Voici les 3 leçons sur le bonheur que je retiens
J’ai suivi le cours de Harvard pour être plus heureuse (mais je n’ai pas eu mon diplôme)

De janvier à fin mars 2024, notre journaliste a suivi les modules de la prestigieuse université américaine pour apprendre à augmenter son bonheur. Verdict: trois mois de cours passionnants, mais zéro diplôme.
Publié: 03.04.2024 à 18:04 heures
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Dernière mise à jour: 05.04.2024 à 09:34 heures
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

La groupie d’Hermione Granger qui sommeille en moi est fortement déçue (et sera privée de Chocogrenouilles). Après avoir passé la majeure partie de mon existence à tenter d’être une bonne élève, je viens de louper un diplôme haut la main: «Vous n’êtes pas éligible pour le certificat», m’avertit la plateforme de cours en ligne de Harvard, provoquant une sueur froide immédiate. En effet, depuis le mois de janvier, je suis (plus ou moins) assidument les modules de la formation en ligne «Managing happiness», proposée par la prestigieuse université américaine.

La promesse était fantasmagorique: trois mois pour dompter les métriques du bonheur et déployer leurs pouvoirs magiques sur mon quotidien, comme un filtre scintillant qui allait tout changer et rendre la vie encore plus belle (je suis une personne plutôt optimiste). Voilà, à peu de choses près, ce que j’espérais découvrir dans le cours. Car d’après les professeurs de Harvard, le bonheur est un phénomène mesurable, quantifiable et influencé par de nombreux facteurs sociologiques, culturels et neurologiques. Cette vision un peu simpliste (et un brin anticlimaxique) ne m’avait pas empêchée de me ruer sur le matériel de cours, composé de vidéos, de lectures, de forums et d’exercices pratiques joliment illustrés. En plus, j’étais plutôt fière de pouvoir déclarer que je suivais la formation d’une école aussi célèbre.

Piliers du bonheur, hacks de cerveau qui boostent l'humeur, pouvoirs magiques de l'ocytocine... Malgré mon échec cuisant, j'ai beaucoup appris!
Photo: DR

Trois mois de cours pour 219 dollars

Pour m’assurer que tout ceci était bien utile – et pas juste une stratégie commerciale brillante imaginée par Harvard – j’ai demandé l’avis de Tiffany Baer, psychologue FSP & coach en développement personnel: «Je pense que l’apprentissage du bonheur est essentiel à notre épanouissement sur le long terme, a-t-elle acquiescé. Le bonheur ne nous 'tombe' pas dessus, il se construit. Je travaille justement cette construction avec mes clients en coaching afin d’ancrer une manière de fonctionner positive dans le quotidien. À force d’être pris par la vie, on oublie le pouvoir que l’on a sur notre propre ressenti et perception des choses.»

Pour la modique somme de 200 francs (219 dollars) j’ai donc finalisé mon inscription et découvert avec joie les différents chapitres du cours, focalisés sur l’origine de nos émotions et l'importance de notre rapport aux autres. Totalement ma tasse de thé! Sans oublier les forums, remplis de parcours de vie et de réflexions passionnantes partagés par les élèves (super éloquents) à chaque module: «Je me suis inscrite pour retrouver un peu d’espoir dans le monde», partage une utilisatrice. «Je cherche à mieux me comprendre, à me retrouver face à moi-même», souligne un autre. À ce moment-là, mon enthousiasme était loin de présager que j’allais rater ce cursus. C’est pourtant ce qui est arrivé… Je vous explique en commençant par le positif. Voici les 3 points qui m'ont le plus marquée:

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Le tiers de notre bonheur est entre nos mains

«Alors, tu es déjà plus heureuse?», me demandaient régulièrement mes collègues, intrigués par cette nouvelle lubie. La question est tout à fait pertinente, puisque tout l’objectif du cours et de mieux comprendre le fonctionnement du bonheur pour l’augmenter, petit à petit: ainsi que le souligne Arthur Brooks, le professeur de Harvard responsable de la formation, 30 à 50% de notre expérience du bonheur est hors de notre contrôle, influencée par des facteurs extérieurs, culturels ou génétiques. Un bon quart dépend du moment présent et des circonstances immédiates.

Ainsi, les 10 à 30% restants de cette expérience peuvent être activement influencés par nos pensées quotidiennes et nos choix de vie. Cela ne signifie évidemment pas que nous portons l'entière responsabilité du désespoir et de la douleur que peuvent susciter des événements traumatisants de la vie: le but du cours est d'apprendre à profiter de notre marge de manœuvre pour développer notre épanouissement au maximum.

«La vie nous confronte à des hauts et des bas, complète Tiffany Baer. C’est aussi un équilibre que de savoir accepter les moments où l’on ne peut pas se sentir bien et mettre en place ce dont on a besoin pour se soutenir. Je ne considère pas le bonheur comme le fait d’être 'heureux' 365 jours par an, car cela élude la réalité de la vie. Je pense plutôt qu’il s’agit d’un équilibre lié au sens que l’on donne à nos épreuves et au courage de se focaliser sur ce qui peut être bénéfique pour nous dans une situation difficile.»

Voici 5 outils pour être plus heureux

Dans le but d'accroître notre épanouissement, la psychologue FSP et coach en développement personnel Tiffany Baer partage quelques outils efficaces: 

Méditer: «On en parle beaucoup, et pour cause! La méditation apporte des changements structurels au cerveau qui sont scientifiquement prouvés. C’est un véritable outil du bonheur.» 

Laisser passer les émotions désagréables: «Ce n’est pas votre jour? Il faut appeler un chat un chat, ça ne sert à rien de prétendre ressentir autre chose, le cerveau n’est pas dupe! On pose les mots sur la situation et on réfléchit aux meilleures manières de se consoler pour se focaliser uniquement sur les éléments que nous pouvons contrôler.»

Pratiquer la gratitude: «Chaque soir, on peut essayer de se souvenir de trois choses qui ont été positives dans la journée: la tasse de café avec un collègue, l’arbre fleuri, le dîner en famille…» 

Tenir un journal de positivité: «De même, dans un autre carnet, on peut noter tout ce qui nous inspire, nous plaît, nous parle pour se reconnecter à soi et à ce qui est bon dans cette vie!»

Agir tout de suite, si possible: «Il est important de se rappeler que c’est aujourd’hui qu’on est en vie. Vivez pleinement, agissez au maximum pour concrétiser vos rêves et demain sera déjà un peu plus heureux!» Même les plus petits pas dans la bonne direction peuvent avoir un effet immense. 

Dans le but d'accroître notre épanouissement, la psychologue FSP et coach en développement personnel Tiffany Baer partage quelques outils efficaces: 

Méditer: «On en parle beaucoup, et pour cause! La méditation apporte des changements structurels au cerveau qui sont scientifiquement prouvés. C’est un véritable outil du bonheur.» 

Laisser passer les émotions désagréables: «Ce n’est pas votre jour? Il faut appeler un chat un chat, ça ne sert à rien de prétendre ressentir autre chose, le cerveau n’est pas dupe! On pose les mots sur la situation et on réfléchit aux meilleures manières de se consoler pour se focaliser uniquement sur les éléments que nous pouvons contrôler.»

Pratiquer la gratitude: «Chaque soir, on peut essayer de se souvenir de trois choses qui ont été positives dans la journée: la tasse de café avec un collègue, l’arbre fleuri, le dîner en famille…» 

Tenir un journal de positivité: «De même, dans un autre carnet, on peut noter tout ce qui nous inspire, nous plaît, nous parle pour se reconnecter à soi et à ce qui est bon dans cette vie!»

Agir tout de suite, si possible: «Il est important de se rappeler que c’est aujourd’hui qu’on est en vie. Vivez pleinement, agissez au maximum pour concrétiser vos rêves et demain sera déjà un peu plus heureux!» Même les plus petits pas dans la bonne direction peuvent avoir un effet immense. 

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Les hacks qui boostent l’humeur fonctionnent

Puisque je n’ai pas l’autorisation (ni le temps) de vous relater le détail des six modules complets, soulignons juste les principaux piliers du bonheur, qui comprennent une occupation ou un métier porteur de sens, des relations personnelles satisfaisantes, ainsi que la foi ou la philosophie de vie. C’est bien joli, mais j’avoue que les petits hacks de cerveau pour se sentir automatiquement plus heureux (beaucoup plus concrets) m’ont davantage passionnée que les longues envolées théoriques sur la psychologie positive.

N’oublions pas qu’il s’agit de Harvard: les études neurobiologiques et psychologiques sont pléthore et, parmi elles, sont dissimulés plusieurs précieux secrets, que j’ai résumés dans un autre article. J’aime particulièrement le réflexe de sourire pour aucune raison: le cerveau interprète ce signal comme une bonne nouvelle et stimule directement notre mood. Bien qu'on ait l’air un peu benêt, l’humeur reçoit aussitôt une petite rasade de soleil imparable.

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L’ocytocine, c’est la vie!

Même si les deux longs modules consacrés à l'amour (indissociable au bonheur) m'ont réchauffé le cœur, le chapitre sur l’hormone de l’attachement, soit l’ocytocine, est de très loin mon préféré. À tel point que je l'ai visionné et lu deux fois de suite, pour être sûre de tout retenir. En plus, le très érudit professeur Brooks y apparaît en vidéo avec un chien irrésistible et très énergique dans les bras. Il va de soi que mon attention s’en est trouvée aussitôt happée.

Sécrétée suite à n’importe quel contact social positif, indispensable au bonheur et endiguée par la solitude, l’ocytocine contribue, en bref, à renforcer notre bien-être et à remplir notre vie de sens, au travers de l’amour, de l’amitié et des liens qui nous unissent aux autres. Une carence de cette hormone peut, en revanche, diminuer notre épanouissement, notre santé et notre bonne humeur générale. Pour augmenter ce taux, il suffit d'enlacer nos proches, de caresser un chat, de sourire aux personnes qu'on croise durant la journée ou même de regarder un film joyeux qui nous réconforte (idéalement très cheesy!). La preuve scientifique que, pour être heureux, un compte bancaire gonflé ne vaut pas une poignée d’êtres chers et des bonnes relations personnelles. Rien que pour ce constat, je suis heureuse d’avoir suivi le cours.

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Alors, pourquoi j’ai loupé mon diplôme?

On en vient à la partie plus délicate. Oui, parce que tout cet enthousiasme ne m’a pas empêchée d’être «inéligible pour le certificat»! En réalité, je n’ai simplement pas fourni les efforts nécessaires pour faire les devoirs demandés. Privée de Chocogrenouilles, je vous disais!

Ma régularité s’est effritée en cours de route et, parmi les quelques éléments démotivants que je reproche à la formation, je citerai notamment la brièveté excessive des vidéos: en une ou deux minutes seulement, on n’a pas le temps de s’installer dans le contenu et d’absorber tout le contexte. Pour les élèves dissipées qui voudraient terminer la vaisselle ou faire un jogging en même temps, c’est franchement irritant…

Par ailleurs, le rythme des modules est assez lent et les tout premiers cours manquent d’exemples concrets, applicables à la vraie vie. Heureusement, la partie concrète prend plus de place à la fin, dès le 5e module, consacré entre autres aux idéaux voleurs de bonheur, comme l'argent et la gloire. En attendant d'en arriver à ce point, les forums me permettaient d’ancrer la théorie dans l’expérience réelle des autres élèves (dont la plupart me paraissent vraiment sages et perspicaces)! Pour cette raison, et vu la densité théorique du cours, il est crucial de pouvoir s’y consacrer plusieurs heures de suite, chaque semaine, au risque de perdre le fil et d’oublier le but initial de la formation: «Si notre cerveau est suractivé par une journée de travail, de conversations et de scrolling sur les réseaux, on aura plus de difficultés à apprendre à être heureux que si on est dans un état plus présent et focalisé», précise Tiffany Baer.

Verdict: le bonheur demande du travail

Mais il serait lâche d’accuser uniquement le rythme de ce cours très intéressant, puisque la véritable raison de mon échec ne tient qu’à moi: alors que je m’attendais à absorber des données qui se logeraient dans mon disque dur tels d’obéissants plug-ins prêts à l’utilisation, j’ai fini par comprendre que ce type de formation requiert plus d’efforts personnels (et de temps) qu’escompté. J’ai honte d’affirmer que je n’ai pas écrit les rédactions exigées par les professeurs… alors qu’écrire, c’est un peu mon job.

Ainsi que le confirme Tiffany Baer, le challenge n’est pas de comprendre la théorie, mais de l’appliquer: «Il est souvent plus facile de se victimiser plutôt que de se responsabiliser et de se remettre en question, constate-t-elle. Avoir des abdos demande du travail, c’est la même chose pour notre bonheur.» Ce type de formation, comme tout travail de développement personnel, n’est donc pas une formule magique. Ce n’est qu’un des ingrédients! Dès que j’aurai découvert les autres, je vous en parlerai aussitôt. Vous pouvez compter sur moi.

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