La police lausannoise a-t-elle bel et bien éborgné un jeune supporter de 15 ans en avril 2022? C’est la question que pose le Vert Ilias Panchard, élu au Conseil communal (législatif) lausannois, à sa Municipalité. Il a déposé une interpellation lors de la séance du 21 mai.
L’élu lausannois, coprésident de la section écolo locale, questionne la pertinence de l’utilisation, par les forces de l’ordre, de lanceurs de balles en caoutchouc. Il existe plusieurs modèles de cette arme, notamment le TW73 et sa version modifiée, le LG07. Ils sont utilisés pour maintenir l’ordre, par exemple lorsque des supporters s’affrontent en marge de matches de football.
L’élu écologiste n’en peut plus des débordements des ultras. Il propose d’interdire les cortèges entre la gare et les stades. Voire de jouer les matches à huis clos. «Ce genre de mesures, la municipalité dit pouvoir les prendre, mais pour l'instant, elle n'a jamais osé le faire», confie-t-il à Blick ce 27 mai.
L'affaire du jeune ado éborgné
Le cas tragique d’un jeune fan éborgné plane sur son interpellation: Ilias Panchard fait référence à une enquête du journal «Le Temps», qui révélait fin avril qu’un jeune genevois de 15 ans — prénommé Marc* par le quotidien — avait perdu son œil en 2022 à la sortie du stade de la Tuilière, après une rencontre Lausanne-Servette.
Petit rappel des faits. À la fin du match, les supporters ultras des deux camps rivaux s’invectivent. La police décide de tirer, et le jeune ado reçoit un projectile en caoutchouc dans l’œil gauche. Il n’a depuis récupéré qu’entre 10 et 20% de ses capacités visuelles.
La famille de Marc a porté plainte contre inconnu pour lésion corporelle grave. L’enquête du procureur démontrera, par la suite, que le policier qui a tiré était trop proche de l’ado. L’agent aurait dû se tenir à 20 mètres de sa cible, or, il se trouvait à 15,23 mètres de la victime.
Ilias Panchard veut des réponses
En interpellant la Municipalité, Ilias Panchard veut notamment obtenir des réponses sur deux questions. Premièrement, La distance de 15,23 mètres dans le cas de Marc était-elle réglementaire? Quelles sont les distances de tir autorisées avec un lanceur de balles en caoutchouc? L’élu espère une réponse au plus vite de sa Municipalité
Du côté de la justice, l’affaire sera probablement close courant mai par le procureur. La famille pourrait faire recours, mais affirme au «Temps» avoir des moyens financiers limité.
Deuxièmement, à l’instar de la police cantonale vaudoise, l’usage de ce modèle d'arme est-il désormais aussi abandonné par la police municipale lausannoise? Le conseiller d’État en charge de la sécurité, Vassilis Venizelos, assure que «le lance-grenade TW73 n’est en effet plus utilisé aujourd’hui dans le canton de Vaud».
Des responsabilités à prendre
Pour Ilias Panchard, les responsabilités doivent être partagées. «Le club doit aussi prendre ses responsabilités. Il doit peut-être envisager une table ronde avec tous les acteurs des dossiers parce qu'il ne faut pas simplement ne rien faire et ensuite se plaindre lorsque la saison redémarre», nous déclare encore Ilias Panchard.
L’élu Vert devrait recevoir dans les prochaines semaines une réponse à son interpellation. Il souligne: «La Municipalité n'a pas besoin de beaucoup de semaines pour pouvoir y répondre, étant donné qu'il y a des matchs chaque week-end, je crois que ces protocoles sont connus. Après, la question, c'est est-ce que la police a envie de les rendre transparents? Ça, je n'en suis pas sûr...»
*Prénom d'emprunt