Déblaiement, secours, aide
Après le séisme, comment aider le Maroc?

Chaque tremblement de terre entraine son lot de dévastations et de pertes humaines. Au Maroc, le défi des secours et de leur déploiement sur le terrain sera essentiel.
Publié: 09.09.2023 à 11:27 heures
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Dernière mise à jour: 09.09.2023 à 17:00 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Le réflexe est naturel. Il nous a tous étreint au réveil, lorsque la nouvelle du tremblement de terre survenu dans la nuit au Maroc nous est parvenue. Que faire? Comment aider ce pays et cette région de Marrakech et de l'Atlas que beaucoup de Suisses connaissent, soit par leurs liens familiaux, soit par leurs voyages sur place? Tableau de l’urgence, et de la situation spécifique du royaume chérifien.

Premier besoin: Le déblaiement

Il faut d’urgence déblayer les zones écroulées, en prenant bien soin de vérifier si des survivants se trouvent sous les décombres. La plupart des victimes semblent avoir été ensevelies dans la région montagneuse d'Al Aouz, à 80 km environ de Marrakech. A ce stade, et pour les deux ou trois semaines à venir, la priorité sera aux moyens lourds dépêchés par les autorités et par l’armée marocaine. Les maisons traditionnelles en pierre, sans armature de fer et de béton, ont été les plus touchées. Le concours de contingents de pompiers étrangers est attendu. La Suisse pourrait envoyer sur place la protection civile. La Confédération a déjà proposé son aide. Une cellule de crise a été activée. 

Le séisme qui a frappé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie le 5 février 2023 a de nouveau démontré qu’un tremblement de terre entraîne une course contre-la-montre. Les moyens en question? Pelleteuses, bulldozers, mais aussi chiens capables de localiser les survivants ou robots pour pénétrer dans les maisons en risque d’éboulement. La Confédération avait envoyé en Turquie des équipes avec des chiens de sauvetage.

L'écroulement de nombreuses maisons traditionnelles dans la ville de Marrakech pose un défi logistique aux autorités, compte tenu des risques de nouveaux éboulements.
Photo: AFP
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Second besoin: Loger les survivants

Le fait que ce séisme affecte une zone urbaine très dense, comme Marrakech, engendre un défi immédiat particulier. Il faut mobiliser rapidement des structures de grande ampleur, provisoires ou permanentes (stades, gymnases, écoles ou villages de tentes) pour accueillir les survivants qui n’ont plus de toits, et qui ont parfois tout perdu. C’est là que l’aide internationale peut faire la différence. Mais attention: c'est dans des zones rurales et montagneuses que le séisme a le plus violemment frappé. 

A priori, le Maroc n’a pas besoin d’aide alimentaire d’urgence. Il y a aussi, dans le royaume, suffisamment de médecins ou d’infirmières, même si le risque de pénurie est évoqué depuis plusieurs années. C’est sur le terrain de la logistique, de l’assistance humanitaire que les autorités marocaines vont avoir des besoins. La chaîne de solidarité internationale va donc s’enclencher. On connaît, en Suisse, le rôle joué par la chaîne du bonheur pour les sinistres.

Troisième besoin: Identifier les rescapés

Cette course contre-la-montre est une question de vie ou de mort. Il est possible de survivre plusieurs jours sous les décombres d’un séisme. En Turquie, les recherches de rescapés ont duré deux semaines pour s’achever le 19 février. Là, l’aide internationale humanitaire ne joue guère de rôle.

C’est un travail de professionnels, aidés par des équipements de détection sophistiqués. Les Marocains, dont une partie du pays est situé sur une zone sismique entre les plaques tectoniques africaine et eurasiatique, sont familiers des tremblements de terre. Un séisme trés meurtrier avait détruit une partie de la ville d'Agadir en 1960, entrainant la mort de plus de dix mille personnes. Le code de la construction prévoit depuis des normes adaptées, mais elles sont surtout respectées dans les villes. Au Japon par exemple, chaque citoyen sait comment se comporter. Les immeubles sont antisismiques. Les gens savent comment se protéger en cas d’écroulement d’un bâtiment. Le 5 mai dernier, un séisme d’une magnitude de 6,5 (contre 7 pour le Maroc) a de nouveau frappé l’archipel. Une seule personne a péri.

Quatrième besoin: Évaluer les dommages

On l’oublie trop, mais un tremblement de terre n’est pas qu’une catastrophe physique et humaine. Il bouleverse tout sur son passage, surtout dans une ville aussi importante et touristique que Marrakech, où beaucoup de voyageurs étrangers affluent durant l’hiver européen. La question de l’évaluation des dommages va dès lors vite se poser. Avec celle des compensations financières pour ceux qui ont tout perdu. Les assurances vont être mobilisées. Une question sera, dans le cas du Maroc, celle de la solidarité régionale. Les relations du royaume avec l’Algérie sont très mauvaises. Que va faire Alger?

Cinquième besoin: Reconstruire

C’est là que la solidarité internationale privée peut jouer un rôle déterminant. Le Maroc aura besoin d’être soutenu. Ce pays touristique a impérativement besoin des devises liées au tourisme. Marrakech est une ville de conférences et de congrès, avec ses hôtels de luxe dont la Mamounia. Un nouveau centre de conférences est d’ailleurs en construction.

Toutes les organisations ou entreprises qui avaient prévu d’y tenir des séminaires vont se retrouver interpellées: la reconstruction économique passe par le maintien de la confiance dans le royaume. Un défi qui commence dès maintenant.

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