Commentaire de Fabien Goubet
Lausanne ferme les bars du marché de Noël, c'est la population qui trinque

Le traditionnel marché Bô Noël a revu ses horaires à la baisse pour satisfaire les restaurateurs de la région. Sabrer les stands de bouffe et de boissons ne fait aucun sens tout en punissant Lausannoises et Lausannois, estime notre journaliste food Fabien Goubet.
Publié: 16.11.2023 à 12:10 heures
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Dernière mise à jour: 21.11.2023 à 14:28 heures
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Fabien GoubetJournaliste Blick

Y aura-t-il de la neige à Noël? Aucune idée: contrairement à certaines de mes collègues, je ne pratique pas la cartomancie. Je peux quand même vous faire une prédiction: il n’y aura pas grand-chose à boire et à manger au marché de Noël de Lausanne, qui démarre la semaine prochaine.

C’est l’hécatombe. Un quart des stands de bouffe et des bars sont biffés. Les survivants fermeront à 22h les mercredis et jeudis. Vous trouvez ça triste? Ce sera à 20h entre Noël et Nouvel-An. Quant à la traditionnelle silent disco du 31, elle n’aura pas lieu. Déjà qu’il n’y avait pas de son, la ville va de surcroît couper les lumières.

Pour qui n’aurait pas vu passer la nouvelle, les raisons de ce caviardage sont aussi absconses que grotesques. Début novembre, la ville de Lausanne a cédé à la pression de certains cafetiers et restaurateurs regroupés au sein du collectif #Qui va payer l’addition, qui crient à la concurrence déloyale. Selon leurs doléances, les stands food vampirisent leur clientèle, ce qui conduirait à un manque à gagner. Quid des plus de 400’000 personnes drainées en centre-ville? Plutôt que de laisser ruisseler, la ville préfère siffler la fin de la récré, dans une incompréhensible stratégie de la terre brûlée.

Des bars de trouble-fêtes

Pendant ce temps, on boit des coups jusqu’à une heure du matin à Genève, sans que cela ne choque personne. Comme si l’austère Lausanne n’était pas suffisamment ennuyeuse! En touchant ainsi à une fête toujours plus populaire sous cette forme depuis 2015, la ville se couvre de ridicule. C’est à se demander ce qu’en dirait le «New York Times», qui avait pourtant placé la capitale vaudoise dans ses 52 destinations à visiter en 2023. Le journaliste était-il encore défoncé au crack après une promenade à la Riponne? Ou bien était-il venu l’été, la saison où les cafetiers qui rouspètent l’hiver deviennent subitement fort occupés avec leurs lucratives buvettes des bords de lac?

Non franchement, pour une ville qui désire rayonner, éteindre les lumières est une idée… lumineuse. Surtout quand c’est, comble de l’ironie, la population qui trinque. Finis, les petits rhums à la pomme à pas d’heure. Je vais vous le dire, qui va la payer, l’addition: Nous. Mais pas dans les bars de ces trouble-fêtes.

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