«Fier d'être le premier en NHL»
Jonas Siegenthaler, à mi-chemin entre la Suisse et la Thaïlande

Jonas Siegenthaler est fier de ses racines thaïlandaises. Si fier qu’il a décidé d’aider son deuxième pays à développer le hockey sur glace dès la fin du Mondial, qu’il dispute actuellement à Prague.
Publié: 16.05.2024 à 11:37 heures
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Dernière mise à jour: 20.05.2024 à 14:05 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Jonas Siegenthaler est l'un des meilleurs défenseurs du monde. Il évolue dans la prestigieuse NHL et gagne plus de 3 millions de dollars par saison. En 2023, il a paraphé un contrat de cinq ans pour 17 millions de dollars au total. Cette somme faramineuse ne l'empêche pas de savoir d'où il vient. Et il vient en partie de Thaïlande, avec une maman originaire de ce pays. Son père, lui, est Suisse.

«Je suis extrêmement fier d'être le premier joueur aux origines thaïlandaises à évoluer en NHL», nous a-t-il confié. Aujourd'hui, ses parents sont retournés vivre en Asie. Jonas Siegenthaler, lui, ne rate pas une occasion d'y séjourner. Pour rendre visite à sa famille, bien sûr. Mais aussi pour se reconnecter à sa «deuxième patrie», comme il le dit lui-même. «Ces deux pays font partie intégrante de moi. Si je suis qui je suis aujourd'hui, c'est grâce à ces deux cultures qui m'ont fait évoluer.» La thématique de ses origines est évidemment récurrente pour le défenseur de l'équipe de Suisse. «Mais j'aime en parler, n'hésite pas à me poser des questions sur le sujet», rigole-t-il.

Aider les jeunes à connaître ce sport

L'imposant gabarit du joueur de 189 centimètres pour 99 kilos cache une vraie sensibilité lorsqu'il évoque ce pays qu'il aime. Cet été, il a pris une décision: il va y organiser un camp pour les jeunes hockeyeurs. Du hockey en Thaïlande? Vraiment? «Oui, oui, cela se développe pas mal, précise-t-il. Bien sûr, ce n'est pas le sport principal là-bas. Mais il y a des équipes.» Le but de cette semaine n'est pas le perfectionnement à tout prix, mais la découverte d'une activité. «Ce n'est qu'en aidant les jeunes à connaître ce sport qu'il pourra prendre de l'ampleur là-bas également. Je vais aussi aider en le rendant plus accessible grâce à du matériel et de bonnes conditions pour s'entraîner. C'est onéreux pour les familles de jouer au hockey sur glace et il ne faut pas que cela soit un frein pour les gamins qui souhaitent en faire leur sport.»

Jonas Siegenthaler se rendra en Thaïlande après le Mondial.
Photo: Pius Koller

Cette évocation fait écho à sa propre histoire. Élevé au sein d'une famille de trois enfants, il a appris par ses parents la valeur du travail. Gamin, c'est lui qui devait aider ses frères et sœurs à se préparer pour aller à l'école. Ses parents étaient déjà au travail pour subvenir aux besoins de tout le monde. Alors forcément, un gamin qui joue au hockey sur glace, cela a un coût qu'il faut assumer. «Et je leur suis reconnaissant de tous les efforts qu'ils ont entrepris pour que je puisse avoir la chance d'en faire mon métier. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est avant tout grâce à eux.»

Jonas Siegenthaler (à droite) dispute actuellement le Mondial avec la Suisse.
Photo: keystone-sda.ch

Car si Jonas Siegenthaler a rapidement gravi les échelons dans la puissante et riche organisation des Zurich Lions, il n'était pas destiné à devenir l'un des meilleurs joueurs suisses. Son contrat et les nombreux millions n'étaient même pas un rêve pour celui qui se considère lui-même comme pas suffisamment athlétique pour rivaliser avec les autres. Ce qui lui a permis de faire la différence? «Le travail», remarque-t-il. Une valeur cardinale pour le Zurichois. Un maître-mot dans la famille Siegenthaler. Une poussée de croissance à partir de ses 14 ans a fait la différence pour que le petit Jonas devienne un solide hockeyeur.

Actuellement, il est à Prague, où il participe au Championnat du monde avec l'équipe de Suisse. «Lorsque le sélectionneur national t'appelle et te demande si tu veux aider l'équipe, tu ne réfléchis pas et tu dis oui. A chaque fois que Patrick Fischer m'a appelé, j'étais honoré d'être convoqué. Le pays a accueilli ma mère et c'est ma manière de lui rendre quelque chose.»

Proche de la Suisse

Fin mai, il aura quitté la magnifique O2 Arena et ses 17 300 places assises pour écumer les plages de Thaïlande. Mais aussi ses patinoires. «Entre la fin de mon championnat avec les New Jersey Devils et le début du Mondial, j'ai eu la chance de pouvoir passer quelques semaines en Suisse, précise-t-il. Cela m'a permis d'organiser ce qui devait l'être afin d'avoir l'esprit totalement libéré pour me rendre à Prague.» Car malgré sa double origine, Jonas Siegenthaler se sent très proche de la Suisse et, forcément, de la région zurichoise. «Comme mes parents ont quitté le pays, j'ai acheté un appartement dans la région. C'est là que je me sens bien. J'ai pu me relaxer au bord du lac et voir des amis. Ce sont des moments précieux dans une saison.»

Le défenseur joue depuis 2021 dans le New Jersey.
Photo: keystone-sda.ch

L'été de Jonas Siegenthaler s'annonce particulièrement chargé. Il devra évidemment préparer le prochain championnat. Mais outre son camp en Thaïlande, il a également mis sur pied une semaine d'entraînement pour les jeunes hockeyeurs de la région zurichoise. «Je me souviens d'avoir participé à des camps comme celui-ci lorsque j'étais gamin, raconte-t-il. Avoir la chance qu'un hockeyeur professionnel vienne te donner des conseils, ça représente énormément. Je me réjouis de pouvoir partager mon expérience avec eux.» Et qui sait, pourquoi pas, former les futurs talents de demain tant en Suisse qu'en Thaïlande.

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