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Le penalty politique de Mbappé est-il raté?

Kylian Mbappé a marqué Markus Thuram à la culotte. Voici deux Bleus engagés dans la bataille politique des législatives. Et s'ils passaient le ballon à François Hollande?
Publié: 17.06.2024 à 08:10 heures
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Dernière mise à jour: 23.06.2024 à 08:48 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français. On marche ensemble en essayant de ne pas tomber dans le cratère? On danse, on rigole ou on panique?

Kylian Mbappé: tir au but


Et si les Bleus, engagés dans l’Euro de football en Allemagne (ils joueront leur premier match ce lundi contre l’Autriche), devenaient les ultimes remparts contre le chaos démocratique français? Trois d’entre eux ont, en tout cas, choisi de s’aventurer hors du stade, pour dribbler dans le champ politique. Ousmane Dembelé a appelé à voter. Markus Thuram, digne héritier de la fibre antiraciste de son père Lilian, a tiré un penalty contre le Rassemblement national (RN). Et Kylian Mbappé a fermé la marche d’un autre tir au but contre les «extrêmes». Bien joué? La partie est gagnée? Pas sûr du tout. La preuve est faite, par les sondages et les enquêtes d’opinion, que le vote radical est celui de la jeunesse. 34% des moins de trente ans votent Bardella. 20% jouent dans l’équipe de La France Insoumise (LFI). Le point à retenir: 35% des jeunes français se disent «anxieux» et «inquiets». Le match est tout, sauf terminé. Première prolongation: celle lancée par l'appel d'environ 200 sportifs contre l'extrême-droite ce lundi, dans le quotidien «L'Équipe».

Kylian Mbappé a suivi Markus Thuram. Son appel à voter vise à se mobiliser «contre les extrêmes».
Photo: AFP

François Hollande, la remontada

Il vient de rechausser les crampons. Et il aime ça. François Hollande, alias «Pépère» n’a pas seulement été président de la République entre 2012 et 2017, empêché de se représenter par le sprint électoral de son ministre nommé Macron. Il fut surtout député socialiste de la Corrèze de 1988 à 2012. Or voilà que le nouveau Front populaire lui offre une chance de retourner sur le terrain. L’intéressé ne s’est pas fait prier. A peine l’alliance des partis de gauche était-elle scellée que l’ex-locataire de l’Élysée a entamé ce qu’il espère être une «remontada». L’histoire a déjà parlé. Tous ceux qui prédisaient, jadis, la disparition pure et simple de l’ancien premier secrétaire du PS se sont trompés. Hollande joue en défense. Il est patient. Il garde le ballon. Serait-il le Didier Deschamps de la politique? Emmanuel Macron redoute en tout cas son jeu de jambes politique: l'actuelle majorité présidentielle a hésité à soutenir un candidat aux législatives contre ce président auquel il devait tout (jadis).

L'hôtel Matignon n'est plus le stade où se joue le pouvoir, place aux élections.
Photo: AFP
François Hollande est de retour. Bientôt sur les bancs de l'Assemblée?
Photo: AFP

Jean-Luc Mélenchon, mauvais tacle

Mauvais tacle ou mauvais joueur? Les experts du football politique français apprécieront. Jean-Luc Mélenchon a choisi de rester en dehors de la pelouse. Mais il n’a pas renoncé à coacher son équipe et à faire tourner ses effectifs. Le voici mis en cause pour avoir écarté les députés sortants Alexis Corbière et Raquel Garrido, accusés d’avoir critiqué son management sportif. Le fondateur de LFI est, en plus, privé de son avant-centre préféré Adrien Quatennens, forcé de renoncer à se présenter dans sa circonscription du Nord, suite à sa condamnation pour violences conjugales en décembre 2022. Nombreux sont ceux qui portent, à gauche, la marque des crampons de Mélenchon, l’homme qui joue les tibias plutôt que le ballon.

Jean-Luc Mélenchon joue en défense. Il est accusé de purger son parti, La France Insoumise.
Photo: AFP

Marine Le Pen, remplaçante

Elle n’est pas encore sur le banc de touche. Marine Le Pen est bien sûr en lice dans sa circonscription nordiste d’Hénin-Beaumont, l’une des mairies symboles du Rassemblement national, dans ces terres ouvrières jadis contrôlées par le PS et le PC. Sa réélection ne fait guère de doute. Et pourtant: une impression commence à s’installer. Et si la candidate déclarée à la présidentielle de 2027 (après trois candidatures en 2012, 2017 et 2022) décidait de laisser sa pole position à Jordan Bardella, auréolé de ses 32% aux élections européennes? Et si la capitaine de l’équipe nationale populiste décidait d’elle-même de migrer vers le banc des remplaçants? Il faut dire que l’arbitre la surveille de près. En septembre, son procès dans l’affaire des emplois fictifs du RN au Parlement européen pourrait se conclure par une peine d’inéligibilité.

Marine Le Pen joue en retrait: elle laisse à Bardella la place de l'avant-centre.
Photo: DUKAS

Yaël Braun-Pivet, carton jaune

La présidente sortante de l’Assemblée nationale, de nouveau candidate pour le camp macroniste dans les Yvelines, ferait mieux de surveiller ses dribbles. Yaël Braun-Pivet sort en effet essorée de ses deux années à s’efforcer de présider l’hémicycle où la «bordellisation» de la vie politique a fini par s’imposer. L’intéressée, avocate de formation, est à la fois talentueuse et pugnace. Sa force est de s’être imposée à Emmanuel Macron, qui ne la voyait pas accéder au «perchoir». Elle sait toutefois qu’elle n’aura pas droit à la faute. Consultée par le président sur la dissolution de l’Assemblée, elle a dû exiger une entrevue en aparté. Preuve que pour ce dernier, sa sortie du terrain n’est pas exclue. «Jupiter» garde son carton rouge en poche.

Yaël Braun-Pivet, consultée par le président sur la dissolution de l’Assemblée, a dû exiger une entrevue en aparté.
Photo: Anadolu via Getty Images
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