Un expert nous donne 3 conseils
Comment réduire votre taux de cortisol, l'hormone du stress

La fameuse hormone du stress est plus complexe que le prétend TikTok, qui l'aborde en long et en large. Un spécialiste nous explique comment réguler le cortisol, afin d'éviter qu'il ne détériore notre santé.
Publié: 21.03.2024 à 17:58 heures
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Dernière mise à jour: 29.07.2024 à 16:16 heures
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

TikTok a trouvé sa nouvelle obsession et il semble que la flamme soit intarissable: depuis plusieurs mois, il n'y en a plus que pour le cortisol. Avec 1,5 milliard de vues, l'hormone du stress bondit sur notre feed et prend l'allure d'une malédiction sournoise. 

«J'ai trouvé la solution pour faire baisser le cortisol», claironnent les influenceurs avec un enthousiasme contagieux. Après cinq ou six vidéos, on se laisse facilement persuader qu'il s'agit d'une grave maladie à guérir au plus vite. Est-ce le cas? Oui et non. Il est vrai que le stress constitue un véritable fléau moderne qui, lorsqu'il s'impose sur le long terme, détériore discrètement la santé physique et mentale: notre sondage réalisé fin 2023 avec l'institut M.I.S Trend révélait notamment que 70% de la population suisse est concernée par le stress chronique. 

En revanche, le cortisol en tant que tel n'est pas un ennemi absolu à vaincre de toute urgence: il s'avère même que cette hormone est très utile pour le bon fonctionnement de notre organisme, tant qu'elle n'est pas sécrétée en quantités trop importantes. Les contenus alarmistes de TikTok doivent donc (comme très souvent) être visionnés avec un brin de recul. 

Parmi les conséquences néfastes du stress chronique, on trouve notamment un risque élevé de maladies cardiovasculaires, une pression artérielle plus haute, une immunité affaiblie ou encore une perte de la densité osseuse.
Photo: Shutterstock
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C'est quoi, le cortisol?

Pour mieux trier les informations éparses voltigeant sur les réseaux sociaux, commençons par déterminer l'origine biologique du cortisol: «L'hormone du stress est libérée par les glandes surrénales, par l'intermédiaire de l’hypothalamus, explique le professeur Ron Stoop, responsable de l'Unité de recherche sur la neurobiologie de l'anxiété et de la peur au CHUV. C'est une région du cerveau abritant de nombreuses hormones responsables de l’anxiété, de la pression sanguine, de la régulation de la température, du sexe ou encore de la faim. Parmi elles, on trouve l'adrenocorticotrophine, une hormone qui active la production de cortisol via les glandes surrénales. Ces dernières sécrètent l’adrénaline d’un côté et le cortisol de l’autre, face à certaines situations de stress.» 

Ainsi, lorsqu’ils sont combinés, l’adrénaline et le cortisol aident le corps à affronter le stress en supprimant l’inflammation et en améliorant la fonction cardiovasculaire: notre cœur bat plus vite, on rougit, on transpire… «Il s’agit d’une réaction en chaîne tout à fait normale dont l’organisme a besoin, précise notre expert. Le stress est donc bénéfique durant certaines situations ponctuelles et peut aussi augmenter notre capacité de mémoire.»

Afin d'illustrer ce phénomène, le professeur Stoop propose l'exemple très emblématique du 11 septembre 2001: «Toutes les personnes ayant vécu cette journée dramatique seront généralement capables de vous dire ce qu’elles faisaient au moment d’apprendre la survenue du drame. Cela vient du fait que l’hippocampe, une région du cerveau essentielle pour la mémoire, est activée par le stress et le cortisol.»

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Quels sont les dangers du stress chronique?

À l'origine, cette réaction naturelle au stress est conçue pour nous encourager à fuir en présence d'un danger imminent, tel qu'un lion affamé ou un mammouth en plein sprint. Or, aujourd'hui, le mécanisme s'active dans des situations bien moins menaçantes, telles qu'une simple réunion, un mail inattendu ou une dispute avec un proche. Bien que nous ne courrions aucun réel danger, notre cerveau est faussement convaincu qu'il est impératif de fuir à toutes jambes ou de se battre, plusieurs fois par jour. 

Lorsque ces pics de tension deviennent trop fréquents, le taux de cortisol peut effectivement rester élevé sur des périodes très étendues et semer le chaos dans notre organisme: «En présence de stress chronique, le corps ne parvient pas à retrouver l’état d’homéostasie, c’est-à-dire qu’il peine à s’apaiser pour retrouver un fonctionnement neutre.» Largement étudié par le chercheur américain Bruce McEwen, considéré comme le ponte du stress, ce phénomène (intitulé l'allostase) se définit par un stress élevé, maintenu sur une longue période, et auquel le corps s’est habitué. Les causes peuvent être diverses, liées à des situations professionnelles ou personnelles stressantes, ou encore à certains types de maladies.

Parmi les conséquences néfastes du stress chronique, le professeur Stoop cite notamment un risque élevé de maladies cardiovasculaires, une pression artérielle plus haute, une immunité affaiblie, une perte de la densité osseuse ou encore la prise de poids: «Pour résumer, tous les bienfaits potentiels de courts pics de stress occasionnels sont inversés», pointe-t-il. Même l'effet activateur de la mémoire, ainsi que notre capacité d'apprentissage, sont paralysées lorsque le stress est trop intense. 

Comment réduire nos taux de cortisol?

Ainsi, bien que le cortisol soit indispensable à la gestion des événements stressants, il est important qu'il ne s'installe pas dans la durée. Pour vous aider à le déloger petit à petit, voici 4 ajustements simples validés par la science. Si vous constatez toutefois plusieurs symptômes dérangeants, dont une grande fatigue inexpliquée et un système immunitaire affaibli, n'hésitez jamais à consulter votre médecin.

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La respiration et le soupir

Parmi la flopée de conseils proférés par les réseaux sociaux, certains visent parfaitement juste. Et, contre toute attente, ce sont les plus simples! Pour le professeur Stoop, plusieurs habitudes de vie bien connues, bénéfiques pour la santé globale, peuvent effectivement lutter contre nos pics de stress. Parmi ceux-ci, trouve l'alimentation équilibrée, la pratique régulière d’exercice physique, les techniques de gestion du stress comme le yoga, la lecture ou la sophrologie, un sommeil suffisant et une limitation de notre consommation d'alcool et de caféine (une étude américaine publiée en 2022 recommande un maximum de 3 tasses par jour). 

En termes de sophrologie, la respiration nommée le «soupir physiologique» serait particulièrement efficace contre le stress. D'après une étude publiée en 2023 par l'Université de Stanford, la technique consiste à inspirer en deux temps (une première inspiration normale, suivie d'une autre petite inspiration qui gonfle au maximum les poumons), et d'inspirer longuement. Le neuroscientifique et podcasteur américain Andrew David Huberman y a d'ailleurs consacré un épisode en 2023, visionné plus de 2,3 millions de fois. 

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Le rire et l'humour

«Une autre solution moins souvent mentionnée est l’humour, poursuit le professeur Stoop. Le fait de rire, de prendre un peu de recul, ne serait-ce que durant quelques heures, peut avoir un effet très positif.» D'après notre expert, cela est, en partie, dû au fait que la région cérébrale de l’amygdale, responsable de la peur, est suractivée en présence de stress. Quand on a peur, notre respiration se bloque, le cœur bat plus vite et notre corps entier semble se tendre, prêt à bondir ou fuir. Le simple mécanisme du rire permet, cependant, de chasser ces sensations. 

«En effet, quand on raconte une blague, la première partie de l’histoire laisse toujours monter la tension, en nous faisant miroiter un événement terrible, résume le spécialiste. On retient notre respiration, puis le dénouement comique du récit nous détend totalement et on rit. Quand on y pense, le rire est un enchaînement de grandes inspirations et d’expirations profondes, qui rappellent le rythme de certains exercices de sophrologie, destinés à nous calmer!» 

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Les contacts sociaux

Dans une toute nouvelle étude parue début mars 2024, le professeur Stoop et ses collègues sont parvenus à établir le rôle des contacts sociaux dans la lutte contre le stress chronique: «Nous avons découvert que les animaux sont moins effrayés dans des situations de stress lorsqu’ils sont accompagnés d’un autre animal, précise le spécialiste. D’ailleurs, cet effet se prolonge dans le temps: par la suite, même quand l’accompagnant est absent, l’animal en question n’aura plus peur d’affronter les situations qui le paniquaient auparavant.» En d'autres termes, si vous êtes stressé ou anxieux, c'est le moment de vous scotcher fermement à vos proches. 

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