L'OFSP contredit les entreprises pharmaceutiques
Le 3ème vaccin de rappel ne passera pas en Suisse

Pfizer/Biontech fait des recherches à ce sujet. Moderna la recommande avant l'hiver. Mais l'Office fédéral de la santé publique ne veut pour l'heure rien savoir. Voici pourquoi la vaccination de rappel divise le monde de la santé.
Publié: 07.08.2021 à 19:46 heures
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Dernière mise à jour: 08.08.2021 à 06:21 heures
Fabio Giger, Daniella Gorbunova (adaptation)

Moderna veut lancer son «booster» - la 3ème dose de vaccin - avant l'hiver. Des études menées par la société pharmaceutique américaine montrent que deux doses offrent une protection de 93 % contre le Covid, six mois après la deuxième dose.

Un rappel serait néanmoins nécessaire, car les anticorps se dégradent avec le temps et les défaillances vaccinales sont plus probables en raison du variant Delta. Pfizer/Biontech veut également vacciner les gens une troisième fois, s'appuyant sur les mêmes arguments.

«Nous manquons de données»

Mais l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) voit les choses différemment. Selon l'instance, la vaccination complète (deux doses) par ARNm offre une bonne protection contre les variants actuels du virus. «A l'heure actuelle, aucune vaccination de rappel n'est prévue pour la population générale cette année», précise l'OFSP.

Moderna recommande une troisième piqûre avant l'hiver.
Photo: imago images/Eyepix Group
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L'infectiologue Andreas Cerny soutient cette attitude précautionneuse: «Actuellement, nous manquons de données pour savoir si la protection vaccinale, parmi la population générale, n'est véritablement plus garantie après six mois avec deux doses», explique-t-il en réponse aux sollicitations de Blick.

Or, il en est autrement pour les groupes à risque: pour eux, il existe suffisamment d'informations confirmant que la réponse en anticorps n'est pas assez élevée après deux doses seulement. «Une troisième vaccination devrait être administrée prochainement aux personnes à risque», précise ainsi l'infectiologue.

«La Suisse doit agir elle-même»

Toutefois, il n'exclut pas qu'une troisième vaccination pour la population générale soit nécessaire à un moment donné. «Mais l'efficacité et l'innocuité d'un troisième vaccin doivent être bien documentées avant qu'une recommandation officielle puisse être faite», précise Andreas Cerny.

L'épidémiologiste Marcel Tanner affiche quant à lui une position plus pro-active. Selon lui, il faut prendre les devants pour créer les données qui nous manquent. Il faudrait ainsi convoquer ceux qui ont déjà bénéficié d'une vaccination complète «et administrer une dose de rappel à ceux qui le souhaitent».

Swissmedic attend des candidatures

Marcel Tanner nuance néanmoins: le scientifique ne pense pas qu'une troisième dose de rappel pour l'ensemble de la population ait du sens à l'heure actuelle.

Quoi qu'il en soit, avant que les premiers volontaires ne puissent recevoir la troisième piqure, l'institut Swissmedic doit délivrer une autorisation. Jusqu'à présent, aucune demande de ce type n'a été reçue de la part de Moderna ou de Pfizer/Biontech.

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