Un entraîneur comblé
«Je me suis presque excusé d'avoir gagné»

En battant Zoug, Genève-Servette s'est qualifié pour la finale du championnat face à Bienne. Jan Cadieux est revenu sur ses premiers play-off en tant que coach des Aigles. Interview.
Publié: 09.04.2023 à 08:08 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Quelle est ton émotion après cette qualification pour la finale?
Beaucoup de fierté pour mes joueurs et pour le club. Je suis vraiment fier pour les joueurs et pour tout ce qu'ils ont accompli depuis une année. Si je repense, il y a une année en arrière, le 19 avril, on a recommencé les entraînements d'été. Et aujourd'hui, on se retrouve en finale. Il faut être fier du travail qui a été accompli et du chemin parcouru. Mais à la fin, ça ne veut pas dire grand-chose parce que l'objectif est plus loin. La finale est atteinte, c'est fait. On va en profiter pour quelques minutes encore et ensuite, on va se concentrer sur la dernière étape.

Ce cinquième match, même si vous étiez menés, on a l'impression que rien ne pouvait vous arriver. C'est lié à la confiance qui anime ton groupe?
Oui, je le pense. On a été confiants. On n'a jamais paniqué, même si lors du deuxième tiers, on aurait dû marquer les 2-0 et peut-être même le 3-0 beaucoup plus vite et plier l'affaire. Je pense que c'est un peu l'histoire de la série aussi. Si on regarde le troisième match, c'était la même chose. Mais à la fin, on a travaillé fort et on croyait en nous. On a dit aux gars sur le banc de ne jamais paniquer. À la fin du deuxième tiers, le message était simple. On leur a dit que l'on est capable de le faire et on va le faire. C'est juste qu'il faut rester tranquille et continuer à jouer notre jeu

On peut dire que Genève est favori d'une finale pour la première fois de l'histoire?
Mais les pronostics, ce ne sont pas mes affaires. Je pense que vous faites tous très bien vos devoirs. C'est vous qui allez vous amuser dans les prochains jours à déterminer qui est le favori. Ce n'est pas à moi de le faire (rires). Je pense que j'ai déjà assez de travail. Mais pour une fois, je le lirai les journaux pour voir ce que vous allez dire.

Jan Cadieux a mené son équipe à la finale.
Photo: keystone-sda.ch

Tu vas vraiment lire les journaux?
Non, ce n'est pas vrai (rires).


Le premier titre romand depuis 40 ans, ça t'inspire quoi?
Je suis content pour les fans de hockey. Même si j'adorais cette branche à l'école, la géographie m'importe peu. La seule chose que je veux, c'est que nous gagnions. La provenance de notre adversaire, ce n'est pas quelque chose qui me préoccupe. Je pense que si l'on regarde la saison dans son ensemble, ce sont les deux équipes qui ont été devant durant tout le long. On a fini avec le même nombre de points. C'est pour ça que vous allez vous amuser aussi à établir vos pronostics (rires). Ce sont deux très bonnes équipes et ça va être fun à suivre. Et espérons que le hockey va en sortir grandi et que cette finale sera une super publicité pour la Ligue aussi.

On commence à sentir un parfum d'histoire avec cette finale et un potentiel premier titre?
C'est ce qu'on essaie de chasser depuis le premier jour de cette saison. Nous essayons d'écrire l'histoire et de laisser un héritage pour les personnes qui seront là après nous. C'est L'objectif ultime. Malheureusement, j'ai déjà perdu trois finales avec Genève. On va tout faire pour que celle-ci soit la bonne.

Les joueurs vont aborder cette finale en étant frais. Et le coach, il vit ça comment?
Chaque jour est une nouvelle expérience pour un jeune entraîneur comme moi. Tout est nouveau. C'est un apprentissage pour moi aussi. Mais de l'énergie, j'en ai assez. Les vacances, il y en aura après la saison. De toute façon, je suis toujours heureux quand je passe là porte de la patinoire. C'est la maison ici. Et je le dis sans manquer de respect à ma femme (rires). Elle le sait très bien. On en rigole ensemble. Je sais que maintenant, il reste trois semaines de travail. On aura ensuite le temps de se changer les idées.

Qu'est-ce qui est nouveau pour toi dans ces play-off?
Durant la première série, j'ai appris à gérer mes émotions d'une manière différente que la saison dernière. Contre Zoug, l'apprentissage était plus sur le plan tactique. Surtout que de l'autre côté, il y avait quand même le maître. Dan Tangnes a fait un travail incroyable depuis quatre ans avec Zoug. Sur la glace, je me suis presque excusé de l'avoir battu, parce que j'ai énormément de respect pour tout ce qu'il a réalisé. Je suis très heureux, mais tout le mérite revient aux joueurs.

Si Dan Tangnes est le maître, tu es quoi?
Un jeune entraîneur. Je me vois comme un élève. J'apprends tous les jours. Si un jour je n'ai plus envie d'avancer, j'espère que j'aurai le courage d'arrêter de moi-même. Je vais profiter de chaque moment de cette finale et tout donner pour quelle qu'elle soit belle.

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