Božo Vrećo a enchanté Paléo
«La musique n'a pas de genre, elle est au-dessus de ça!»

L'artiste bosniaque non-binaire a surpris le dôme du Village du monde, en chantant la sevdalinka, musique traditionnelle de Bosnie. Blick l'a rencontré juste avant son concert. Iel nous parle de son art et balaie les critiques d'un revers de main poétique.
Publié: 25.07.2024 à 17:02 heures
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Dernière mise à jour: 25.07.2024 à 17:08 heures
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Mercredi, j'arrive à Paléo dégoulinante, vaguement agacée, comme une Genevoise qui râle à cause du monde dans le train, du monde à l'entrée, du monde entier. Je traverse le site du festival en courant, raccourcissant inexorablement le nombre d'années qui me séparent d'une crise cardiaque.

Et là, sans rire, je rencontre la progéniture d'un jour de soleil à la plage et d'un cocktail multivitamines, version humaine. Božo Vrećo, artiste bosniaque non-binaire, a beau avoir été retardé.e à l'aéroport, son sourire orné de rouge à lèvres fuchsia n'en laisse rien paraître. 

Quelques heures après notre rencontre, iel enchante le dôme du Village du monde de ses mélodies. Božo Vrećo chante la sevdalinka, musique traditionnelle typique de Bosnie, qui raconte l'amour, la passion, des figures de beauté et d'héroïsme.

Božo Vrećo manie la poésie dans ses chansons comme en interview, où il nous confie vouloir simplement être «une bonne personne».
Photo: © Paléo / Anne Colliard

La mélancolie des rythmes est comparée au fado portugais. Comme le rapporte un site dédié à ce genre populaire, la sevdalinka est parfois considérée comme un registre «féminin». Paradoxalement, c'est aussi «la musique que chante papa quand il pleure». Božo Vrećo nous a raconté son art avec ses mots. Et s'est confié.e sur son combat pour dépasser les questions de genre.

Božo Vrećo, pouvez-vous décrire la sevdalinka pour un public novice?
C'est une catharsis émotionnelle. C'est aussi la liberté, et un art non genré. La musique est bien plus sage et bien au-dessus de ces questions. On exprime cette liberté à travers la sevdalinka.

Les gens vous adorent en Bosnie, est-ce que ça a toujours été le cas? Votre non-binarité a-t-elle été critiquée?
Les gens aiment le courage, la bravoure et la liberté. Lorsque vous êtes libre, vous l'exprimez à travers la musique. Le public ressent et s'imprègne de cette liberté depuis la musique, elle les touche. 

Tenues, maquillage, talent: Božo Vrećo ne fait qu'un.e avec son public.

Avez-vous déjà joué en Suisse?
Oui, je joue chaque année à Zurich, à Berne. J'ai aussi donné un concert à Genève. À chaque fois, je me réjouis de revenir. 

Trouvez-vous le public suisse tolérant?
Si vous répandez l'amour, l'amour vous reviendra. Tout l'amour. Il y a une symbiose, une synchronisation lors d'un concert entre les musiciens et musiciennes, les chanteurs et chanteuses, et l'audience. Nous devenons un seul organisme. Nous vibrons au son des mêmes mélodies. Nous ne sommes qu'un.

Connaissez-vous Nemo, l'artiste non-binaire qui a gagné l'Eurovision cette année pour la Suisse?
Oui, je connais sa chanson! 

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Iel est critiqué ici par un parti conservateur, qui l'a notamment comparé à un terroriste. Avez-vous vécu des attaques similaires?
Toutes ces mauvaises influences ne sont pas notre audience, ce ne sont pas des gens pour nous. Il faut léviter au-dessus de tout cela. Notre mission, c'est de devenir cette lumière, de créer et de répandre la lumière, l'amour et la musique. C'est un chemin plein de sacrifices et de dualités. Nous, les êtres humains, sommes des créatures duales. Si je me demande ce que je suis, ou ce que j'aimerais être, la réponse est simplement: une bonne personne.

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