Broulis et Leuba doivent-ils partir?
Quentin Racine, vice-président: «Il faut du sang neuf au PLR»

Après avoir présenté jeudi soir une révision des statuts qui limiterait les élus à trois mandats, Quentin Racine, vice-président du PLR Vaud, revient sur ce sujet explosif. Sans jamais nommer les ministres Broulis et Leuba, directement concernés par cette proposition.
Publié: 03.07.2021 à 13:53 heures
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Dernière mise à jour: 03.07.2021 à 14:34 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Partira? Partira pas? Jeudi soir, au congrès du PLR Vaud à Aigle, tous les yeux étaient braqués sur les conseillers d’État Pascal Broulis et Philippe Leuba. Alors qu’ils n’ont toujours pas annoncé s’ils souhaitaient se représenter au Conseil d’État et que des voix se multiplient en coulisse pour qu’ils «dégagent», Quentin Racine, avocat et vice-président du parti bourgeois, a présenté une révision des statuts loin d’être anodine. Celle-ci interdirait immédiatement à tout membre du gouvernement vaudois de faire plus de trois mandats, sauf dérogation du congrès pour un seul mandat.

Cette proposition, qui sera finalement votée en septembre faute de quorum jeudi soir, écarterait d’office Pascal Broulis et Philippe Leuba. En effet, le ministre des finances achève son quatrième mandat, celui de l’économie son troisième. Quentin Racine avait dix ans quand Pascal Broulis est entré en fonction en 2002, quinze quand Philippe Leuba l’a rejoint en 2007. Les deux statues de commandeurs doivent-elles être déboulonnées? Interview.

Comment avez-vous senti la base jeudi soir, après avoir défendu la limitation des mandats?
Quentin Racine
: C’est difficile à dire en s'appuyant sur ce congrès. Les deux seules personnes qui se sont exprimées sur le fond n’y étaient pas favorables. C’est un sujet qui crée le débat, c’est clair. Mais quand je discute autour de moi, les gens semblent plutôt acquis à cette limitation de mandats, ils comprennent que ces statuts permettent tout de même de faire une belle carrière politique sans être bridé.

Quentin Racine, jeune vice-président du PLR Vaud, a présenté jeudi soir la proposition de révision des statuts du parti. Un combat qui s'annonce ardu.
Photo: Luca CARMAGNOLA - Looka Photographe

Au fond, que craignez-vous? L’usure du pouvoir?
Le fait qu’une personne reste longtemps dans un poste finit par décourager certains. Mais c’est partout la même chose, dans le monde sportif, le monde associatif, etc. À un moment donné, indépendamment de la qualité des personnes en place, il faut du sang neuf, des nouvelles idées. Par exemple, l’élection au Conseil d’Etat de Christelle Luisier a été une bouffée d’air frais pour notre parti. Des nouvelles personnes, c’est aussi un nouvel élan.

Les politiciens ne sont-ils pas comme le bon vin, à se bonifier avec le temps?
Je ne dis pas que l’expérience ne doit pas être prise en compte. Il est évident que pour des fonctions comme parlementaire fédéral ou Conseiller d’Etat, il est nécessaire d’avoir une certaine bouteille. Je rappelle en outre que les personnes qui seraient visées par une limite dans un mandat peuvent en briguer un autre, à un autre niveau. Un excellent vin reste excellent même s’il change de cave.

La temporalité de cette proposition de changement de statut interroge. Le PLR assure que la démarche n’est pas liée au flou entretenu par Pascal Broulis et Philippe Leuba. Mais elle ne tombe pas du ciel, non?
Le parti en discute depuis des années. Il était prévu que le vote se fasse lors d’un congrès au printemps 2020. Le Covid nous a obligés à reporter et nous tenions absolument à débattre en présentiel. Sur un sujet aussi important, c’est nécessaire pour nous d’avoir des discussions au congrès.

Seules deux personnalités ont pris la parole jeudi soir pour contester cette limitation de mandat. Une députée du Jura-Nord vaudois, terre de Pascal Broulis, et un député de Lavaux-Oron, vignes de Philippe Leuba. Était-ce, d’après vous, téléguidé?
Il s’agissait d’une discussion sur le texte des statuts et non pas le fond. Vu l’absence de quorum, nous ne pouvions en effet pas voter. Une personne que vous citez semblait en effet avoir préparé son intervention. Je ne doute cependant pas de sa conviction profonde, je ne pense pas que cette intervention ait été faite sous l’influence de qui que ce soit. Des gens sont opposés à cette réforme, nous le savons. Je pense cependant que si nous expliquons bien le texte, avec des exemples concrets, nous pourrons convaincre largement.

Le Comité directeur du PLR n’a jamais pris officiellement position sur les cas Pascal Broulis et Philippe Leuba. Cet organe est-il réduit à n’être qu’un bureau qui tient des comptes et traite de la paperasse?
C’est une vision réductrice. Nous avons toujours appelé de nos vœux un renouvellement à l’occasion des élections à venir, ce n’est pas un secret. Le comité directeur estime cependant que les personnes doivent être traitées avec respect. On ne peut pas organiser des conférences de presse pour annoncer qu’on ne soutient pas tel ou tel candidat, ce n’est pas l’image que je me fais de la relation entre des élus et un parti.

Et vous, estimez-vous qu’il est temps que Pascal Broulis et Philippe Leuba se retirent?
Je m’inscris pleinement dans la volonté de renouvellement souhaité par le comité directeur. Le président Marc-Olivier Buffat ne l’a par ailleurs jamais caché non plus. Notre parti vit des moments compliqués, on l’a vu aux communales, nous avons besoin d’un nouvel élan.

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