiano Ronaldo, Neymar, Messi...

J'aurais pensé que tu me répondrais Riyad Mahrez...
Non, mais Riyad, je le voyais tous les jours depuis ma chambre au Havre! Ce n'était pas encore le joueur qu'il est devenu, même s'il était déjà très très fort. Non, mais moi je regardais un peu plus haut (rires)

Sinon, pour parler un peu d'actualité, les JO ça t'intéresse? Ou c'est pas ton truc?
Non, ça ne m'intéresse pas trop. Mais même le football, c'est pas mon truc.

Pardon?
Avant, je regardais beaucoup, mais j'ai lâché. Franchement, je ne regarde quasiment plus rien.

C'est fou!
Non, c'est comme ça. 

Tu te contentes de jouer et c'est tout?
Oui, c'est ça.

Tu as des rêves quand même? Retourner jouer en France, par exemple? Au Havre?
J'ai eu l'occasion de retourner en France, déjà. Il y a une année quand je signe à Lucerne, j'ai plusieurs clubs de Ligue 2 et de Ligue 1 qui me parlent, mais je voulais avoir mon étape en Suisse, comme je l'ai dit avant, dans l'optique de rejoindre la sélection de Côte d'Ivoire. Maintenant, mon but, c'est de prendre du plaisir, dans un bon cadre, et tout donner pour Lausanne.

Tu as des contacts avec le staff d'Emerse Faé? Tu penses à la prochaine CAN, au Maroc?
J'ai des contacts, oui. Je ne m'interdis pas de rêver, je bosse pour. Je ne veux pas parler, je veux travailler et ensuite voir ce qui arrive. Mais si tu fais une belle saison, que tu atteins les objectifs collectifs avec ton club, c'est qu'individuellement tu auras été bon. J'ai confiance en moi et je travaille. Et les belles choses arriveront.


Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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