Antoine Keller a été appelé le jour du titre
Le conte de fées du gardien genevo-martignerain

Antoine Keller était à l'entraînement avec Genève-Servette jeudi matin. Le soir, le gardien franco-suisse remportait le titre de MyHockey League avec le HCV Martigny… en n'encaissant aucun but. Récit d'une folle journée avec le principal intéressé.
Publié: 31.03.2023 à 12:04 heures
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Dernière mise à jour: 31.03.2023 à 17:49 heures
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Matthias DavetJournaliste Blick

9h30, entraînement avec Genève-Servette. 16h, montée dans le bus à Montreux. 20h, titulaire lors de l’acte décisif de la finale contre Thoune. 22h15, champion de MyHockey League avec Martigny. Il va sans dire qu’Antoine Keller a probablement vécu les treize heures les plus folles de sa jeune carrière.

Le point de départ de cette incroyable épopée? Mardi soir, au Forum d’Octodure… alors qu’Antoine Keller n’y est même pas. On joue la 55e minute de l’acte IV et Martigny mène 4-1. Les Octoduriens sont sur le point d’accrocher une finalissima lorsqu’un joueur thounois pousse un défenseur valaisan contre son propre gardien. Groggy, Jimmy Hertel se relève et peut terminer la rencontre.

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«Je pensais que j'allais être le back-up»

Mais 48h plus tard, c’est la douche froide à Martigny. Le gardien titulaire ne pourra pas tenir sa place sur la glace. On décide alors de contacter Antoine Keller, portier des U20 de Genève-Servette et troisième gardien de la première équipe. «Jérémy (ndlr: Gailland, le capitaine) m’a appellé et m'a dit que j’allais sans doute devoir les rejoindre», nous explique le Genevois. Avant la finale, le gardien franco-suisse avait porté le maillot valaisan à seulement 6 reprises.

Antoine Keller a été l'un des grands artisans de la victoire de Martigny à Thoune.
Photo: Siriane Davet

Antoine Keller, Blick le joint par téléphone alors qu’il est encore sur la glace en train de célébrer: «Je pensais que j’allais être là en qualité de back-up.» Le matin même, le jeune portier de 18 ans s’entraînait encore avec l’équipe première de Genève-Servette, dans laquelle il a le rôle de troisième gardien.

Le clin d'œil du destin

«Je rentre chez moi après l’entraînement, je mange puis je fais une sieste, décrit-il. À 14h30, je pars et le car me récupère sur la route, à Montreux. J'ai appris [à bord] que j'allais être titulaire», détaille-t-il. L’ambiance y est détendue. Certes, les joueurs sont concentrés avant une telle échéance mais Antoine Keller ne change pas ses habitudes. Il les salue et s’en va faire une sieste. «À ce moment, je me dis que ça va être super. Je suis content de jouer car je trouve quand même les matches plus passionnants sur la glace que sur le banc.»

Comment peut-il être aussi tranquille alors qu'il va, dans quelques heures, jouer un grand rôle dans un acte V décisif pour le titre en MyHockey League? «Ça fait partie de l’expérience, répond-il tout simplement. Je côtoie régulièrement l’équipe première et j’apprends à gérer la pression.» Clin d’œil du destin, Antoine Keller s’entraîne à Genève aux côtés de Gauthier Descloux, qui avait lui-même fait onze piges à Martigny lorsqu’il avait 18 ans.

Sur la glace, Antoine Keller a fait mieux que de se défendre. Il a tout bonnement repoussé tous les tirs bernois qui lui ont été adressés. La majorité du temps avec brio, une fois avec un peu de chance.

Une boulette qui aurait pu coûter cher

Car le conte de fées du Franco-Suisse aurait pu tourner au cauchemar. Le score est encore nul et vierge dans le deuxième tiers lorsque Antoine Keller décide de sortir de sa cage. Un adversaire n’en demandait pas tant et lui chipe le puck. «C’est un geste que j’aime bien faire mais j’ai raté ma passe, avoue le dernier rempart martignerain. Comme c’est une finale, j’ai sprinté vers la cage puis je me suis allongé.» Heureusement pour lui, le joueur bernois manque son tir et cette mésaventure a juste été un gros coup de chaud.

La boulette, sans conséquence, d'Antoine Keller
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Pas loin du 1-0:La boulette, sans conséquence, d'Antoine Keller

Car sur l’ensemble du match, Antoine Keller a été brillant: «J’ai aidé l’équipe quand elle était en difficulté. Mais mes coéquipiers ont fait du bon travail et de mon côté, j’ai juste fait mon taf.» Modeste, le gardien de Genève a quand même grandement aidé la formation valaisanne.

Au moment de soulever la coupe, il peut jubiler. «Quand la rencontre a débuté, je me suis dit: 'Donne tout. C’est juste un match. Fais-toi plaisir.'» On imagine bien que le plaisir est plus facile à trouver après une victoire 4-0.

Le retour au travail

Durant notre appel, Antoine Keller est parfois interrompu par des supporters qui le félicitent ou lui demandent une photo. À la fin, il faut raccrocher car l’heure de célébrer dans le vestiaire arrive. «Je vais faire un peu la fête… mais avec modération», prévient-il.

Car dès ce vendredi, le gardien des Aigles va faire le chemin inverse, direction son autre vie. Il sera dans les tribunes des Vernets pour l’acte I des demi-finales de National League entre Genève et Zoug. «Et samedi, c’est retour au travail», prévoit Antoine Keller, qui ne va sans doute pas se contenter de ce titre pour le reste de sa carrière.

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