Il rêve d'un Nexit
Geert Wilders l'anti-européen, vainqueur des législatives aux Pays-Bas

Le leader de l'extrême-droite néerlandaise a promis un référendum sur la sortie des Pays-Bas de l'Union européenne. Son parti de la liberté (PVV) est arrivé en tête aux législatives du 21 novembre.
Publié: 23.11.2023 à 07:04 heures
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Dernière mise à jour: 24.11.2023 à 14:46 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Les Pays-Bas deviendront-ils un nouveau Royaume-Uni? La question ne peut plus être écartée après la nette victoire du parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders, 60 ans, aux législatives néerlandaises de ce mercredi 22 novembre.

Le leader d’extrême-droite aux cheveux blonds peroxydés, longtemps connu pour ses diatribes anti-Islam, mais aussi partisan résolu d’un référendum sur l’appartenance de son pays à l’Union européenne, obtiendrait 35 sièges de députés sur 150, selon les résultats quasi définitifs. Il devance de dix sièges l’alliance entre les travaillistes et les Verts, conduite par l’ancien vice-président de la Commission européenne chargé du «Green deal» Frans Timmermans, 62 ans.

Tout le monde s’attendait à un net renforcement de la droite dans ce royaume ébranlé par une explosion de la criminalité liée au trafic de drogue, et confronté à une forte poussée d’un courant réactionnaire rural, hostile aux mesures de coercitions écologiques dommageables pour l’agriculture industrielle. Les sondages avaient, pour leur part, vu juste en plaçant Geert Wilders en tête, preuve que les électeurs néerlandais conservateurs ne rechignent plus à donner leur voix à son parti.

Des affiches de Geert Wilders, homme politique néerlandais de droite et chef du Parti pour la liberté (PVV), sont affichées dans une salle avant son discours après les sondages de sortie des urnes.
Photo: Getty Images
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Du Brexit au Nexit

L’option du Nexit, le surnom inspiré du Brexit donné à une possible sortie des Pays-Bas de l’Union européenne, sera sur la table si le PVV parvient à former un gouvernement. De quoi donner des sueurs froides aux institutions de Bruxelles, à cinq mois des élections européennes prévues au début juin 2024.

Admirateur et ami de l’UDC Valaisan Oskar Freysinger, Geert Wilders a aussitôt été félicité par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán et par la cheffe du Rassemblement national français Marine Le Pen. Invité en Suisse mercredi par la «Weltwoche», Viktor Orbán a exhorté la Confédération à résister aux pressions de l’Union dont il a dénoncé la «bureaucratie».

Séisme européen

Ce n’est pas la première fois qu’un séisme européen survient aux Pays-Bas, l’un des six États signataires du Traité de Rome qui donna naissance au premier marché commun en 1957. Le 1er juin 2005, juste après les Français, les électeurs néerlandais avaient rejeté par 61,5% de Non le projet de traité constitutionnel de l’UE.

Le climat politique y est aussi très similaire à celui des pays voisins, dominé par l’impossibilité de trouver un accord transpartisan sur la politique d’immigration. C’est parce qu’il n’y est pas parvenu que le Premier ministre libéral Mark Rutte, au pouvoir depuis 2010, a démissionné en juillet. Son parti libéral VVD a ensuite, durant la campagne, commis l’erreur d’ouvrir la porte à un possible gouvernement de coalition avec Geert Wilders, banalisant le vote d’extrême-droite.

Fracture béante

L’hypothèse d’un gouvernement de droite est la plus probable. Geert Wilders acceptera-t-il, compte tenu des risques économiques induits par un Nexit, de retirer sa proposition de référendum pour se concentrer avant tout sur le retour à la sécurité et à la lutte contre la «Mocro Mafia», la mafia marocaine du trafic de drogue qui gangrène le pays?

La réponse pourrait prendre plusieurs semaines. Mais la preuve est faite que même au cœur de l’UE, dans le premier cercle de pays fondateurs, la fracture entre la population et les politiques défendues à Bruxelles est aujourd’hui béante.

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