Les ovaires vieillissent 20% moins vite
Des chercheurs planchent sur un médicament permettant de retarder la ménopause

La rapamycine, une algue venue de l’île de Pâques, est actuellement testée par des chercheurs américains pour tenter de ralentir le vieillissement des ovaires, donc la ménopause. Et les premiers résultats sont très encourageants.
Publié: 07.08.2024 à 18:54 heures
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Margaux BaralonJournaliste Blick

L’île de Pâque est mondialement connue pour ses impressionnantes statues de pierre, découvertes par les Européens au XVIIIe siècle. Mais ces terres polynésiennes ont révélé un autre secret, tout aussi impressionnant, au milieu des années 1960: celui de la rapamycine.

Cette substance, produite par une bactérie, a rapidement été utilisée comme antibiotique, puis pour faciliter les greffes, en raison de ses propriétés immunosuppressives – c’est-à-dire qu’elle peut inhiber le système immunitaire, souvent responsable du rejet d’un greffon. Mais les scientifiques qui se penchent sur son cas découvrent aussi en 2009 qu’elle peut… allonger la durée de vie des mammifères.

C’est en se basant sur ces observations que des chercheurs américains ont mené une nouvelle étude, dont les premiers résultats viennent d’être publiés. Si la rapamycine peut ralentir le vieillissement des souris, peut-elle faire la même chose sur certains organes? Et plus précisément les ovaires, afin de retarder la ménopause? La réponse semble être oui.

D'après les premiers résultats d'une étude américaine baptisée Vibrant, le traitement montre un vieillissement des ovaires diminué de 20%. Un espoir pour les femmes qui souhaitent tomber enceintes et rencontrent des problèmes de fertilité liés à l'âge.
Photo: Shutterstock

Les ovaires vieillissent 20% moins vite

Pour l’instant, l’étude baptisée Vibrant s’est concentrée sur 34 femmes – elles seront plus de 1000 à la fin – de 35 ans ou moins. Les premiers résultats montrent un vieillissement des ovaires diminué de 20%, selon ce que Yousin Suh, professeure à l’université de Columbia, a révélé au magazine britannique «The Guardian».

Mais surtout, et c’est tout aussi important, sans expérimenter l’un des 44 effets secondaires de la rapamycine, qui vont des maux de tête à la nausée, en passant par la hausse des risques d’infection. «Ces résultats sont très excitants, confie Yousin Suh. Cela signifie que les femmes ayant des problèmes de fertilité liés à l’âge ont désormais un espoir, qu’elles n’avaient pas avant.»

Alors comment cela fonctionne-t-il? Chez les femmes, les ovaires produisent en moyenne 50 œufs par mois. L’injection d’une petite dose hebdomadaire de rapamycine permet de réduire la production à 15 par mois, et donc de ralentir le vieillissement de l’ovaire. Bien doser est primordial: moins de substance n’aurait pas d’effet, plus arrêterait complètement le fonctionnement des ovaires. Au total, les chercheurs estiment que la rapamycine pourrait prolonger la fertilité des femmes de cinq ans.

Un espoir pour de nombreuses femmes

«Ces premiers résultats signifient que la voie est libre pour atteindre notre objectif: utiliser la rapamycine pour allonger la durée de vie de l’ovaire et retarder la ménopause», se félicite Yousin Suh, qui souligne également d’autres bénéfices de la molécule, susceptible «d’améliorer la santé et la qualité de vie» des femmes. En effet, les participantes à l’étude ont déclaré voir des améliorations dans la qualité de leurs cheveux et leur peau, mais aussi de leur mémoire et de leur forme physique.

C’est de fait un véritable espoir pour certaines femmes, confrontées à un double mouvement contradictoire: d’un côté, les changements de modes de vie – on se met moins souvent en couple, et plus tardivement – et de façons de travailler – les femmes travaillent plus et aspirent à une carrière – retardent l’arrivée du premier enfant. De l’autre, l’âge du déclin de la fertilité, vers 35 ans, et celui de la ménopause, autour de 51 ans, n’a jamais bougé. Les Suissesses, par exemple, accouchent pour la première fois en moyenne à 31,2 ans, ce qui les classe parmi les mères les plus âgées d’Europe.

«La fenêtre reproductive est étroite, ce qui ajoute une pression socio-économique sur les femmes», résument les auteurs de la recherche Vibrant. Reste désormais encore deux années d’étude, puis un élargissement significatif du nombre de femmes testées, pour valider leurs résultats et, peut-être, parvenir à relâcher quelque peu cette pression.

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