Chaleur, incendies et prix élevés
Les Suisses délaissent de plus en plus la plage et la Méditerranée en été

Les Suisses privilégient de plus en plus le printemps et l'automne pour leurs vacances. Alors qu'il était le moment le plus attendu de l'année, l'été semble, lui, délaissé. En cause: la chaleur, les intempéries et les prix.
Publié: 18.05.2024 à 17:43 heures
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Dernière mise à jour: 19.05.2024 à 12:29 heures
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Jean-Claude Raemy

Les vacances d'été commencent dans six semaines dans certains cantons et peu après dans d'autres. Autrefois, cela signifiait le grand départ pour les plus longues vacances de l'année: en voiture vers la Méditerranée, en avion vers des destinations lointaines, en train vers des villes passionnantes. Ceux qui se contentaient de passer leurs vacances en Suisse étaient pris en pitié.

En 2024, la tendance semble avoir changé. De nombreux Suisses passeront l'été dans leur pays, et sans subir la moindre raillerie. C'est ce que montre un sondage que Blick a réalisé auprès des principaux voyagistes suisses. De manière générale, la demande de vacances serait certes supérieure à celle de l'année précédente, mais uniquement grâce à de nombreuses réservations anticipées pour l'automne. En revanche, la saison traditionnellement la plus forte, l'été, est à la traîne. Un résultat qui a de quoi surprendre.

«Nous ressentons depuis des années la tendance des clients à passer leurs vacances plutôt en Suisse en été et à partir à l'étranger pour les vacances de printemps, d'automne ou de février», confirme Reto Amin, de l'agence de voyage zurichoise Amin Travel. Ce phénomène ne se limite pas à la Suisse: Selon un sondage de la chaîne hôtelière Accor, un voyageur européen sur trois fait l'impasse sur la haute saison au moment de faire ses réservations pour les vacances. Le «trou des réservations d'été» a plusieurs causes, mais l'une se distingue clairement: la chaleur.

Le balcon sera une destination très prisée des Suisses pour l'été 2024.
Photo: Getty Images/Westend61
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La Méditerranée est trop chaude pour beaucoup

Le report des vacances balnéaires en Méditerranée à l'automne et au printemps est «peut-être lié au souhait de pouvoir éviter les températures souvent élevées en été dans la région méditerranéenne», explique Karin Markwalder, responsable des vacances balnéaires chez Kuoni/Helvetic Tours.

Les températures estivales moyennes dans le bassin méditerranéen ont considérablement augmenté au cours des dix dernières années – ironiquement, le trafic aérien touristique est l'un des principaux moteurs de ce changement climatique. Des vagues de chaleur et des incendies de forêt en résultent, à l'instar de celui qui a ravagé Rhodes, en Grèce, l'été dernier.

«La chaleur pousse certains Suisses à réserver davantage de vacances pendant les saisons plus fraîches ou dans le nord de l'Europe», confirme également la porte-parole d'Hotelplan Bianca Gähweiler.

Plus de besoin de rattrapage, attendre et observer

De plus, après la pandémie de Covid-19, un phénomène connu sous le nom de «Revenge Travel» a pu être observé. La suppression des restrictions de voyage a entraîné de nombreux déplacements, l'argent des vacances épargné a été dilapidé. Cette tendance est maintenant révolue.

Un autre facteur explique cette chute des réservations en été: les prix des voyages ont augmenté ces dernières années, tout comme de nombreux coûts inhérents à notre vie – loyers, assurance maladie et autres. «Dans l'ensemble de la branche, on constate que les Suisses attendent très longtemps cette année pour réserver leurs vacances d'été», analyse Ludovic Rigel, directeur suisse de FTI Touristik. «Les gens attendent de voir comment les prix vont évoluer et s'il y a des bonnes affaires à saisir à court terme.» Il y a aussi des préoccupations sécuritaires liées aux nombreux conflits dans le monde et à leurs possibles répercussions. Certains guettent en outre la situation météorologique et l'évolution des températures sur le lieu de vacances souhaité.

Le fait qu'il y ait deux grands événements estivaux à proximité de la Suisse – à savoir le championnat d'Europe de football en Allemagne et les Jeux olympiques en France – ne facilite pas non plus la vie des voyagistes. Christian Lässer, 60 ans, expert en tourisme à l'université de Saint-Gall, voit une autre raison à la morosité des réservations estivales: «Le nombre de voyageurs liés aux vacances scolaires diminue nettement.» Ceux qui ne sont pas forcés de voyager pendant les vacances d'été – les plus chères de l'année – se rabattent sur d'autres dates pour économiser.

Les prix vont-ils chuter?

Pour stimuler les vacances d'été, plusieurs voyagistes suisses prévoient des mesures de promotion et des ventes ciblées. Michael Grütter, responsable d'Express Travel International pour la Suisse, croit à une ruée tardive sur les réservations: «Ce n'est qu'une question de temps avant que les réservations estivales ne décollent». Karin Markwalder, de chez Kuoni/Helvetic Tours, s'attend également à des affaires plus florissantes à court terme, «car les prix pour les mois d'été sont en train de baisser».

Et ceux qui ne voyagent pas à l'étranger, que vont-ils faire? Prendront-ils des vacances ou en profiteront-ils pour économiser et travailler toute la journée? Selon une étude de l'UBS, le nombre de clients suisses dans les hôtels du pays va stagner ou diminuer cet été. Il semble donc que de nombreuses personnes souhaitent privilégier leur balcon pour passer l'été.

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