A cause de coûts trop élevés
Le Conseil national veut couper les ailes de la Patrouille Suisse

Le Département de la défense veut arrêter l'exploitation des avions F5 Tiger à la fin de l'année 2027. Le Parlement s'y est longtemps opposé. Mais jeudi, le Conseil national pourrait finalement sonner le glas de la légendaire patrouille aérienne suisse.
Publié: 12.06.2024 à 08:33 heures
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Dernière mise à jour: 12.06.2024 à 08:41 heures
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Daniel Ballmer

Au Palais fédéral, la résistance contre les plans d'économie de la ministre de la Défense Viola Amherd et du chef de l'armée Thomas Süssli s'effrite. Ces derniers préféreraient que l'avion de combat F-5 Tiger, devenu obsolète, soit retiré du service le plus tôt possible, et au plus tard en 2027. Le Parlement s'y est longtemps opposé car cela signerait probablement par la même occasion la fin de la Patrouille Suisse.

Mais entre-temps, le vent a encore tourné. Jeudi, le Conseil national décidera si le Conseil fédéral doit à nouveau rédiger un rapport sur la possibilité de continuer à utiliser le F-5. Mais les chances sont minces et un rejet signifierait l'ultime rugissement du Tigre.

«Ce serait un luxe de s'accrocher au F-5»

Aujourd'hui, seule l'UDC soutient imperturbablement l'avion de combat. Les élus du PLR et du Centre, en revanche, passent de plus en plus dans le camp de ceux qui veulent mettre le F-5 hors service. Ainsi, au Centre, seule une poignée de politiques s'oppose encore au retrait du service, apprend-on du groupe parlementaire. Et ce, en partie à cause de la conseillère fédérale Viola Amherd qui «s'agite pas mal en coulisses pour ses projets».

Le chef de l'armée Thomas Süssli veut se débarrasser de l'avion de combat F5 Tiger, devenu obsolète.
Photo: Keystone
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Viola Amherd semble par exemple avoir convaincu la conseillère nationale PLR Jacqueline de Quattro. «J'ai certes également signé le postulat pour la poursuite de l'exploitation, mais je suis arrivée entre-temps à d'autres conclusions», dit-elle. Viola Amherd a pu démontrer qu'avec l'introduction du nouvel avion de combat F-35, le F-5 ne sera plus nécessaire sur le plan militaire. Les coûts de l'instruction, de l'infrastructure ou de l'exploitation dépasseraient ainsi clairement son utilité.

«Ce serait un luxe de s'accrocher au F-5 uniquement pour la Patrouille Suisse, a déclaré Jacqueline de Quattro. Et je le dis en tant que fan.» Selon elle, il vaut mieux utiliser efficacement les moyens limités pour des systèmes qui sont effectivement nécessaires à la défense nationale. «Tout autre choix serait irresponsable dans la situation géopolitique actuelle.» La grande majorité du PLR rejettera donc le postulat.

«Besoin de ces millions pour une défense moderne»

Les Vert'libéraux sont unanimement opposés à la poursuite de l'exploitation des F-5 Tiger. «Un examen supplémentaire ne ferait que retarder cette décision. Nous avons besoin de ces 40 millions de francs annuels pour une défense moderne, estime le conseiller national Patrick Hässig. Tous les arguments sont déjà sur la table.» Que ce soit justement l'UDC qui argumente pour pouvoir utiliser les F-5 lors d'exercices internationaux est plutôt bizarre, estime-t-il. «Après tout, c'est justement l'UDC qui s'oppose à toute coopération internationale.»

Pour beaucoup, les problèmes financiers de l'armée sont déterminants. Pour combler les trous les plus urgents, elle économise dans tous les coins et recoins. Le chef de l'armée Thomas Süssli est précisément préoccupé par l'augmentation constante des coûts d'exploitation des systèmes d'armes obsolètes. C'est pourquoi il veut absolument se débarrasser de l'avion de combat Tiger. Viola Amherd avait déjà fait une tentative en 2022, mais elle avait alors échoué.

Le camp gauche-vert est, lui aussi, clairement opposé à la poursuite de l'exploitation du F-5. L'utilité n'est plus équilibrée par rapport à ses coûts – mais cela pourrait bientôt être terminé. «Si le postulat pour la poursuite de l'exploitation est rejeté, il ne serait pas osé de dire que cela sonne le glas du F-5», estime la politicienne socialiste en matière de sécurité Priska Seiler Graf. Et donc aussi celle de la légendaire Patrouille Suisse.

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