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Et si la faillite de la France sortait des urnes le 7 juillet?

Ils promettent. Ils annoncent l'abandon des réformes imposées par Emmanuel Macron, tandis que le Premier ministre, lui, continue de signer des chèques électoraux. Et si l'économie signait l'arrêt de ce «quoi qu'il en coûte» électoral?
Publié: 18.06.2024 à 08:03 heures
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Dernière mise à jour: 23.06.2024 à 08:48 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français. On marche ensemble en essayant de ne pas tomber dans le cratère? On danse, on rigole ou on panique?

Retraites, le slalom

Emmanuel Macron peut être satisfait: sa réforme des retraites imposée aux forceps, et sans vote, par l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, se retrouve au centre du jeu politique pour ces législatives. On connaît le pitch macroniste, répété par le président durant sa conférence de presse de campagne le 12 juin. Sans cette réforme promulguée le 14 avril 2023, qui reporte à 64 ans l’âge légal minimum de départ en retraite, les paiements des pensions ne seront plus assurés. Le déficit du système français est déjà programmé pour 2024: un trou de 5,8 milliards d’euros. Alors que le pays doit trouver 20 milliards d’euros d’économies dans le projet de loi de finances qui sera présenté à l’automne. Problème: cette équation est contestée. Et le grand slalom est à l’ordre du jour. Le Rassemblement national (RN), qui continue de promettre la retraite à 60 ans (pour ceux qui ont commencé leur carrière à 20 ans), jure qu’il le fera «plus tard». Le nouveau Front populaire, lui, y va au canon, proposant un retour à 62 ans immédiat.

En résumé: De nouvelles dépenses en perspective

Retraites, la réforme enterrée? C'est du moins ce que proposent le Rassemblement national et le nouveau Front populaire.
Photo: DUKAS

Chômage, le déni

Les Français disposent du système d’indemnisation en cas de perte d’emploi le plus généreux au monde. Ils peuvent même, en cas de désaccord avec leur employeur, négocier une «rupture conventionnelle» qui leur permet d’empocher une indemnité acquittée par l’État, et de faire valoir leurs droits à l’assurance chômage. Problème: beaucoup ne comprennent pas pourquoi cette protection sociale est devenue insoutenable. Et pourquoi les entreprises, contraintes de payer des charges qui doublent dans les faits les salaires nominaux, n’augmentent pas les salaires. De nombreux experts soulignent aussi le fait qu’il s’agit d’un système d’assurance financé par des cotisations, pas d’une sortie nette d’argent des caisses de l’État. Ces législatives vont-elles conduire à l’abrogation de la réforme «d’activité et de prospérité» que l’actuel Premier ministre Gabriel Attal veut toujours faire adopter par décrets cet été (sans passer par un vote au parlement)? Le RN, comme l’union de la gauche, en fait une question prioritaire.

En résumé: L’incitation à travailler passe au second plan

Retraites, la réforme enterrée? C'est du moins ce que proposent le Rassemblement national et le nouveau Front populaire.
Photo: DUKAS
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Assurance chômage, le statu quo: là aussi, pas question d'accepter la réforme récemment entérinée par le gouvernement de Gabriel Attal.
Photo: DUKAS

Impôt sur la fortune, le mirage

Cette proposition de rétablir un impôt sur la fortune est au cœur des programmes économiques du RN et du nouveau Front populaire. Les deux veulent remettre en cause son abrogation par Emmanuel Macron en 2018 (il existe toujours une taxe sur la rente immobilière), au nom de l’attractivité financière de la France. D’autres impôts «exceptionnels» sont évoqués, comme une taxe sur les superprofits, et des taxes spécifiques pour les «très riches». Au-delà du risque de voir ces deux formations politiques buter sur le «mur de l’argent», comme ce fut le cas pour l’union de la gauche en 1981 après l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, la réalité des chiffres et des promesses passées est implacable. Lorsqu’il était en vigueur, l’impôt sur la fortune rapportait quatre milliards d’euros par an. Soit moins que le «trou» anticipé des caisses de retraite pour 2024, malgré la réforme. Un miracle? Non, un mirage.

En résumé: Les banquiers suisses vont revoir leurs vieux clients

Le géant du luxe LVMH devra-t-il acquitter bientôt une taxe sur les superprofits?
Photo: DUKAS

Dette publique, la surenchère

La France est aujourd’hui endettée à hauteur de 112% de son produit intérieur brut (contre 60% pour l’Allemagne). Le montant de cette dette dépasse les 3100 milliards d’euros en 2024. Elle devra, ces quatre prochaines années, rembourser 245 milliards d’euros d’intérêts à ses créanciers. Lesquels continuent de lui prêter, malgré la dégradation récente de sa note par l’agence Standard and Poors, qui l’a ramené de AA à AA −, à l’instar de la République tchèque ou de l’Estonie. Or dans ce domaine, toutes les forces politiques en présence sont coupables. Emmanuel Macron d’abord, responsable de l’accroissement de 823 milliards d’euros de la dette entre 2017 et 2023, en sachant que cette période inclut la pandémie de Covid 19 et le «quoi qu’il en coûte» (240 milliards de fonds publics injectés dans l’économie). Le RN et l’union de la gauche ensuite, qui évitent toute mention de la dette et des risques qu’elle fait encourir au pays. Fait symbolique: c’est ce 19 juin que la Commission européenne doit lancer sa nouvelle procédure pour déficit excessif contre la France.

En résumé: Emprunter davantage restera à l’ordre du jour

Euro, le flou


Le camp présidentiel français est, avec la droite traditionnelle et la gauche sociale démocrate, résolu à tout faire pour défendre la monnaie unique européenne. Aujourd’hui, le Rassemblement national et la France insoumise affirment aussi leur intention de ne pas remettre en cause l’euro. Soit. Mais que pensent-ils vraiment? Et que vont dire leurs candidats de cette devise que leurs électeurs rendent souvent responsables de tous leurs problèmes de pouvoir d’achat? Il est probable que la cheffe de la Banque centrale européenne, la française Christine Lagarde, se retrouvera sous pression si le Rassemblement national obtient une majorité de députés et désigne un Premier ministre. Emmanuel Macron restera le garant des Traités européens. Mais jusqu’à quand cette digue tiendra-t-elle?

En résumé: Grand frisson annoncé dans la zone euro

L'euro, une devise mal aimée du côté du Rassemblement national et de la France insoumise.
Photo: DUKAS
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