Mais il est possible d'y remédier!
L'anxiété peut augmenter nos risques de souffrir de démence

D'après une nouvelle étude australienne dont on se serait volontiers passés, les personnes présentant un trouble anxieux ont plus de chances de développer la démence, en vieillissant. Heureusement, on peut y remédier!
Publié: 21.08.2024 à 20:01 heures
Ellen de Meester

Comme si l'anxiété en elle-même n'était pas suffisamment pénible, voilà qu'une toute nouvelle étude parue fin juillet 2024 vient remuer le couteau dans la plaie! Parue dans le «Journal of the American Geriatrics Society» et réalisée par l'Université australienne de Newcastle, elle démontre que les personnes concernées par un trouble anxieux ont plus de risques de développer la démence, en vieillissant. 

Ce résultat a été obtenu en mesurant les niveaux d'anxiété de plus de 2130 personnes âgées de 76 ans en moyenne, sur une période de dix ans au total. Les individus ayant rapporté de l'anxiété durant chacune des deux mesures et présentant donc une anxiété chronique avaient 2,8 fois plus de risque de souffrir de démence. En revanche, les personnes ayant décrit de récentes poussées d'anxiété, uniquement lors de la seconde mesure, présentaient 3,2 fois plus de risque. 

«L'anxiété, qu'elle soit chronique ou nouvellement développée, est associée à un risque accru de démence, particulièrement chez les individus âgés de moins de 70 ans», résument les auteurs de l'étude. Notons toutefois que leur publication comprend certaines limites, puisqu'elle est basée sur l'analyse des quatre semaines précédant chaque mesure. Les informations concernant les périodes plus lointaines ne sont donc pas prises en compte. 

«L'anxiété, qu'elle soit chronique ou nouvellement développée, est associée à un risque accru de démence, particulièrement chez les individus âgés de moins de 70 ans», résument les auteurs de l'étude.
Photo: Shutterstock

Les effets de l'anxiété sur le corps

Ainsi que le précise la recherche, une anxiété occasionnelle est totalement normale, et même nécessaire pour réagir au stress ou à la peur. C'est lorsqu'elle ne s'évanouit pas et s'installe dans la durée qu'elle peut semer le chaos dans l'organisme, à long terme: en devenant chronique, ce trouble peut malheureusement être associé à des problèmes cardiovasculaires et une atrophie neuronale, qui sont, d'après l'étude, des facteurs de risque bien connus de la démence.

«En bref, tout ce qui est mauvais pour le cœur est mauvais pour le cerveau, explique le Dr. Gregory Bix, directeur du Centre de recherche clinique en neurosciences de la Nouvelle-Orléans, auprès du Huffington Post. Par exemple, quand une hypertension n'est pas traitée sur une longue période, elle peut impacter le cerveau et mener, plus tard, à un déclin cognitif ou la démence.» 

L'expert pointe en outre que les personnes anxieuses ont plus de mal à appliquer un mode de vie sain, comprenant de l'exercice physique et une alimentation équilibrée, ce qui peut également favoriser la démence. 

On peut y remédier!

Alors qu'une personne sur cinq se sent fréquemment anxieuse, en Suisse, ce type de recherche peut constituer une grande source d'inquiétude et créer un cercle vicieux extrêmement frustrant. En effet, plus on angoisse, plus on a de risques... et plus on a de risques, plus on angoisse!

Pas de panique, toutefois, puisqu'il existe une manière de remédier à ce phénomène, selon les auteurs de l'étude: «Le fait de résoudre la source de l'anxiété peut réduire le risque de démence et l'abaisser au même niveau que celui des personnes non-anxieuses. Ces résultats démontrent qu'une gestion efficace de l'anxiété peut représenter une bonne stratégie dans la réduction du risque de démence.» 

Et il est utile de s'y mettre dès que possible, même si l'âge de la démence semble encore bien lointain: une étude publiée en 2011 suggère que les épisodes dépressifs survenant durant la trentaine, la quarantaine ou la cinquantaine augmentent également les risques. Il subsiste néanmoins un débat auprès des spécialistes, ainsi que le souligne le «New York Times»

Comment réduire l'anxiété?

Voilà qui nous fait une belle jambe, sachant que les troubles anxieux sont plutôt complexes à apaiser, surtout lors de certaines périodes mouvementées de la vie. Or, c'est tout à fait possible, grâce à certaines stratégies! 

Si vous souffrez d'anxiété chronique et qu'elle impacte votre quotidien, la première chose à faire est de vous tourner vers un ou une thérapeute, qui vous aidera à mieux gérer ce phénomène, pour calmer le flux effréné de vos pensées.

Ensuite, parmi les outils à dégainer dans l'immédiat, lors d'un pic d'angoisse, il est possible de s'interrompre consciemment pour prendre un pas de recul, en se focalisant sur autre chose. La respiration consciente, ou certains exercices de méditation peuvent être très efficaces et sont proposés sur diverses applications, dont Headspace, Calm ou encore Petit Bambou et Respirelax. Le plus important est de les pratiquer régulièrement, même durant les périodes plus sereines. 

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Ainsi que le conseille le Dr. Judson A. Brewer, directeur de recherche et d'innovation au centre de Mindfulness de l'Université Brown, on peut aussi simplement se concentrer sur nos pieds: «Vous pouvez le faire debout ou assis, avec vos pieds posés au sol, explique-t-il auprès du 'New York Times'. Comment les sentez-vous? Froids, chauds, secs..? Bougez vos orteils, sentez les plantes de vos pieds, vos talons qui rejoignent vos chaussures et le sol... C'est une manière différente de vous ancrer. L'anxiété tend à se concentrer dans la poitrine et la gorge, mais vos pieds sont plus éloignés de ces zones.» 

Une autre manière de se recentrer est de bouger votre corps: «Si vous vous donnez trois minutes pour bouger d'une manière agréable, ça fonctionne bien, se réjouit la psychologue Kelly McGonigal, toujours au média américain. Choisissez une musique qui vous inspire et, à chaque fois que vous contractez vos muscles et sentez votre rythme cardiaque s'accélérer, vous sentirez un boost de dopamine.» 

Le temps passé dans la nature, les pratiques de pleine conscience comme le journaling, l'activité physique et un sommeil suffisant sont également des habitudes pouvant lutter contre l'anxiété. Dans tous les cas, il existe un arsenal de solutions pour apaiser ces émotions désagréables au maximum et protéger notre santé. 

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