Deux expertes valident l'expérience
J'ai essayé de lire une heure par jour et mon stress a disparu

La lecture régulière fait partie des outils pour diminuer le stress. Afin d’en tester les bienfaits, on s’est fixé l’objectif de lire une heure chaque jour, pendant une semaine. On vous raconte nos impressions, appuyées par l’analyse de deux expertes.
Publié: 17.01.2024 à 18:13 heures
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Dernière mise à jour: 18.01.2024 à 11:16 heures
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Ne me demandez pas de méditer, j’en suis physiquement incapable. Alors qu’elles sont supposées ronronner à l’arrière-plan, mes pensées préfèrent frétiller et bondir comme des popcorns dans une casserole. Mais puisqu’il fallait bien choisir une résolution anti-stress pour démarrer l’année 2024, j’ai quand même étudié la question. 

Car ce fléau moderne harponne la société tout entière: notre récent sondage démontrait en effet que 70% de la population romande souffre de stress professionnel, avec un impact négatif sur la qualité du sommeil et du temps libre. Mais comment le déraciner, quand l’idée de m’asseoir en tailleur pour méditer me fait détaler comme un lapin? Heureusement, la science a identifié d’autres solutions possibles, dont (roulement de tambour) la lecture! Une célèbre étude réalisée en 2009 par l’Université de Sussex, citée par «The Telegraph», prétend notamment que 6 minutes de lecture par jour permettent de réduire le niveau de stress de 68%.

J’avoue que cet objectif me semblait un brin modeste (je suis Bélier ascendant Bélier, j’aime les défis). Alors, motivée par la perspective de vivre comme une Booktokeuse, je me suis promis de lire une heure par jour pendant une semaine complète. 

Une célèbre étude réalisée en 2009 par l’Université de Sussex prétend notamment que 6 minutes de lecture par jour permettent de réduire le niveau de stress de 68%.
Photo: DR

Un bouclier contre l’anxiété

Autre source de motivation: l’enthousiasme des spécialistes! Pour Tiffany Baer, psychologue FSP et coach en développement personnel, la lecture peut contribuer à réduire l’anxiété de plusieurs façons: «Elle permet de se focaliser sur le monde imaginaire et offre au cerveau la possibilité de se canaliser sur une seule activité à la fois. Cette concentration ralentit le flot incessant de pensées, car nous sommes absorbés par l’ouvrage.» 

Bien que les effets de lecture ne soient pas identiques à ceux de la méditation, Diana Felli, psychothérapeute FSP, confirme que cette activité permet de se divertir, tout en créant une prise de distance avec des pensées ou des ressentis anxiogènes: «Elle se distingue de la pleine conscience à proprement parler, mais les deux pratiques peuvent, chacune à sa manière, offrir un espace de bien-être et un apaisement, face à des réactions anxieuses.»

Sans oublier que la détente est plus complète que celle qu’on obtient en regardant un film ou une série, par exemple: «Un contenu audiovisuel stimule plusieurs canaux (visuel et auditif), ce qui laisse le cerveau reprendre son hyperactivité et sa distraction mentale habituelle», pointe Tiffany Baer. 

Stimulation excessive et manque de focus

Cette fameuse distraction s’est évidemment présentée dès le tout premier jour du défi. Si mon enfance se résumait à des journées entières de lecture, j’ai désormais un travail à plein temps, une vie sociale, un chat hyperactif et une pile de linge à repasser. J'adore ça, mais je n'ai plus le temps! Autre obstacle conséquent: mon smartphone me fait les yeux doux dès que j’ouvre le second volet de «Legends & Lattes» un roman de fantasy signé Travis Baldee et vénéré sur TikTok (où il rassemble 2,6 millions d’occurrences). 

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Après quinze minutes seulement, mon flow vole en éclats, si bien que je dois recommencer plusieurs fois le même paragraphe. Pour m’empêcher de désespérer, je me dis que ce n’est pas entièrement ma faute: Tiffany Baer rappelle que notre société moderne est épuisante pour le cerveau, sans cesse sollicité par toutes sortes de stimuli différents. «Beaucoup de mes clients me demandent s’ils ne souffrent pas d’un trouble de la concentration, car ils se sentent incapables de calmer leur esprit, partage-t-elle. Or, dans la majorité des cas, il ne s’agit pas d’un trouble réel, mais d’un problème de sur-stimulation.» 

Comment retrouver sa concentration?

Je remarque en effet que mes pensées et mon rythme cardiaque accélèrent dès que je referme le bouquin pour consulter mon écran, comme si tous les bienfaits de la lecture s’envolaient d’un coup. Impossible de tenir 60 minutes sans me laisser happer par une notification. Mais apparemment, ça s’apprend! 

Pour retrouver la capacité à rester concentré sur le texte, Tiffany Baer conseille une petite méditation de 5 à 10 minutes, afin de revenir à l’essentiel et entraîner sa capacité à se détacher des pensées intrusives: «Ainsi, on réapprend à faire ce qu’on a vraiment envie de faire, sans se laisser happer par les reels Instagram ou les vidéos TikTok. Le calme attire le calme, et on aura naturellement plus envie de cultiver des activités ressourçantes, dont la lecture.» Décidément, je ne vais pas échapper à la position du lotus… 

L’habitude de rester plongé dans un livre s’appuie en effet sur les mêmes principes que la pleine conscience: «Les différentes pratiques méditatives constituent des formes de 'gymnastique de l’attention', dans le sens où elles facilitent l’apprentissage de la focalisation sélective sur l’un ou l’autre de nos sens, souligne Diana Felli. Dans notre quotidien moderne, nous fonctionnons bien souvent en mode 'pilote automatique', qui implique la rumination du passé ou l’anticipation anxieuse du futur. La méditation nous permet ainsi de s’ancrer dans le présent, à ce qui se déroule ici et maintenant», souligne-t-elle. 

Comment trouver le temps de lire?

Il m’a donc fallu trois jours pour retrouver un flux de lecture long et ininterrompu, ce qui constitue un petit miracle. Le temps semble plus long, plus malléable, et je m’endors beaucoup plus vite que d’habitude. Mes rêves sont vifs et mouvementés, mais impossible d’accuser le roman en cours, peuplé de fées et de cinnamon rolls. Peut-être que j’ai simplement bu trop de thé, pendant la lecture! 

Au bout du troisième jour, j’ai dévoré la moitié du roman et me réjouis déjà d’ouvrir le prochain. Or, force est de constater que ce défi me demande certains sacrifices: pour atteindre un total de 60 minutes par jour, je dois renoncer à récolter des carottes dans «Dreamlight Valley» ou à me réfugier dans un épisode de «Gilmore Girls». Au début, j’avoue que cela me demandait un certain effort… mais je suis désormais en passe de redevenir une accro à la lecture!

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Si vous nourrissez la même ambition que moi, sachez qu'il existe des stratégies permettant d’intégrer facilement cette pratique à nos journées: «Pour les plus réfractaires à la lecture, une méthode efficace serait de se fixer un rendez-vous de lecture avec soi-même, comme on le ferait avec un cours de sport, par exemple, propose Tiffany Baer. On peut commencer par se dire qu’on lira pendant 20 minutes, plutôt que de fixer une heure entière. Et pourquoi ne pas se balader avec un livre, afin de pouvoir le sortir à chaque occasion, plutôt que de céder au réflexe de saisir son téléphone!»

Lire dans le métro, au réveil et en rentrant du travail (avant de prendre une douche ou de me mettre aux fourneaux) peuvent aussi créer plus d’espace dans l'esprit. J’utilise ainsi la lecture comme une sorte de transition apaisante entre les différentes parties de ma journée. Verdict: c’est beaucoup moins ennuyeux que la méditation. Et, surtout, j’ai l’impression d’avoir renoué avec la petite lectrice passionnée que j’étais. La semaine prochaine, je me mets à ACOTAR.

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