Voici la probabilité d'un Nexit
Le vainqueur des élections néerlandaises va-t-il détruire l'Union européenne?

Le vainqueur des élections aux Pays-Bas veut faire sortir son pays de l'Union européenne. Mais Geert Wilders parviendra-t-il vraiment à réaliser un Nexit? D'autres pays pourraient-ils lui emboîter le pas? Voici ce à quoi il faut s'attendre.
Publié: 25.11.2023 à 11:48 heures
Guido Felder

Le politicien d'extrême droite Geert Wilders a nettement remporté les élections législatives néerlandaises mercredi et a de bonnes chances de devenir Premier ministre. Il promet de stopper l'immigration, de lutter contre l'islam et de sortir de l'Union européenne (UE). Il a ainsi annoncé vouloir faire comme la Grande-Bretagne et organiser un «référendum obligatoire» sur un Nexit.

Quelle est la probabilité d'une telle issue et quelles en seraient les conséquences pour l'Europe? D'autres Etats européens vont-ils claquer la porte à l'UE? Blick apporte des éléments de réponse.

Quelles seraient les conséquences d'un Nexit pour l'UE?

Bruxelles perdrait son quatrième plus grand contributeur net. Selon l'Institut économique allemand (IW) à Cologne, les Pays-Bas faisaient partie des plus gros contributeurs financiers de l'UE l'an dernier, avec un solde budgétaire de 3,2 milliards d'euros, après l'Allemagne (19,7 milliards), la France (10 milliards) et l'Italie (3,9 milliards).

Geert Wilders a largement remporté les élections néerlandaises.
Photo: keystone-sda.ch
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Quelles seraient les conséquences pour les Pays-Bas?

Le Brexit a montré à quoi peut ressembler une sortie de l'UE. Après des négociations pénibles, l'économie britannique s'est partiellement effondrée. Selon l'Office fédéral de la statistique (OFS), les importations et les exportations de marchandises ont chuté de 129 à 106 milliards d'euros entre 2015 et 2022. Jonathan Slapin, professeur de politique européenne à l'Université de Zurich, est clair: «Les conséquences seraient catastrophiques.»

Le petit pays se retrouverait dans une situation similaire à celle de la Suisse et devrait conclure des accords de coopération avec les pays européens pour ne pas être isolé par des contrôles aux frontières. Une possibilité serait aussi de s'aligner sur la Grande-Bretagne, éloignée de seulement 90 kilomètres au niveau du détroit de Douvres.

Quelle est la probabilité d'un référendum?

La voie vers un référendum passe par une majorité au Parlement. Cela n'arrivera que si Geert Wilders parvient à former une coalition avec d'autres partis et à les convaincre de soutenir sa proposition. Or tous les partis importants soutiennent l'UE.

Geert Wilders a déjà prouvé en 2016 qu'il prenait la sortie de l'UE au sérieux lorsqu'il a déposé une demande de référendum. A l'époque, seuls 14 des 150 parlementaires avaient voté pour.

Le peuple accepterait-il un Nexit?

Certes, les Néerlandais ont montré qu'ils voulaient un changement en élisant Geert Wilders. Mais Jonathan Slapin estime que les chances d'un Nexit sont «quasi nulles».

Les Néerlandais sont des citoyens européens convaincus, comme l'a montré un sondage Eurobaromètre au printemps dernier. Ils sont en effet 77% à s'identifier à l'UE, une proportion nettement supérieure à la moyenne européenne de 72%. Seuls 16% des Néerlandais ont exprimé une opinion négative à l'égard de l'UE. Les Pays-Bas font d'ailleurs partie des six Etats fondateurs de la Communauté européenne.

La Grande-Bretagne a toutefois montré que des surprises n'étaient pas impossibles. En 2016, le Premier ministre de l'époque David Cameron avait fait voter les Britanniques sur la sortie de l'UE, en pensant qu'elle serait rejetée. L'histoire lui a donné tort.

Y aura-t-il d'autres sorties de l'UE?

Les mouvements anti-UE pourraient être stimulés par l'élection de Geert Wilders, mais d'autres votes sur la sortie de l'UE sont peu probables. Car même les partisans du leader néerlandais, comme le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, la nationaliste française Marine Le Pen et la cheffe de l'AfD allemande Alice Weidel, ne soutiennent pas sérieusement une sortie de l'UE.

Il serait par contre possible que certains pays comme la Hongrie, l'Italie, la Slovaquie, la Pologne et même la France en cas d'élection de Marine Le Pen à la présidentielle, augmentent la pression pour une transformation profonde de l'UE. C'est surtout sur le thème de l'immigration qu'ils exigent une approche plus dure.

Jonathan Slapin ne s'attend pas non plus à de nouvelles sorties de l'UE:«Les partis qui prônent une sortie de l'UE auront du mal à trouver une majorité et à construire des coalitions». Ce sont surtout le Brexit et la guerre en Ukraine qui auraient donné aux Européens un nouveau sentiment d'unité.

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