Menace de «guerre totale»
Pourquoi devons-nous craindre une invasion du Liban par Israël?

Dans l'optique de contrer les attaques du Hezbollah dans le nord, l'armée israélienne envisage d'envahir le Liban. Cette perspective inquiète non seulement la Maison-Blanche, mais pourrait également avoir des répercussions en Europe.
Publié: 20.06.2024 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 20.06.2024 à 06:38 heures
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Guido Felder

On croirait la méthode tout droit sortie du Moyen-Âge. Depuis plusieurs jours, les soldats israéliens lancent des boules de feu avec une grande fronde par-dessus un mur en direction du Liban. Leur objectif: mettre le feu à la végétation dense dans laquelle se cachent les combattants du Hezbollah.

Des soldats israéliens lancent des boules de feu avec une catapulte, par-dessus la frontière au Liban.

Si elles peuvent sembler relativement inoffensives à première vue, ces attaques pourraient bientôt se transformer en une guerre et entraîner de nombreux morts. Car mardi soir, l'armée israélienne a approuvé les plans d'une offensive au Liban pour lutter contre le Hezbollah.

Après l'Ukraine, le Proche-Orient va-t-il connaître une grande guerre? Blick explique pourquoi l'optique d'une invasion rend les Etats-Unis si nerveux et quelles pourraient être les conséquences pour nous.

Un char israélien se positionne à la frontière avec le Liban. Quand l'invasion commencera-t-elle?
Photo: AFP
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Que prévoit Israël au Liban?

Depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a fait près de 1200 morts et 250 otages, et l'invasion de la bande de Gaza par les Israéliens qui a suivi, le Hezbollah a intensifié son hostilité envers Israël depuis le sud du Liban. En raison des attaques de roquettes meurtrières et des contre-attaques, près de 150'000 personnes ont jusqu'à présent été déplacées des deux côtés de la région frontalière.

Mardi soir, l'armée israélienne a approuvé des «plans opérationnels pour une offensive au Liban». Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a choisi des mots violents: «Dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban gravement touché.» Peu après cette annonce, un missile israélien a tué trois combattants du Hezbollah dans le sud du Liban. Des guerres entre Israël et des troupes au Liban avaient déjà eu lieu en 1982 et 2006.

Mercredi soir, Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a prévenu qu'«aucun lieu» en Israël ne serait épargné par les missiles si les dirigeants israéliens mettaient à exécution leurs menaces. «L'ennemi sait parfaitement que nous nous sommes préparés au pire. Il sait qu'aucun lieu ne sera épargné par nos missiles.»

Quelles sont les chances d'Israël?

Une attaque israélienne se concentrerait probablement d'abord sur la destruction des centres de commandement, des bases de missiles et des dépôts d'armes par des tirs à distance. Dans le cadre d'une offensive terrestre, les Israéliens se lanceraient à la recherche du réseau de tunnels, qui s'étendrait sur plusieurs centaines de kilomètres.

La milice du Hezbollah est approvisionnée en armes et formée par l'Iran. Elle dispose d'environ 150'000 roquettes, dont beaucoup peuvent être tirées depuis des camions ou des bunkers souterrains, ce qui rend difficile la localisation des rampes.

Israël a certes une supériorité militaire. Mais selon le Center for Strategic and International Studies de Washington D.C. (CSIS), même des attaques massives n'entraîneraient pas la destruction du Hezbollah, car l'organisation est profondément enracinée au Liban et se replierait vers le nord.

Pourquoi la situation rend-elle les États-Unis si nerveux?

Les Etats-Unis sont déjà impliqués militairement dans plusieurs crises, notamment en Ukraine, à Taïwan et également dans la péninsule coréenne. Un nouveau foyer d'incendie engloutirait de nouvelles ressources militaires et mettrait au défi la défense américaine.

C'est aussi la réélection du président américain Joe Biden qui serait en jeu. L'indignation contre l'invasion israélienne de la bande de Gaza, qui a tué jusqu'à présent près de 37'000 Palestiniens, grandit dans le monde entier. Aux Etats-Unis, ce sont surtout les personnes d'origine arabe et de gauche – les électeurs de Biden – qui protestent contre la politique israélienne menée jusqu'à présent.

Pourquoi devons-nous craindre une invasion du Liban?

En cas de guerre ouverte au Proche-Orient, le monde entier tremblerait. Le CSIS écrit: «Une guerre pourrait accroître dramatiquement les tensions au sein de la population du Moyen-Orient et au-delà – y compris aux États-Unis et en Europe – et entraîner une augmentation des attaques de groupes soutenus par l'Iran contre Israël, les États-Unis et des cibles commerciales dans la région et les zones côtières.»

En cas de guerre généralisée, le CSIS s'attend à des répercussions importantes sur le commerce, les chaînes d'approvisionnement, les prix de l'énergie, les investissements et le tourisme, ainsi qu'à de grandes souffrances humaines et à des coûts humanitaires élevés.

Comment éviter une guerre?

Les Etats-Unis misent sur la désescalade. Lundi, Joe Biden a envoyé son conseiller Amos Hochstein au Proche-Orient en tant que médiateur. Les Etats-Unis continuent de retenir des milliers de missiles qu'ils avaient promis à Israël.

Les attaques du Hezbollah étant directement liées à l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré mardi: «S'il y a un cessez-le-feu à Gaza, je pense qu'il sera plus probable que nous puissions trouver une solution diplomatique à la crise dans le nord.»

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