«Ghosting», «love bombing»
Parlez-vous le nouveau vocabulaire de nos relations?

Tout un tas d’anglicismes s’incrustent peu à peu pour décrire la complexité des relations sexuelles, affectives et/ou amoureuses. Voici un petit lexique pour s’y retrouver.
Publié: 26.10.2023 à 19:42 heures
|
Dernière mise à jour: 27.10.2023 à 09:01 heures
image00003.jpeg
Margaux BaralonJournaliste Blick

«Pfff, quelle horreur, je viens de me faire ghoster par ce mec! Après son love bombing, j’aurais dû me douter que quelque chose n’allait pas.» Vous n’avez rien compris? Pas de panique. Ce ne sont que quelques exemples de la novlangue qui sert aujourd’hui à décrire toute la complexité des relations et l’infinité d’attitudes que peut adopter un partenaire vis-à-vis d’un autre.

Ces anglicismes sont-ils nés avec une nouvelle façon de se comporter? Les réseaux sociaux, les applications de rencontre et la connexion permanente ont-ils encouragé certaines pratiques au sein du couple? On peut aussi partir du principe que cela a toujours existé mais que les mots manquaient pour décrire des attitudes vieilles comme l’amour, ou presque. Pour rester à la page, et peut-être mettre le doigt sur ce qui nous gêne dans une relation, voici un petit dictionnaire de ce nouveau vocabulaire.

Le ghosting, ou l’art de ne plus donner de nouvelles

Commençons par le plus simple: le «ghosting», ou «ghoster» quelqu’un, qui vient de l’anglais «ghost» signifiant «fantôme», désigne tout simplement le fait de ne plus répondre aux messages et aux appels du jour au lendemain. Faire le mort, jusqu’à ce que l’autre s’avoue vaincu et ne tente plus d’entrer en contact. Autrement dit, une rupture qui ne dit pas son nom. Le «ghosting» est indéniablement la marque des lâches qui n’osent pas affronter la déception, la douleur ou la colère de la personne qu’ils s’apprêtent à laisser. Et il a été encouragé notamment par les applications de rencontre à la Tinder, sur lesquelles il est très facile de laisser quelqu’un sans nouvelles.

De nombreux anglicismes servent aujourd’hui à décrire certaines relations et attitudes que peut adopter un partenaire vis-à-vis d’un autre.
Photo: Shutterstock

De là à estimer que les réseaux sociaux et la modernité ont engendré le ghosting, il y a un pas difficile à franchir. Après tout, il était encore plus facile de disparaître du paysage quand personne n’avait ni téléphone portable ni profil sur les réseaux sociaux.

Le zombieing, quand les fantômes refont surface

Certains font les morts, d’autres font… les zombies. Ce qu’on appelle le zombieing dans la novlangue de l’amour, c’est le fait de ghoster quelqu’un, donc de disparaître, puis de réapparaître, à la manière d’un mort-vivant. Dans ce cas-là, celui ou celle dont vous n’aviez plus de nouvelles depuis des mois se fend généralement d’un petit message innocent pour prendre des nouvelles.

Un zombieing bien fait intervient généralement pile au moment où vous avez enfin réussi à passer à autre chose. Et témoigne d’une nouvelle forme de toxicité dans les relations.

Le love bombing, trop c’est trop

L’objet de votre affection vous envoie douze messages au réveil puis trois au petit-déjeuner, avant de vous abreuver de déclarations d’amour au goûter, et ce alors que vous vous êtes rencontrés la veille? On n’est pas loin du love bombing, littéralement le «bombardement d’amour». Cela peut paraître tout à fait charmant au premier abord, comme l’explique le psychiatre américain Dale Archer, le premier à avoir lié le love bombing à une attitude abusive dans une relation affectueuse ou amoureuse… jusqu’à ce que tout s’arrête. Celui ou celle qui vous promettait monts et merveilles la veille n’est désormais que froideur et agressivité, ou est passé directement à l’étape du ghosting.

Pour la personne qui a reçu toutes ces preuves d’attachement, c’est d’autant plus douloureux qu’elle a généralement eu le temps de croire à la réalité de l’amour. C’est exactement le mécanisme décrit dans la série documentaire Netflix «L’Arnaqueur de Tinder», qui avait fait beaucoup parler en 2022. Un homme avait réussi à soutirer de grosses sommes d’argent à plusieurs femmes rencontrées sur l’application de rencontre. Après les avoir séduites à coups de dîners gastronomiques, de nuits dans des palaces, de cadeaux hors de prix et de promesses de mariage, il leur demandait de lui prêter de l’argent.

À l’époque, des réactions très négatives vis-à-vis des victimes de cet escroc avaient émergé sur Internet. Désormais, vous saurez que ces jeunes femmes ont été abusées par la pratique du love bombing.

Le R-bombing pour «laisser en vu»

Qui n’a jamais intensément fixé son dernier message envoyé à l’être aimé en espérant une réponse qui ne venait pas? Si chaque fois que vous écrivez, vous n’avez aucune réponse dans un délai raisonnable, alors vous subissez peut-être du R-bombing. Ce terme désigne le fait de voir les messages mais de n’y répondre que très tard. Alors que nombre d’applications, de Messenger à WhatsApp en passant par Instagram, indiquent lorsqu’un message a été lu, l’absence de réponse devient plus cruelle encore.

Attention, ne sombrez pas dans la paranoïa non plus. Les gens ont le droit d’être occupés à l’instant où ils vous lisent et de répondre plus tard. Cette attitude devient problématique lorsqu’elle est systématique et, surtout, prise pour acquise: vous ne recevez jamais aucune excuse pour le délai de réponse, ni aucune explication.

Le micro cheating, qui joue sur le flou

La définition de la tromperie est déjà sujette à débat (à partir de quand exactement franchit-on la ligne rouge?) et diffère selon les couples, voire selon les membres d’un même couple. Le micro cheating, littéralement «micro-tromperie», englobe toutes les attitudes qui placent l’autre en insécurité. Cela peut être le fait d’ajouter des inconnus sur les réseaux pour aller leur parler, de donner son numéro de téléphone à quelqu’un, ou de s’inscrire sur les applications de rencontre alors qu’on est en couple.

Bref, «une série d’actions qui semblent insignifiantes, mais qui indiquent qu’une personne est émotionnellement ou physiquement concentrée sur quelqu’un d’autre que son ou sa partenaire», selon Melanie Schilling, une coach conjugale australienne interrogée par le «Huffington Post».

Toute la difficulté est alors de tracer la limite entre une jalousie mal placée et un comportement déloyal. Et cette limite dépend en réalité de chaque individu: certains n’auront aucun mal à voir leur partenaire «liker» les photos dénudées de gens sur Instagram, tandis que d’autres ne pourront pas le supporter. En revanche, la preuve de la fiabilité de son partenaire réside sûrement dans sa capacité à prendre en compte les insécurités de l’autre. Autrement dit, si le micro cheating ne cesse pas alors que vous en avez déjà parlé, peut-être faut-il se poser des questions sur la viabilité de la relation.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la