Le portier de 21 ans se confie
Kevin Pasche: «Une partie de mon rêve s'est réalisée»

À 21 ans, Kevin Pasche débutera la saison prochaine comme premier gardien du Lausanne HC. Et ce, seulement une saison après avoir signé son premier contrat professionnel. Le plus jeune gardien de National League a déjà tout d'un grand. Interview.
Publié: 22.07.2024 à 08:40 heures
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Dernière mise à jour: 22.07.2024 à 13:50 heures
Nathan Clément

Quand Connor Hughes n'est pas là, Kevin Pasche danse. Après sa prestation remarquée cet hiver lors de la blessure de l'Ontarien, le portier de 21 ans profite à nouveau de l'absence du Canado-Suisse. Depuis le départ de Connor Hughes pour les Canadiens de Montréal, Kevin Pasche porte sur le dos le maillot de premier gardien du Lausanne HC. Interview

Première question – les entraînements ont repris. Comment tu te sens?
Je me sens assez en forme. On a attaqué tôt sur la glace. Dès la deuxième semaine. C’est encore que le début de l’été (ndlr. interview réalisée en juin) mais tout est au vert.

Pas trop la folie depuis que tu as appris que t’allais être numéro 1?
Beaucoup d'excitation. C’est quelque chose de nouveau et j'ai hâte de jouer une saison complète. Mais pour l'instant, on n'est qu'au début de l'été, on a encore une belle préparation devant nous. J'ai encore le temps avant de me projeter là-dessus.

À tout juste 21 ans, Kevin Pasche sera le plus jeune gardien numéro un de National League.
Photo: keystone-sda.ch
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L’annonce, comment tu l’as apprise?
Ça faisait un petit moment qu'on m'avait averti que Connor (Hughes) allait peut-être partir et que je deviendrais donc peut-être numéro un. Mais jusqu’à la sortie officielle, je ne savais rien de concret. J’ai eu la confirmation au même moment que le reste du monde.

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«Je pars normalement numéro un, mais si je ne travaille pas assez, c'est comme partout, ma place je peux la perdre.»
Kevin Pasche
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Et là, en quelques instants seulement, tu deviens gardien numéro 1 d’une équipe de National League. C’est quoi ta première réaction?
Beaucoup d’excitation et... (il réfléchit) de la pression. Positive, parce que je sors d’une belle saison. Mais de la pression. Et je n’oublie pas que, oui je pars normalement numéro un. Mais si je ne travaille pas assez, c'est comme partout. Ma place, je peux la perdre. C'est important de garder les pieds sur terre et que j’aille étape par étape.

La pression justement – tu démarres premier gardien – c’est tout nouveau pour toi…
Pour l'instant, je la gère bien. Quand Connor s'est blessé, j'ai réussi mes premiers pas, l'équipe a gagné des matchs. Alors, bien sûr, je n’étais pas tout seul. L'équipe a fait des super matches! Mais dans l’ensemble, ça s'est très bien passé. Je crois que, si je continue mon processus, il n’y a pas de raison pour que ça n’aille pas. Encore une fois, il faut rester humble et ne pas tomber dans un excès de confiance.

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Avec la blessure de Connor Hughes, tu n’as pas eu le temps de stresser…
C’est vrai que je n’ai pas eu le temps de penser à quoi que ce soit. Le match en play-off contre Fribourg par contre, j’ai eu l’occasion d’y réfléchir et j'ai bien réussi à gérer la pression. Pour l'instant, je me sens confiant avec ça.

Un mot sur ton âge: être le plus jeune de l’équipe ça change quelque chose?
Maintenant, il y a Antoine (Antoine Keller, 19 ans) plus jeune. Il jouera avec moi au goal. Mais c'est clair que oui, je serai le plus jeune numéro 1 au coup d'envoi de la saison. On a beaucoup critiqué mon âge la saison passée, que ça poserait problème, etc. Perso, je prends ces énergies négatives pour les tourner en positif. C’est juste une question de ce que tu montres sur la glace, que tu aies 21 ans comme moi, 19 ans comme Antoine ou que tu sois Leonardo Genoni. Tant que tu livres la performance sur la glace…

Ton entraîneur, Cristobal Huet, avait d'ailleurs pris ta défense en évoquant le duo Reto Berra / Leonardo Genoni, qui avait le même âge que toi en arrivant à Davos. Tu entends aussi ces compliments?
C’est une bonne chose. On voit qu'avec les six étrangers, pour le futur de l'équipe de Suisse aussi, il faut commencer à pousser des jeunes: que ce soit des joueurs ou des gardiens. Ça vient aussi du staff et John (ndlr Fust, directeur sportif). Ils font le pari de trois jeunes gardiens cette saison. Oui, c'est risqué, mais c'est vraiment respectable de leur part de faire confiance à des jeunes, de nous laisser l’opportunité de montrer qu'on est aussi capable.

Pour t'épauler, tu peux compter sur Cristobal Huet. J’imagine que c’est rassurant...
Je le connais depuis l’âge de 10 ans. J’étais à Villars, comme son fils. Forcément, il me connaît bien, ma façon de fonctionner aussi. Et même quand je suis parti aux États-Unis, il gardait un œil sur moi. Il sait comment je fonctionne, je peux prendre beaucoup de conseils de sa part. On s’adapte bien l’un à l’autre.

En ce moment, sur quels aspects de ton jeu vous travaillez?
Déjà, c’est très facile de travailler avec lui. Il est capable de s'adapter à n'importe quel gardien. Actuellement dans le jeu, on travaille beaucoup pour que je reste sur mes pieds le plus possible, sur ma vitesse aussi.

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«En National League, j'adore regarder Janne Juvonen ou Sandro Aeschlimann.»
Kevin Pasche
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D’autres choses?
Comment expliquer ça… (il réfléchit) On travaille les recoveries au poteau. Le travail sur le but, les glissades au poteau, histoire de pas trop se faire absorber… Et puis on continue de développer mon style de jeu qui est assez rapide et explosif.

Tu as un type de jeu assez particulier. C'est qui tes modèles?
En NHL, Juuse Saros. Il est rapide et puis je fais presque la même taille que lui. En National League, j'adore regarder Janne Juvonen ou Sandro Aeschlimann.

Et petit, c’est qui les gardiens qui te faisaient rêver?
J'ai commencé à suivre Chicago en NHL par rapport à Cristobal Huet. Sinon en Suisse, j'ai toujours suivi le parcours de Leonardo Genoni.

À quel moment tu as compris que tu avais peut-être l’occasion de passer pro, comme eux?
C'est quand je suis parti aux Etats-Unis (Omaha Lancers – USHL), je savais que c’était une belle carte de visite. J'ai aussi eu la chance de faire deux Championnats du monde en moins de 20 ans avec l'équipe de Suisse. Tu sais que beaucoup de gens regardent, des scouts (recruteurs)...

Aux États-Unis, j’imagine que tu as beaucoup progressé.
Oui, autant au niveau sportif qu'humainement. Sur la glace, c'est un autre niveau de jeu. Beaucoup sortent de là et partent directement en NHL. C'était vraiment une expérience incroyable, j’ai beaucoup appris. Côté vie privée, partir seul aux États-Unis, sans ma famille, ça m’a rendu beaucoup plus indépendant, beaucoup plus mature.

Comment tu l’as vécu de partir seul?
Plutôt bien. J’ai toujours été un enfant indépendant, un peu à part de ma famille. J’ai de très bons contacts avec mais je savais que partir me ferait du bien. Et puis, après deux ans, j’étais heureux de rentrer en Suisse.

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«Mon objectif a toujours été d'intégrer un jour l'équipe de Suisse. Mon rêve ultime, c'est de jouer un match en NHL.»
Kevin Pasche
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Rentrer en Suisse pour signer ton premier contrat pro!
C'était une partie de mon rêve qui s'est réalisée... Déjà signer un contrat pro, et en plus à Lausanne! J’y ai fait mes juniors, je viens d’ici. Pour un jeune du club, c’est incroyable. Mais après, c'est un rêve sur trois ans (la durée de son contrat). Il va falloir être capable d'enchaîner les bonnes performances pour continuer à gravir les échelons.

C’est-à-dire?
Mon objectif a toujours été d'intégrer un jour l'équipe de Suisse. Mon rêve ultime, c'est de jouer un match en NHL.

Tu arrives quand même à apprécier ce que tu as déjà réalisé? C’est assez fou…
Je trouve aussi que ce qui se passe est assez fou, surtout pour l'année prochaine. Ouais. Mais encore une fois, il faut juste que je garde la tête froide et puis... Rester calme oui, comme l’an passé. C'est le plus important.

Si tu jettes un coup d’œil à ton parcours, comment tu le décrirais?
Ça a été beaucoup de sacrifices. Quand tu es à l'école obligatoire, déjà à cet âge, tu fais 4-5 entraînements par semaine. Tes potes d'école, ils ne comprennent pas forcément ce que tu fais. Ils ne comprennent pas pourquoi à chaque fois qu’il y a une activité, tu réponds: «bah non, désolé, après l'école, moi, il faut que je me dépêche, il faut que j'aille à l'entraînement». Socialement, c'est un peu plus compliqué. Même si tu vois tes potes du hockey, ce n’est pas pareil.

Tu as eu du soutien?
Mes parents se sont beaucoup sacrifiés. Ils venaient me chercher, financièrement, c'est quelque chose de conséquent aussi. Ce n’est pas anodin d’avoir un enfant qui pratique le hockey.

Je ne prends pas trop de risque en disant qu’ils sont fiers aujourd’hui?
C’était un rêve aussi pour mon père qui s'est beaucoup sacrifié avec ma belle-mère. Pour que je réussisse. Je pense qu'il doit se dire: «Ouf. Il l'a fait». Et puis il y a un petit frère de quatre ans qui est tout content de venir à chaque match. Il y a eu un grand engouement dans ma famille – ils étaient là presque à chaque match.

Qu’est-ce qu’on peut encore te souhaiter pour la saison à venir?
La forme et du courage, et puis voilà.

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