Des trahisons en cause
Zelensky fait le ménage dans ses services secrets

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait entrepris une chasse aux traîtres au sein de ses propres services secrets, le SBU. Des agents auraient aidé les Russes lors de l’invasion.
Publié: 20.07.2022 à 10:43 heures
Guido Felder

Selon les déclarations du président ukrainien, les services de sécurité et de renseignement du pays, le SBU, regorgeraient de traîtres, qui divulgueraient des informations confidentielles à l’ennemi russe, facilitant ainsi son avancée. Dimanche, Volodymyr Zelensky a de fait limogé le chef du renseignement intérieur Ivan Bakanov, ainsi que la procureure générale Iryna Venediktova.

Au total, plus de 60 collaborateurs du SBU et du parquet général seraient restés dans les territoires conquis par les Russes, et travailleraient actuellement en collaboration avec les services de Vladimir Poutine, a affirmé le président ukrainien. 651 procédures pénales ont été engagées pour trahison contre l’Etat et collaboration avec l’ennemi.

Un aperçu des soupçonnés actes de trahison

  • Dès le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le général de brigade Andriy Naumov aurait pris la poudre d’escampette. L’ancien chef de l’administration du SBU pour la sécurité intérieure a été arrêté trois mois après le début du conflit, en Serbie, avec 600’000 euros et 125’000 dollars américains en poche, ainsi que deux émeraudes. On le soupçonne d’avoir été en contact avec les autorités serbes, qui entretiennent de bonnes relations avec Moscou.

  • Cette trahison aurait eu de graves conséquences à Kherson, en Ukraine. De toute évidence, les assaillants russes connaissaient l’emplacement des champs de mines ukrainiens sur l’isthme entre la péninsule de Crimée et le continent. Et il est étrange que le pont d’Antonivka, long de 1366 mètres, qui enjambe le Dniepr à la périphérie sud de Kherson, n’a pas été dynamité par les Ukrainiens à temps. Les Russes ont ainsi pu traverser le fleuve sans problème, et s’emparer de la ville. La faute est imputée au chef régional du SBU Serhiy Kryvoruchka, qui est soupçonné de trahison.

  • La dernière affaire en date, qui a probablement conduit au limogeage du chef général du SBU Ivan Bakanov, concerne le responsable des services secrets de la région de Crimée. Oleh Kulinitsch est accusé d’avoir collaboré avec les Russes depuis 2014, d’avoir saboté les préparatifs de guerre et d’avoir nettoyé des mines le long de la ligne de démarcation avant l’invasion. Il a été arrêté ce week-end.

  • Le comportement du chef régional du SBU de la région stratégique de Kharkiv, Roman Dudin, indiquerait également une forme de trahison. Zelensky l’aurait congédié car «il ne s’est occupé égoïstement que de ses propres intérêts, au lieu de travailler à défendre la ville dès les premiers jours de la guerre». Ses motivations ne sont pas claires.

  • Un procureur ukrainien aurait remis aux Russes des listes de soldats et de civils tués, les emplacements des soldats russes capturés, les résultats des frappes aériennes russes et des mots de passe pour passer les points de contrôle ukrainiens.

D’autres haut placés du SBU font l’objet d’enquêtes

Le SBU – qui est également censé lutter contre les crimes économiques et contre la corruption – est l’autorité qui a succédé au KGB à la chute du mur. L’organisation compte environ 30’000 employés, soit sept fois plus que le service de renseignement intérieur britannique MI5, et presque autant que le FBI américain – qui emploie 35’000 personnes.

Le président ukrainien a limogé plusieurs hauts responsables des services de renseignement et du parquet général.
Photo: IMAGO/ZUMA Wire
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Pour un véritable rapprochement avec l’UE, Bruxelles exige de l’Ukraine de nouvelles structures au sein du SBU. Après le renvoi de son ami d’enfance Ivan Bakanov, Zelensky a annoncé lundi le licenciement de 28 collaborateurs du service, dont, le vice-président et plusieurs chefs régionaux: «en raison de résultats de travail insatisfaisants». Une révision complète du fonctionnement de l’ensemble des services secrets ukrainiens serait à l’ordre du jour.

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