Il veut divorcer de l'UE
Mieux (ou bien pire) que le Brexit? Le Frexit acharné de François Asselineau

Cet ancien candidat à la présidentielle, tête de liste de son mouvement aux élections européennes du 9 juin, défend coûte que coûte le départ de la France de l'Union européenne. François «Frexit» Asselineau, ou l'histoire d'une obsession anti-communautaire.
Publié: 03.06.2024 à 20:17 heures
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Dernière mise à jour: 03.06.2024 à 20:18 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il ne regrette rien. Mieux: il est plus que jamais convaincu que la France ne pourra survivre que si elle quitte l’Union européenne. Avec pertes et fracas!

François Asselineau, 66 ans, est le partisan le plus acharné du Frexit, une sortie coûte que coûte de l’UE pour son pays, qu’il a longtemps servi comme inspecteur des finances, puis comme directeur de cabinet du défunt souverainiste Charles Pasqua au département des Hauts-de-Seine, dans les années 90. La débâcle économique et diplomatique du Brexit ne l’a pas fait changer d’avis. Ce dimanche 9 juin, François «Frexit» Asselineau sera de nouveau la tête de liste de son parti, l’UPR (l’Union populaire républicaine) aux élections européennes.

Les sondages le placent au-dessous des 1% des intentions de vote. Bref, il est politiquement hors-jeu. Mais son audience sur les réseaux sociaux reste importante. Rencontre avec un forcené du divorce entre Paris et Bruxelles, admirateur d’une Suisse bien inspirée d’être selon lui «restée en dehors de cette machine à tuer ses États-membres».


Résumons: le Royaume Uni a été plongé en 2016 dans une crise sans précédent par le Brexit. C’est ce que vous souhaitez pour la France?
Arrêtons ces âneries. Même vous, la presse suisse, ce pays qui a eu l’intelligence de ne jamais entrer dans l’Union européenne, vous êtes donc contaminés? Je conteste formellement le fait que le Brexit soit un désastre pour nos amis anglais. D’accord, le pays a traversé un grand chambardement politique. D’accord, l’adaptation est difficile. Mais les résultats macroéconomiques britanniques sont meilleurs que ceux de la France dans presque tous les secteurs. Le chômage y est inférieur à 4%. La dette publique plafonne à 98% du produit intérieur brut alors qu’elle dépasse les 110% en France. Leur balance commerciale accuse un déficit de 38 milliards d’euros, contre 100 milliards pour la France! On nous avait expliqué que le Royaume Uni allait s’effondrer. Or c’est complètement faux. Le Brexit, à long terme, a sauvé l’Angleterre. Je souhaite donc à la France de prendre le même chemin. C’est urgent.

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Je conteste formellement le fait que le Brexit soit un désastre pour nos amis anglais
François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine
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Et ce, au moment où le Rassemblement national a fait le chemin inverse. Désormais, le RN ne veut plus sortir de l’UE, ni de l’euro. Du moins dans son programme…
Là aussi, arrêtons. Le Frexit n’est pas une proposition d’extrême-droite. Mon parti, l’UPR, n’est pas un parti extrémiste. Nous n’avons jamais été d’extrême droite. Regardez les programmes. Qui a toujours proposé le Frexit? Nous. Qui a toujours assumé cette option? Nous. Le RN pense qu’il est possible de détricoter la construction européenne mais c’est une absurdité. Il faut sortir de l’UE, point. Je vais vous dire ce qui nous différencie de Mme Le Pen ou de M. Zemmour qui, l’un comme l’autre, fulminent contre l’UE mais ne sont pas prêts à rompre: moi, je ne suis pas un candidat de l’oligarchie. Je défends les intérêts de la France. C’est pour cela que j’ai eu mes parrainages pour la présidentielle en 2017: parce que de très nombreux maires ou élus locaux voulaient que je pose la question qui fâche. Peut-on dire que l’Union européenne nous emmène dans le mur? Moi, je l’affirme.

Asselineau, le candidat conspirationniste: c’est une autre accusation portée contre vous…
On m’a aussi présenté comme un tueur en série, accusé de harcèlement sexuel (NDLR: aucune suite judiciaire à ce jour malgré sa mise en examen en 2021) et maltraité comme aucun autre candidat ne l’a été. Oser parler du Frexit, c’est affoler l’establishment! Or regardez l’état du pays. Les Français se rendent compte qu’on ne les respectent plus. C’est la faute de Macron, mais aussi celle de l’Europe qui est devenue une mécanique complètement opaque, avec à sa tête une présidente de la Commission qui refuse toujours de rendre public ses échanges de sms avec le laboratoire Pfizer lors de la pandémie de Covid. On ne sait toujours pas ce qu’ils contiennent, alors que des marchés colossaux de vaccins ont été passés sans appels d’offres! On ne connaît toujours pas le contenu des contrats. Et vous me dites que cette machine est démocratique et respectueuse des citoyens?

Revoilà le Covid, la propagande antivax…
Je ne suis pas antivax. Je ne l’ai jamais été. Je pointe des responsabilités et j’estime que les mesures de contrôle imposées aux citoyens étaient démesurées, disproportionnées.

Dans son bureau parisien, François Asselineau pose devant un portrait de son idole politique: le Général de Gaulle.
Photo: Richard Werly
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Nous ne devons pas, nous européens, nous laisser entraîner dans un conflit avec la Russie, première puissance nucléaire mondiale
François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine
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Le Frexit dites-vous, c’est la paix: expliquez-nous?
La guerre en Ukraine nous coûte des sommes folles. Voilà que l’Europe devient une machine folle à produire des armes, des obus, des munitions. Un continent où la parole est verrouillée, et où le mot paix ne peut plus être prononcé sans qu’on vous tombe dessus. Je revendique l’héritage du Général de Gaulle. Nous ne devons pas, nous européens, nous laisser entraîner dans un conflit avec la Russie, première puissance nucléaire mondiale. La solution est claire: c’est la partition de l’Ukraine, que la France doit arrêter de soutenir. Nous ne devons pas accepter cette chape de plomb intellectuelle et médiatique sur le processus d’élargissement de l’UE. Bref, il faut dire stop. Et comme tout le monde ne veut pas dire stop, la France doit le faire. Pour elle-même.

L’élargissement de l’UE, ce n’est pas la condition d’une puissance européenne? Regardez une carte. C’est évident, non?
Non. Absolument pas. Neuf états ont aujourd’hui le statut de candidat à l’Union européenne, dont l’Ukraine, la Géorgie, le Monténégro, l’Albanie. Vous pensez que la France va tirer profit de cette Europe à plus de trente pays-membres? La réalité est que nous allons nous dissoudre dans cet ensemble. C’est pour cela que le Frexit suscite autant d’intérêt sur les réseaux sociaux qui sont le seul espace de liberté. Les gens ordinaires se posent la question interdite par vous, les médias: et si on s’en tirait mieux tout seul?

Je reviens au Royaume uni: le bilan est quand même accablant. Vous niez les évidences …
Je n’ai jamais dit que la sortie de l’Union européenne est une garantie de bonne gestion. Il faut sortir de l’Union et bien gérer le pays. On veut faire adopter aux Français une identité qui n’est pas la leur. Je suis toujours heureux de parler avec des Suisses parce que vous avez, sur ces sujets, une liberté de parole. On me caricature. Mais la gigantesque crise morale que nous traversons a une raison. Beaucoup de gens sont perdus dans cette Europe. Il faut donc en sortir pour rétablir la démocratie et cesser de diriger le peuple français contre sa volonté.

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Le Frexit, c’est un risque calculé. On reprendra le contrôle de nos frontières, sans les transformer en mur de Berlin.
François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine
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Vous associez le Frexit à de Gaulle, vous ne manquez pas d’audace !
Je maintiens ce que je dis. De Gaulle a accepté de construire l’Europe, mais il n’aurait jamais accepté le bâtiment qu’on a finalement édifié. La construction européenne, c’est un peu comme la construction du socialisme: on nous a promis le paradis. Et plus on avance, plus ça ressemble à un enfer. C’est dément. On laisse des pays nous concurrencer. On laisse détruire notre intérêt national. La seule chose qui compte c’est la puissance de la France maîtrisée par la France. On se moque des Britanniques, mais ils sont pragmatiques. Le Frexit, c’est un risque calculé. On reprendra le contrôle de nos frontières, sans les transformer en mur de Berlin. Je le répète avant ce dimanche 9 juin: le Frexit, c’est possible!

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