Kamala Harris peut-elle le faire?
La vice-présidente américaine jouera son avenir politique au Bürgenstock

Kamala Harris doit prendre sur elle: son chef Joe Biden ne peut pas se rendre au sommet pour la paix en Ukraine en raison d'un gala de charité. Au Bürgenstock, l'Américaine devra compter sur un miracle pour améliorer sa réputation historiquement médiocre dans son pays.
Publié: 14.06.2024 à 13:04 heures
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Samuel Schumacher

Le président américain Joe Biden aura beaucoup à faire ces prochains jours: son fils Hunter vient d'être reconnu coupable mardi de possession illégale d'armes à feu et pourrait théoriquement se retrouver en prison. Son adversaire Donald Trump le défiera dans deux semaines lors de son premier duel télévisé en direct. Et son équipe de campagne lui a imposé ce week-end un événement de collecte de fonds avec la star hollywoodienne George Clooney à Los Angeles.

Le chef d'État n'a pas le temps de faire un crochet en Suisse. Joe Biden a donc choisi d'envoyer Kamala Harris au sommet pour la paix en Ukraine du Bürgenstock pour représenter les Etats-Unis. Et pour la vice-présidente au taux d'approbation historiquement bas, la visite à Nidwald pourrait se transformer en une vitrine d'une importance cruciale.

Kamala Harris, fille d'un étudiant jamaïcain en échange et d'une immigrée indienne, a été la deuxième sénatrice noire de l'histoire des Etats-Unis et a connu un grand succès en tant que procureure. Mais en tant que vice-présidente, la Californienne n'a jusqu'à présent pas réussi à jouer son coup.

La vice-présidente américaine Kamala Harris a une tâche de la plus haute importance qui l'attend au Bürgenstock.
Photo: imago/UPI Photo

Les républicains détestent par essence la première femme à occuper un poste de vice-président. Mais même du côté démocrate, Kamala Harris a récemment été attaquée, notamment par les jeunes et les milieux de gauche qui la soupçonnent d'être trop proche d'Israël.

Kamala Harris pourrait manquer sa cible

À une époque où même des experts tels que le statisticien vedette Nate Silver se demandent si les démocrates ne devraient pas écarter Joe Biden de la course, l'attention se porte à nouveau de façon insistante sur Kamala Harris. En tant que vice-candidate, elle serait l'héritière démocrate par défaut dans la campagne électorale actuelle si Joe Biden se retirait de la course. Si ce dernier venait à décéder, elle deviendra automatiquement présidente.

Son 17e voyage en tant que numéro deux Américaine – le tout premier en Suisse – est donc son voyage le plus important. En tant qu'invitée vedette au Bürgenstock (aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky, bien sûr), elle aura le rôle de porte-parole qui, au mieux, devrait annoncer à la fin de la conférence de deux jours des succès révolutionnaires dans la gestion de la menace russe.

Mais Kamala Harris pourrait bien manquer sa cible. Des voix internationales importantes comme la Turquie, la Chine, l'Afrique du Sud ou le Brésil ont annulé leur participation au sommet suisse. La vice-présidente voit ainsi ses chances de remporter un grand succès diplomatique en Suisse et d'aiguiser son maigre profil mondial s'évaporer.

Zelensky n'est pas un fan de Harris

En outre, la rencontre avec Zelensky s'annonce aussi délicate. La dernière fois qu'ils se sont rencontrés, c'était en février lors de la Conférence sur la sécurité de Munich. Selon le «Washington Post», Kamala Harris avait alors mis en garde Zelensky, à huis clos, contre des tirs sur les infrastructures pétrolières russes, car cela pourrait faire grimper les prix du pétrole et «provoquer inutilement» la Russie. Quelques semaines plus tard, l'Ukraine a attaqué pas moins de 12 raffineries de pétrole russes. Un signe clair de l'importance que le président ukrainien accorde à l'opinion de l'Américaine.

Zelensky ne s'en cache pas: il n'est pas fan de Kamala Harris. En mai encore, il a souligné à plusieurs reprises combien il serait important que Joe Biden se rende personnellement au sommet en Suisse: «Le Sommet de paix a besoin du président Biden.» S'il ne venait pas, ce serait une mini-victoire pour Poutine, avait souligné le président ukrainien.

On le sait désormais: Joe Biden ne viendra pas – mais Kamala Harris sera là avec, par ailleurs, les codes hautement confidentiels de la bombe atomique dans son bagage à main. S'il arrivait quelque chose à Joe Biden pendant le voyage de sa vice-présidente en Suisse, elle serait propulsée à la tête du pays et devrait pouvoir commander une attaque nucléaire en cas d'urgence. 

En début de semaine encore, la vice-présidente dansait sur scène avec le musicien Kirk Franklin lors d'une cérémonie à la Maison Blanche, devant une foule qui applaudissait. Au Bürgenstock, il faudra plus que de bons pas de danse pour impressionner le public.

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