Malgré les promesses en public
Les talibans abattent une femme sans burqa

Après avoir pris le pouvoir en Afghanistan, les talibans se sont montrés étonnement modérés. Ils ont promis en conférence de presse que la vie des Afghans, et en particulier des femmes, ne changerait pas. Des promesses contredites par des faits sanglants.
Publié: 18.08.2021 à 20:58 heures

Lorsque les talibans se sont présentés aux médias pour la première fois après avoir pris le pouvoir à Kaboul mardi, ils se sont manifestement efforcés de se monter conciliants. Loin des discours de terreur attendus, ils déclarent une amnistie générale pour tous les anciens fonctionnaires du gouvernement. Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, promet même que les droits des femmes seront respectés, dans le cadre de la charia. Il assure que les filles, même celles de plus de douze ans, pourront continuer à aller à l’école et que les femmes pourront continuer à travailler. Pour marquer encore plus leur «changement» de politique, les talibans accordent une interview télévisée où ils se font questionner par une femme. Une première historique.

Mais la meilleure des stratégies de communication ne peut pas effacer la brutalité des faits. L’image modérée qu’ont voulu se donner les talibans a été entachée par les révélations de Fox News. Le site d’information américain rapporte que les talibans ont abattu une femme à Taloqan, dans la province septentrionale de Tachar, parce qu’elle était sortie en public sans burqa. Une photo montre la femme tuée dans une mare de sang dans la rue tandis que plusieurs personnes (probablement des proches) sont penchées sur son corps. La photo semble avoir été prise par un passant avec un téléphone portable. On ignore encore comment Fox News a pu se procurer le cliché.

Des Afghans battus sur le chemin de l’aéroport

L’incident de Tachar rappelle de sordides souvenirs. Lorsque les talibans dirigeaient l’Afghanistan dans les années 1990, ils empêchaient les femmes et les filles de quitter leur domicile sans être accompagnées d’un homme de la famille. Il leur était également interdit de faire des études ou de travailler. Est-ce de nouveau l’avenir qui attend les femmes afghanes aujourd’hui?

Des personnes se penchent sur le corps d'une femme qui aurait été tuée par les talibans parce qu'elle ne portait de burqa à Taloqan, dans la province septentrionale de Tachar.
Photo: zVg
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Les talibans ont affirmé qu’ils n’interviendraient pas dans les procédures d’évacuation des Occidentaux. Mais ils ne manquent apparemment pas de réprimer sévèrement les tentatives de fuite des Afghans à l’aéroport de Kaboul. Comme plusieurs témoins oculaires l’ont raconté ces derniers jours, les talibans ont matraqué les personnes qui tentaient de fuir. «Il y avait des enfants, des femmes, des bébés, des vieilles femmes, ils pouvaient à peine marcher. Les gens étaient dans une très mauvaise situation», rapporte un ancien fonctionnaire du gouvernement qui était sur place. On estime que 10’000 personnes ou plus ont essayé de se rendre à l’aéroport.

Fusillade mortelle lors d’une manifestation

Toujours selon cet ancien fonctionnaire du gouvernement, les talibans recherchaient également des alliés américains dans les quartiers. Ses propres voisins avaient également été interrogés par les talibans à son sujet.

Des rapports en provenance de la ville de Jalalabad, dans l’est du pays, prouvent encore que les talibans enfreignent leurs promesses publiques. Là-bas, des centaines, voire des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre leur prise de pouvoir. Les manifestants voulaient s’opposer au remplacement des drapeaux afghans de la ville par des drapeaux talibans. Les islamistes ont tiré sur la foule lors du rassemblement. Selon la chaîne de télévision Al Jazeera, au moins trois personnes ont été tuées. (noo/mkl)

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