Abandon de la neutralité, «courtier malhonnête»...
Ignazio Cassis se fait tacler par son homologue russe Sergueï Lavrov

Le chef du DFAE Ignazio Cassis a rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov à New York. Jusque-là, tout va (plus ou moins) bien. Une porte-parole du Kremlin s'est mise à médire de la Suisse.
Publié: 21.07.2024 à 10:43 heures
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Dernière mise à jour: 21.07.2024 à 10:59 heures
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Le ministre des Affaires étrangères Cassis (à droite) a rencontré cette semaine à New York son homologue russe Lavrov (2e depuis la gauche).
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Raphael Rauch

Au début de l'échange, l'ambiance était encore à moitié amicale. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a d'ailleurs décrit l'entretien avec son homologue suisse Ignazio Cassis comme «intéressant». Le chef du département des Affaires étrangères (DFAE) avait convoqué cette rencontre au plus haut niveau, en marge d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU cette semaine à New York.

Mais après les amabilités, la propagande n'a pas tardé à reprendre ses droits. «La Russie tiendra compte de l'abandon progressif de la neutralité par la Suisse», a déclaré Sergueï Lavrov. Et une porte-parole du Kremlin a même traité la Suisse de «courtier malhonnête». Elle a expressément critiqué l'installation d'un bureau de liaison de l'OTAN auprès des Nations unies à Genève comme une preuve supplémentaire du manque de neutralité de la Suisse.

Le Kremlin menace de déplacer les discussions de Genève

Il y a de cela plusieurs semaines, Moscou avait déjà menacé de déplacer les discussions sur la situation dans le Caucase du Sud qui se déroulent à Genève vers un autre pays. Au siège européen des Nations Unies, des représentants de l'Abkhazie, de l'Ossétie du Sud, de la Géorgie, de la Russie et des Etats-Unis négocient l'avenir de cette région déchirée par les tensions.

Le DFAE ne souhaite pas commenter la rhétorique de Moscou. Une chose est sûre, c'est que la conférence du Bürgenstock à la mi-juin est restée, jusqu'à présent, sans conséquences concrètes. Selon le directeur du Centre de politique de sécurité de Genève Thomas Greminger, aucune conférence de suivi n'est actuellement en vue: «Ce n'est pas étonnant tant que les deux parties au conflit ne sont pas prêtes à entamer des négociations pour mettre fin à la guerre.»

Pas de percée avant les élections américaines

Toutefois, les choses auraient quand même bougé sur trois thèmes de la conférence: les préoccupations humanitaires, la sécurité énergétique et la sécurité alimentaire. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, des «mini-sommets» sont actuellement en préparation et devraient se tenir au Qatar, en Arabie saoudite et en Turquie. Thomas Greminger espère une participation de toutes les parties. «Je pars du principe que les mini-sommets seront inclusifs. Cela signifierait que la Russie serait impliquée de manière appropriée.»

Mais il ne faut pas s'attendre à une percée avant les élections américaines, suppose le spécialiste de la sécurité internationale. «Le temps pourrait être utilisé pour discuter dans un cadre discret des questions relatives aux formats de processus et de négociation.» Il faudrait ainsi déterminer si les acteurs clés créent un groupe de contact, comme cela a été le cas dans d'autres processus de paix.

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Viola Amherd veut jeter des ponts vers la Chine

Lors d'une rencontre des chefs de gouvernement européens à Woodstock, en Grande-Bretagne, la présidente de la Confédération Viola Amherd a également fait la promotion de nouvelles étapes: «La Suisse est prête à jouer un rôle actif dans ce processus. Nous allons nous concentrer sur le renforcement des ponts que nous avons pu construire avec le Sud global et la Chine.» Selon Viola Amherd, la Suisse a reçu «des retours très positifs sur le sommet, y compris de la part de collègues du Sud global». Il est maintenant important «d'aller à la rencontre de ces pays, de prendre en compte leurs préoccupations et de les motiver à se rallier au communiqué du Bürgenstock».

Mais jusqu'à présent, ces efforts ont toutefois été vains: à l'exception de l'île Maurice et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, aucun autre pays n'a adhéré à la déclaration du Bürgenstock au cours des dernières semaines.

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