Retour sur la Lune... ou pas
Dix théories du complot sur l'exploration de la Lune

Le lancement d'Artemis ce lundi marque le début d'une nouvelle phase d'exploration de la Lune. Mais à l'heure où la NASA se tourne à nouveau vers le satellite de la Terre, les théories du complot qui avaient fait surface en 1969 ont la peau dure.
Publié: 29.08.2022 à 12:49 heures
Glutz Valérie Nadine

Ce lundi 29 août, la NASA lance la première phase de son programme Artemis. Une capsule inhabitée, Orion, va se placer en orbite lunaire. Si tout se déroule bien, cette première mission ouvrira la voie aux prochaines phases du programme Artemis: envoyer à nouveau des astronautes sur la Lune. Mais si pour certains la première exploration de 1969 ne fait aucun doute, d'autres sont persuadés que l'histoire a été montée de toutes pièces et sont sûrs que les images de l'époque ont été prises en studio. Voici les dix principales théories du complot qui persistent.

1. Le drapeau flottant

Le drapeau américain flottant est l'exemple le plus clair d'un alunissage qui aurait été simulé. Comme il n'y a pas de vent sur la Lune, le drapeau ne devrait pas flotter, critiquent les détracteurs. Toutefois, comme le souligne Ralf Jaumann du Centre allemand pour l'aéronautique et l'aérospatiale (DLR), les mouvements du tissu suspendu à une barre transversale ne sont pas dus à la brise, mais aux secousses du mât du drapeau, par exemple lors de son insertion ou de son orientation. Comme la lune n'a pas d'atmosphère, le vacillement du tissu n'est pas freiné.

2. Des empreintes de pas dans la poussière lunaire

De nombreuses images montrent les traces de pas des astronautes dans la poussière lunaire. Mais comment la poussière sèche peut-elle garder sa forme? Urs Mall, de l'Institut Max-Planck pour la recherche sur le système solaire, explique la bonne liaison avant tout par la consistance de la poussière lunaire extrêmement fine. Ses éléments constitutifs n'ont jamais été abrasés par le vent ou l'eau. Ceux-ci sont restés anguleux et adhèrent donc particulièrement bien les uns aux autres.

Le 16 juillet 1969, la mission Apollo 11 a pris son envol vers la lune - le 21 juillet (heure suisse), le premier homme a marché sur la lune.
Photo: keystone-sda.ch
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3. Des sauts trop bas

Les sauts effectués par les astronautes sur la surface lunaire sont trop faibles, objectent les sceptiques. Compte tenu de la faible gravité, — environ un sixième de la gravité terrestre — les spationautes auraient pu sauter à plusieurs mètres de hauteur. Urs Mall attribue cette hauteur surtout aux combinaisons spatiales d'environ 85 kilogrammes et à la mobilité limitée. Ralf Jaumann ajoute que le but des astronautes n'était pas de faire des sauts de grande hauteur. Pour des raisons de sécurité, les spationautes se seraient déplacés en faisant de petits sauts ou des triples pas.

4. Manque de responsabilité du véhicule lunaire

Les astronautes ont parcouru la Lune à bord de véhicules. Compte tenu de la faible force de gravité, les rovers auraient dû glisser hors des virages, estiment les sceptiques. Mais la force centrifuge dépend notamment du rayon et de la vitesse. Selon la NASA, la vitesse maximale des véhicules était d'environ 15 km/h. Cela correspond, pour un sol similaire, à peu près à la force centrifuge qu'aurait une voiture terrestre roulant au même rayon à 37,5 km/h. Il est extrêmement improbable que les astronautes aient négocié les virages à pleine vitesse.

5. Des «décors» récurrents

Les similitudes du paysage lunaire sur différentes images sont considérées comme la preuve que les mêmes décors ont toujours été utilisés en studio. Cependant, les motifs récurrents ne sont pas surprenants, puisque les astronautes ont pris des milliers de photos sous différentes perspectives sur leurs sites d'atterrissage, comme l'explique Urs Mall. Il souligne en outre que les paysages des sites d'atterrissage sont de toute façon très semblables, notamment parce qu'il n'y a pas d'éléments visuels marquants comme sur Terre.

6. Absence de réticules sur les photos

Les lentilles des appareils photo Hasselblad des astronautes contenaient des réticules, c'est-à-dire des lignes gravées permettant par exemple de mieux évaluer les distances. Ces repères semblent disparaître à certains endroits derrière des objets, ce que les critiques interprètent comme un photomontage. En y regardant de plus près, on constate souvent que les lignes sont bien là, mais qu'elles sont à peine visibles sur un fond sombre.

7. Aucune étoile dans le ciel

Sur les images prises par les astronautes, aucune étoile n'est visible dans le ciel, ce qui a provoqué un tollé chez les détracteurs de l'alunissage. Il existe cependant une explication rationnelle. Les astronautes ont posé le pied sur le satellite de la Terre pendant la journée et un jour lunaire dure deux semaines. Sur les images, le contraste entre la surface éclatante de la Lune et le ciel sombre est bien trop fort pour que des petits points peu lumineux soient visibles dans le firmament.

8. L'ombre portée ne correspond pas

Les ombres apparaissant sur les photos ne seraient pas de la bonne taille ou de la bonne forme par rapport à l'objet dont elles émanent. Certains attribuent ces différences aux sources de lumière variées. Selon Urs Mall, la raison en est surtout les irrégularités de la surface lunaire. Les ombres peuvent ainsi apparaître plus longues, plus courtes ou déformées.

9. Absence de cratère d'atterrissage

En dessous des capsules d'atterrissage, on ne voit pas de cratère et peu de poussière. Ce n'est pas étonnant, nous explique Ralf Jaumann : les sites d'atterrissage n'ont pas été abordés à la verticale, mais latéralement. Les propulseurs n'avaient donc pas la force de creuser des cratères dans la roche lunaire solide.

10. Rayonnement mortel

Lors des vols aller et retour, les équipages ont été exposés à un rayonnement accru de particules provenant du soleil, surtout dans la ceinture de Van Allen, un anneau de rayonnement entourant la Terre. Cette exposition aurait pu durer des heures et être mortelle, objectent les critiques. Urs Mall estime à environ une heure la durée de la traversée de la ceinture de Van Allen, l'équipage étant protégé par la coque en aluminium de la capsule spatiale. Selon lui, les astronautes ont certes été exposés à un rayonnement accru, mais la dose était gérable pour l'organisme humain. La NASA aurait établi la trajectoire des missions de manière à éviter les zones de rayonnement les plus intenses.

Pourquoi ces théories sont fausses

L'agence spatiale américaine elle-même ne s'exprime pas sur les théories du complot. Mais elle a publié il y a quelques années des images de la mission «Lunar Reconnaissance Orbiter» (LRO). La sonde spatiale avait transmis à la Terre des images en haute résolution des sites d'atterrissage d'Apollo. Même si celles-ci ne font pas changer d'avis les sceptiques obstinés, les images montrent, outre les instruments abandonnés, les traces des rovers et même des empreintes de pas des astronautes.

De plus, selon Ralf Jaumann et Urs Mall, des milliers de collaborateurs ont participé aux six missions. «Tenir des falsifications secrètes pendant des décennies me semble très difficile», déclare Urs Mall. En outre, une preuve évidente existe bel et bien: les plus de 380kg de roches lunaires que les astronautes ont ramenées sur Terre. Contrairement aux météorites lunaires, découvertes plus tard et qui sont tombées sur la Terre, ces morceaux n'ont pas été altérés par leur voyage à travers l'atmosphère terrestre.


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