«Non à un accord immoral!»
L'idée d'une trêve provoque des remous dans la classe politique en Israël

La pression de la communauté internationale et l'idée d'une trêve provoquent de l'agitation au sein de la classe politique israélienne, et particulièrement dans les rangs de Benjamin Netanyahu. Les avis divergent.
Publié: 02.02.2024 à 18:20 heures

Les pressions de l'opinion et de la communauté internationale pour obtenir une trêve à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, ainsi que la libération des otages israéliens, provoquent des remous au sein du gouvernement Netanyahu et de la classe politique.

Un accord pour libérer la centaine d'otages encore retenus par le mouvement palestinien et ses alliés est à l'étude. Ce projet se fonde sur la base d'une proposition émise à l'issue d'une réunion le weekend dernier entre représentants américains, israéliens, qataris et égyptiens.

«Non à un accord immoral!»

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, est attendu dans les prochains jours dans la région pour discuter du projet et faire taire les armes dans le territoire palestinien, aujourd'hui «inhabitable» selon l'ONU. Plus d'un million d'enfants à Gaza ont besoin d'aide en termes de santé mentale, selon l'Organisation.

Des activistes et des politiciens de droite tiennent une conférence appelant à la construction de colonies juives dans la bande de Gaza au Centre international des congrès de Jérusalem, le dimanche 28 janvier 2024.
Photo: imago/UPI Photo
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Mais l'extrême droite, membre de la majorité, affirme qu'elle renversera le gouvernement si un accord supposait la fin de la guerre. «Nous n'accepterons pas une situation dans laquelle le Hamas est gagnant», a déclaré mercredi le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir: «Non à un accord immoral!»

Une coalition fragile

Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tente de maintenir à flot une coalition fragile, l'une des plus à droite et des plus religieuses de l'histoire d'Israël, selon des analystes consultés par l'AFP. «Je pense que, du fait de la pression de l'opinion», le gouvernement «va accepter une forme d'échanges» entre des prisonniers palestiniens et des otages israéliens, estime Israela Oron, de l'Université Ben-Gourion du Negev: «Netanyahu essaye de préparer sa coalition à cet accord.»

Le leader de l'opposition, Yaïr Lapid, a proposé une alternative, affirmant consentir à la fin des combats si elle conduisait à la libération des otages. «Je ne suis pas prêt à ce qu'on ne libère pas les otages pour des raisons politiques. Donc, nous ferons ce qu'il faudra, a-t-il assuré sur la chaîne 12: S'il faut entrer dans le gouvernement(...), nous entrerons dans le gouvernement.»

Entretien annulé

Mais un entretien entre Benjamin Netanyahu et Yaïr Lapid, prévu jeudi, a été annulé, éloignant la perspective d'une ouverture entre les deux hommes. Et l'hypothèse de voir les ministres d'extrême droite quitter le gouvernement restait improbable, selon des experts.

«Je ne vois pas l'extrême droite déchirer un gouvernement qui constitue (...) l'aboutissement de leur carrière jusqu'à présent» et une opportunité de gouverner qui a peu de chances de se représenter à l'avenir, fait valoir Reuven Hazan, professeur de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem.

Un plan en trois phases

La première trêve en novembre avait duré une semaine, permettant la libération d'une centaine d'otages contre trois fois plus de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Le Hamas a fait état cette fois-ci d'une proposition en trois phases, dont une pause dans les combats de six semaines, avec prolongation possible.

Au cours de cette période, Israël devra libérer de 200 à 300 prisonniers palestiniens n'étant pas détenus sous un régime de haute sécurité, en échange de 35 à 40 otages captifs à Gaza, a indiqué une source au sein du Hamas proche des médiateurs égyptiens et qataris.

Seuls «les femmes, enfants et hommes malades de plus de 60 ans» détenus à Gaza pourront être libérés, a indiqué cette source à l'AFP. De 200 à 300 camions d'aide humanitaire pourront aussi entrer chaque jour dans la bande de Gaza.

Les otages, une priorité?

Benjamin Netanyahu doit prouver que la question des otages est une priorité pour son cabinet, sans pour autant sembler céder aux pressions du Hamas. Il a indiqué mercredi être prêt à un accord «mais pas à n'importe quel prix», ajoutant: «nous ne sortirons pas de soldats de Gaza, nous ne mettrons pas fin à la guerre, nous ne libérerons pas des milliers de terroristes».

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«Si j'avais gagné un dollar à chaque fois que l'extrême droite avait menacé de quitter le gouvernement, je serais en vacances au soleil à la plage, ironise Reuven Hazan: Je m'attends à ce qu'ils expriment leur mécontentement, mais entre ça et quitter le gouvernement, il y a de la marge.»

(AFP)

 

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