«Les électeurs ne savent pas à quoi s'en tenir»
Bataille de chiffres: le PLR attaque le PS sur le plafonnement des primes

Une bataille de chiffre fait rage dans le cadre de la campagne de votation sur le plafonnement des primes. Le PLR accuse le PS de se servir de certains scénarios statistiques comme bon lui semble et de manquer de sérieux. La gauche réplique.
Publié: 25.05.2024 à 16:54 heures
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Dernière mise à jour: 25.05.2024 à 17:05 heures
Sermîn Faki

Plus que deux semaines avant que la Suisse ne vote sur l'initiative du Parti socialiste (PS) visant à plafonner les primes d'assurance maladie. Si elle est adoptée, les assurés helvétiques ne devront pas débourser plus de 10% de leur revenu pour payer leur prime.

Longtemps silencieuse, la campagne de votation s'agite dans la dernière ligne droite. Le débat se cristallise sur les coûts qu'engendrera l'initiative. La Confédération les a estimés entre 3,5 et 5 milliards de francs sur la base des données de 2020. Elle s'est basée sur la prime standard (onéreuse) avec une franchise de 300 francs. D'ici à 2030, les coûts supplémentaires pour la Confédération et les cantons pourraient se situer entre 7 et près de 12 milliards de francs.

«Argumentation contradictoire»

Du côté des initiants, on avance des chiffres différents. Récemment, le conseiller aux États socialiste Pierre-Yves Maillard a mis en doute les estimations de la Confédération et a articulé des coûts inférieurs à 2 milliards. Quant au conseiller national du PS Baptiste Hurni, il s'est appuyé sur ces mêmes estimations de la Confédération pour déclarer, sur le plateau d'Infrarouge, que le seul canton de Vaud recevrait 541 millions de francs de la Confédération.

La conseillère nationale PLR Regine Sauter reproche à la gauche de s'empêtrer dans des contradictions concernant les coûts de l'initiative pour le plafonnement des primes.
Photo: Keystone
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«Ce n'est pas sérieux, les votants ne savent pas à quoi s'en tenir et ce qui les attend»
Regine Sauter, conseillère nationale PLR
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Comment ces deux estimations comptables peuvent-elles coexister, se demande-t-on au PLR. «L'argumentation contradictoire des initiants montre à quel point l'initiative sur les primes n'est pas mûre», déclare par exemple la conseillère nationale PLR Regine Sauter. Même la gauche n'est pas d'accord sur les implications financières de l'initiative, fait-elle remarquer. Il est évident que les deux socialistes – Baptiste Hurni et Pierre-Yves Maillard – ne peuvent pas avoir tous les deux raison. «Ce n'est pas sérieux, les votants ne savent pas à quoi s'en tenir et ce qui les attend.»

Pierre-Yves Maillard et la Confédération calculent différemment

Le Vaudois Pierre-Yves Maillard défend son estimation de 2 milliards en se référant à son canton d'origine, qui a déjà introduit le plafonnement des primes à 10%. «Selon le budget, les réductions de primes coûtent cette année 140 millions de francs au canton de Vaud, plaide-t-il en faisant le calcul suivant. Environ 10% de la population suisse vit en terre vaudoise. Si l'on appliquait l'initiative comme le fait le canton de Vaud, on arriverait à des coûts de 1,4 milliard de francs.» Pour tenir compte d'éventuelles différences entre les cantons, il avance un paquet de «moins de 2 milliards».

Aucune contradiction en vue pour Pierre-Yves Maillard. Le calcul pour les réductions de primes dans le canton de Vaud est différent de celui utilisé pour les scénarios de la Confédération. En effet, c'est une prime moyenne qui sert de base et non une prime standard. Cela signifie que les coûts pour la collectivité sont moins élevés. Pour les initiants, il est clair que l'initiative serait plutôt mise en œuvre selon le modèle vaudois.

De plus, se concentrer uniquement sur les primes est trop restrictif selon le camp socialiste: les coûts des prestations complémentaires et de l'aide sociale ne sont pas pris en compte. Les augmentations d'impôts que les opposants brandissent pour faire peur ne seraient pas du tout nécessaires, comme le montre l'exemple vaudois. «Au contraire, depuis la mise en place du système des primes, le canton a baissé ses impôts à deux reprises.» À noter tout de même que le canton de Vaud bénéficie d'une économie prospère, ce qui n'est pas le cas de tous les autres cantons.

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