Ils veulent geler leurs avoirs
Après les néonazis, les antifas ont aussi un compte Postfinance

Les antifas ont lancé une pétition en ligne pour faire bloquer un compte Postfinance du groupe d'extrême droite «Junge Tat». Ce qui est croustillant, c'est que ces mêmes antifas ont également un compte chez Postfinance.
Publié: 10.04.2022 à 13:49 heures
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Dernière mise à jour: 10.04.2022 à 14:17 heures
Sarah Frattaroli

«Pas de compte pour Junge Tat!», demande une pétition en ligne sur la plateforme Campax. Plus de 2600 personnes s'y expriment pour que Postfinance bloque le compte du groupe néonazi Junge Tat. La banque a confirmé cette semaine à Blick que la relation avec ce client désormais encombrant serait examinée. Junge Tat devra sans doute bientôt recourir à d'autres canaux pour sa collecte de dons.

Derrière la campagne en ligne se cache, entre autres, des milieux antifascistes de l'ultra-gauche. Les recherches de Blick démontrent qu'au moins l'un des groupes qui demande la suspension du compte de «Junge Tat» a un compte ouvert dans la même banque et pour la même raison: la collecte de dons. «Nous nous engageons tous bénévolement», écrit l'organisation sur son site web. «Malgré cela, nos activités coûtent de l'argent. Nous serions heureux que tu nous soutiennes par un don.» Suit l'IBAN du compte Postfinance.

Des nazis démasqués

Dans son évaluation actuelle de la situation, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) est clair: les groupes extrémistes, de droite comme de gauche, ont vu leurs rangs grossir durant la pandémie. Le rapport indique que les groupes antifascistes sont définis comme «ceux qui considèrent que leur mission est d'attirer l'attention du public sur les tendances d'extrême droite et les incidents à caractère raciste». Si les antifascistes ne sont certes pas qualifiés d'extrémistes par les services secrets, ceux-ci relèvent néanmoins que «pour les antifas, porter atteinte à l'intégrité physique d'une personne qu'ils considèrent comme étant d'extrême droite est un acte acceptable».

Les antifascistes s'en sont pris à la banque Postfinance.
Photo: Keystone
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Selon le SRC, les extrémistes de gauche et de droite se livrent une bataille de l'ombre. Dernière action en date des extrémistes de gauche: Sur nazifrei.ch, ils dévoilent l'identité de membres de «Junge Tat». Y compris le nom, la photo, l'adresse et le numéro de portable. Des experts en droit condamnent cette démarche qui viole la protection de la personnalité, que ces gens soient nazis ou non. Le site web Nazifrei est, selon ses propres indications, «powered by your local Antifa».

Postfinance reste floue

Reste une question, que nous avons posé à la Postfinance: si le compte du mouvement d'extrême droite «Junge Tat» est bloqué, ne devrait-il pas en être de même pour le mouvement d'extrême gauche Antifa? Après tout, Postfinance se distancie «de tous les mouvements et groupements extrémistes», comme elle le disait encore il y a quelques jours.

Postfinance botte en touche et refuse de se prononcer sur le cas concret, se référant au secret bancaire. Et nous donne la même réponse qu'elle a déjà fourni à la presse à propos du compte des radicaux de droite: «Postfinance vérifie en permanence, dans le cadre de son devoir de diligence, si une relation d'affaires peut être maintenue ou doit être interrompue.»

Dans le cas de «Junge Tat», Postfinance a laissé entendre que les relations avec les clients seraient rompues si les informations contenues dans la pétition en ligne étaient exactes.

Les radicaux de gauche ont décliné tout commentaire.

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