Guy Parmelin face aux lecteurs de Blick
Sur la vaccination: «S'il vous plaît, calmez-vous!»

Nos lecteurs ont pu poser des questions au Président de la Confédération Guy Parmelin. De nombreux sujets ont été abordés, des plus sérieux (Covid, vaccination, unité de la Suisse), aux plus personnels.
Publié: 18.11.2021 à 06:06 heures
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Dernière mise à jour: 18.11.2021 à 12:23 heures
Benjamin Fisch et Sermîn Faki

Le mandat d'une année de Guy Parmelin en tant que président de la Confédération touche à sa fin. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce ne fut pas une partie de campagne. Le Covid a marqué le quotidien politique, échauffé les esprits et endeuillé bon nombre de familles.

Malgré un emploi du temps très chargé, le Vaudois a pris 40 minutes pour répondre aux questions des lecteurs et lectrices de Blick dans son bureau du Palais fédéral. Des adolescents lors de la Journée «Futurs en tous genre» ont également pu soumettre leurs interrogations au conseiller fédéral, qui s'est prêté au jeu. Y compris lorsque les questions sont devenues personnelles.

À propos des vaccins

De nombreux lecteurs s'interrogent sur la dose de rappel. Quelle est son importance?

Guy Parmelin: Elle est cruciale. Surtout pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli et pour les personnes âgées. Des études internationales et l'expérience de pays comme Israël montrent que l'immunité diminue après six mois. La vaccination de rappel permet de l'augmenter à nouveau et d'éviter ainsi les hospitalisations. De plus, le virus est moins transmissible après la dose de rappel. Cela peut être très utile.

Roman Jehli: Même dans les pays où le taux de vaccination est élevé, le nombre de cas augmente à nouveau. Pourquoi augmente-t-on malgré tout la pression sur les personnes non vaccinées?

Nous n'avons pas besoin de regarder à l'étranger. Dans les cantons où le taux de vaccination est plus élevé, par exemple au Tessin et en Suisse romande, l'incidence est beaucoup plus faible que dans les cantons où le taux de vaccination est faible, comme en Suisse centrale ou orientale. Voici les faits.

Sur les opposants aux mesures sanitaires et les manifestations

Christian Ess: Que faites-vous pour éviter la division de la Suisse? Il me manque un conseiller fédéral qui se tienne debout et dise: la paix nationale est le bien le plus précieux que nous ayons. Nous devons tous veiller les uns sur les autres, quel que soit le camp dans lequel nous nous trouvons.

Tout à fait d'accord. Cette agressivité m'inquiète aussi. Elle n'existe pas seulement chez les opposants aux mesures Covid. Je l'ai également vécue lors de la campagne de votation sur les initiatives relatives aux pesticides. Nous sommes un pays libre, dans lequel on peut défendre ses propres idées. Mais à la fin, il y a un vote et une décision. Il faut les respecter.

Blick: Comment vivez-vous cela?

Je vois de l'agressivité des deux côtés. J'ai lancé un appel à plusieurs reprises: S'il vous plaît, calmez-vous! Nous devons respecter les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner. Mais ces personnes doivent aussi comprendre que les vaccinés veulent à nouveau vivre normalement. Le Conseil fédéral essaie toujours de maintenir cet équilibre.

Severin Pfeffer: Dans quelle mesure les manifestations des opposants aux mesures vous inquiètent-elles?

Ce sont des signaux importants. Tant que ces manifestations sont autorisées et se déroulent dans le calme, cela ne me pose aucun problème. C'est notre démocratie, c'est tout à fait normal. Mais ce qui est inacceptable, c'est lorsque des personnes sont menacées parce qu'elles disent publiquement qu'elles se font vacciner. Ou lorsque des parlementaires qui font des appels à la population reçoivent des menaces de mort. Cela n'est pas acceptable!

Sur la politique suisse

Jean-Philippe Ducrey: Pourquoi le plus grand groupe de population de Suisse - les sans-parti - n'a-t-il pas de conseiller fédéral?

Notre système est ainsi fait que l'Assemblée fédérale élit les sept conseillers fédéraux. Et les parlementaires élisent des personnes qu'ils connaissent. Et ce sont en général des personnes qui sont membres d'un parti. Je ne vois pas comment on pourrait changer cela.

Michelle, stagiaire de la journée «Futurs en tous genres»: Qu'est-ce que vous trouvez le plus cool dans votre travail?

Il y a beaucoup de bonnes choses! Ce qui est vraiment sympa, c'est lorsque l'on remporte un succès. Nous accompagnons des thèmes pendant de nombreuses années, souvent jusqu'à un référendum. Si on gagne ce dernier, c'est énorme: c'est se dire que j'ai fait quelque chose de bien et que le Parlement et la population soutiennent.

Blick: Qu'est-ce qui est le plus beau dans la fonction de président de la Confédération?

Le président de la Confédération doit tout d'abord diriger les séances du Conseil fédéral. Mais il a la possibilité d'avoir des contacts étroits avec la population pendant l'année présidentielle. Je trouve cela très important. Et puis, il y a les rencontres internationales. J'ai ainsi pu discuter avec le pape, j'étais à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU... sans oublier le sommet à Genève entre le président Joe Biden et le président Vladimir Poutine.

Buqa Mihane: vous avez parlé avec Vladimir Poutine et Joe Biden. Êtes-vous optimiste quant à la relation entre les deux pays?

Le résultat le plus immédiat du sommet a été que les deux pays envoient à nouveau des ambassadeurs. Pour le monde, c'est très important. Pour la Suisse aussi: nous avons pu profiter de la rencontre pour faire passer des messages importants et souligner l'importance des bons offices. Le sommet a été un succès à mes yeux.

Blick: Comment réagissez-vous lorsque vous ou votre entourage êtes attaqués en raison de décisions politiques?

En tant que politicien, vous devez vivre avec les critiques. De plus, nous sommes à Berne, plongés dans nos dossiers. On peut passer à côté de l'une ou l'autre chose. Et si nos choix sont remis en question, c'est très bien. Cela ne veut pas dire que nous changeons d'avis tous les jours. Mais parfois, il est bon d'être confronté directement au citoyen ou à la citoyenne.

Sur des sujets plus personnels

Mia, stagiaire de la journée «Futurs en tous genres»: êtes-vous fan de Roger Federer?

Oui, je l'ai rencontré une fois à Londres. C'est un modèle pour tous.

Blick: Fondue ou raclette, qu'est-ce que vous préférez?

Les deux. Une fondue à Fribourg et une raclette en Valais.

Ruby, stagiaire de la journée «Futurs en tous genres»: Quelle était votre matière préférée à l'école?

L'histoire, le latin et la littérature française.

Blick: En tant que viticulteur, vous vous y connaissez en vin. Quel est votre vin blanc préféré?

Un vin blanc de ma région: un chasselas de Vinzel.

Max, stagiaire de la journée «Futurs en tous genres»: Que vouliez-vous faire quand vous étiez enfant?

Au début, vétérinaire. Puis je me suis dit qu'avocat, c'était bien aussi. J'avais l'impression qu'on pouvait y gagner beaucoup d'argent. Puis mon père a construit une nouvelle ferme, et j'aurais trouvé dommage de ne pas la reprendre.

Blick: Un lecteur a observé que vous étiez toujours bien rasé. Vous est-il déjà arrivé de pensé à vous laisser pousser la barbe?

Non, mais une fois, quand j'étais jeune, j'ai eu une moustache. Mais seulement brièvement.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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