Petr Svoboda ne veut pas s'exprimer
Les questions dérangeantes que le LHC esquive

L'ambitieuse formation vaudoise se traîne à la 9e place de la National League. Des résultats incompréhensibles. Petr Svoboda, co-propriétaire et Directeur des Opérations hockey, refuse les demandes d'interview de Blick. Qu'importe, posons tout de même les questions.
Publié: 24.12.2021 à 16:47 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Cela fait 18 mois que le Lausanne HC a été racheté par un triumvirat composé de Grégory Finger (40% des parts), Zdenek Bakala (40%) et Petr Svoboda (20%). L'argent des deux premiers devait assurer la pérennité du club et lui permettre un train de vie digne des grosses cylindrées de la Ligue. Aujourd'hui, le Lausanne HC est loin de justifier les attentes générées par cette reprise. À l'époque, Petr Svoboda déclarait à nos confrères de «24 Heures»: «On ne gagne pas un championnat en engageant des joueurs et en payant bien. Il faut cultiver un état d’esprit, dans un environnement sain.»

Une tâche ardue

Commençons par un peu de mathématiques, pour poser le contexte. L’an dernier, Genève-Servette avait décroché la 6e place, directement qualificative pour les play-off, avec une moyenne de 1,68 point par match. Si la barre se trouve à la même hauteur cette année, il faudrait donc 87 points pour éviter l’écueil des pré-playoff. Cela voudrait donc dire que Lausanne devrait marquer un point de plus sur les 20 derniers matches que sur les 32 premiers. Ce n'est évidemment pas impossible. Mais la tâche sera ardue.

Avec 43 points au classement, les Vaudois sont bien loin de ce que l’on pouvait objectivement attendre d’eux avant cette saison. Genève, qui vit un exercice chaotique, n’est qu’à deux longueurs du Lausanne HC. Les Aigles sont virtuellement devant le LHC, puisqu’ils ont disputé un match de moins que les pensionnaires de la Vaudoise aréna. Fort de ce constat peu réjouissant, il serait intéressant de poser des questions à Petr Svoboda, capitaine à plusieurs casquettes dans ce navire qui part à la dérive. Depuis des mois, le propriétaire et Directeur des Opérations Hockey refuse systématiquement les demandes d’interview de Blick, alors qu’il s’exprime volontiers ailleurs.

Petr Svoboda brandit le maillot des Lions.
Photo: Freshfocus

Pourtant, il y aurait beaucoup de questions à lui poser. Florilège.

1. Avec 43 points en 32 matches, votre équipe est la plus grande déception de cette saison. Comment faire pour redresser la barre?

2. Tout n’est pas à jeter dans votre saison. Bien au contraire, il y a même eu de belles prestations, notamment récemment contre Zurich. Cette inconstance semble chronique. L’expliquez-vous?

3. Quelle est votre influence sur le quotidien de l’équipe? Il se murmure que vous prenez beaucoup de décisions à la place de l’entraîneur John Fust. Est-ce vraiment le cas?

4. Craig MacTavish, son prédécesseur, déclarait à Blick qu’il y avait des ingérences dans son vestiaire. «Quiconque connaît un peu le hockey et possède un Q.I. de plus de 23 sait que coacher est extrêmement difficile. Surtout si tu ne disposes pas de tous les outils et que tu n’as pas une complète autonomie sur tes décisions et ton alignement. C’est d’autant plus difficile lorsque tu ne contrôles pas le dialogue avec tes joueurs comme c’était le cas ici.» Ses propos reflètent-ils la réalité du LHC?

John Fust et Craig MacTavish
Photo: TOTO MARTI

5. Lausanne dispose de l’un des plus importants budgets de la ligue mais ne parvient plus à engager des étrangers dominants en Suisse. Pourquoi?

6. Avec Mark Barberio et Phil Varone qui ont déjà quitté le club, vous avez à nouveau «grillé» deux licences étrangères qui ne vous aideront pas plus tard dans la saison. N’est-ce pas une erreur?

7. Jiri Sekac (3 ans), Martin Gernat (3 ans) ou Michael Frolik (2 ans) ont signé des contrats de longue durée sans jamais avoir joué en Suisse ou presque. Pourquoi? Lorsque l’on voit le problème d’adaptation de Mark Barberio, ne devriez-vous pas changer de stratégie?

8. Dans une interview accordée à «24 Heures», vous disiez que l’équipe de la saison dernière avait «peut-être trop de leaders». Qui sont aujourd’hui vos leaders?

9. Si l’on songe à la saison prochaine, votre topscorer Christoph Bertschy n’a pas encore été remplacé. Dans votre construction d’équipe, est-ce Michael Hügli et Marco Pedretti qui joueront son rôle?

10. Beaucoup de vos adversaires, probablement jaloux de votre puissance financière, remettent en question la taille des contrats que vous donnez, que ce soit au niveau des salaires proposés ou de leur durée. Est-ce que le LHC dérègle le marché?

11. Avec des contrats aussi généreux, comment la hiérarchie se crée-t-elle dans le vestiaire vaudois?

12. Ville Peltonen, le premier entraîneur que vous avez licencié début 2020, est actuellement leader du championnat finlandais avec son club d’Helsinki. Avec du recul, est-ce que vous regrettez cette décision?

Ville Peltonen a du succès en Finlande.
Photo: keystone-sda.ch

13. Même question pour le directeur sportif Jan Alston. Il avait été prié de s’en aller le même jour que Ville Peltonen. Aujourd’hui, il participe au renouveau de Davos (4e). Sa connaissance du milieu lui avait permis d’attirer des joueurs du niveau de Christoph Bertschy, Joel Vermin et Josh Jooris, notamment. Son réseau ne vous serait-il pas précieux aujourd’hui?

14. Le Canadien Mark Barberio – envoyé en Russie depuis lors – avait été nommé capitaine l’été passé alors qu’il n’avait pas encore posé un pied en Suisse. Mauro Jörg, une des signatures de Jan Alston, n’a jamais eu sa chance après votre arrivée. Plusieurs anciens joueurs sont partis dans des conditions parfois turbulentes. N’avez-vous pas voulu trop rapidement faire table rase du passé pour marquer votre territoire?

15. Il y a 500 fans de moins dans la Vaudoise aréna aujourd’hui (5949) qu’il n’y avait dans Malley 2.0, la patinoire provisoire, lors de la saison 2018-2019 (6498). À titre de comparaison, Fribourg n’est pas confronté au même problème, malgré la pandémie. Pourquoi les Vaudois désertent-ils votre patinoire? Ce désamour est-il lié à la nouvelle politique du club?

16. Aujourd’hui, qui sont les joueurs du Lausanne HC auxquels les fans peuvent s’identifier?

17. Joel Genazzi, qui est au club depuis la promotion, a récemment souhaité s’en aller. Vous-même, vous avez essayé de l’échanger avant de le signer pour trois nouvelles saisons. Comment expliquer ces revirements?

18. La situation n’est pas mouvementée que sur la glace. Le départ fin août du CEO Alexandre Aellig en a surpris plus d’un. Ce dernier est le bras droit du co-propriétaire Zdenek Bakala. Ce dernier est-il toujours aussi investi dans le projet du Lausanne HC?

19. Et Gregory Finger, le troisième co-propriétaire? Présent à de nombreux matches, sera-t-il lassé par les résultats actuels de son club?

20. D’anciens employés (Ville Peltonen, Craig MacTavish ou Kevin Ryan notamment) vous réclament de l’argent devant la justice. Ces procédures judiciaires sont encore ouvertes. Où en est-on aujourd’hui?

21. Quelle est la situation financière du Lausanne HC?

22. Si la justice ne vous donne pas raison, ce bilan comptable serait-il menacé par les sommes à verser à vos anciens employés?

23. Aujourd’hui, pouvez-vous rassurer les fans qui aiment ce club? L’engagement des propriétaires est-il toujours aussi enthousiaste, malgré la situation sportive, sanitaire et financière?

24. Où voyez-vous le LHC dans deux ans?

Il n'y a probablement pas que Blick qui se pose ces différentes questions. Il y a fort à parier que les fans de la formation vaudoise sont inquiets pour leur club et ne demandent qu'à être rassurés. N'ayant pas eu l'occasion de le rencontrer pour lui parler de vive voix, cette liste de questions sera envoyée à Petr Svoboda par l'intermédiaire du service de communication du club. En cas de réponses de la part du co-propriétaire, elles feront bien entendu l'objet d'une suite, ici même.

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