Manifestation anti-loi Covid
Une alliance gauche-droite inquiète les partisans de la loi Covid

La droite et la gauche ont manifesté côte à côte ce samedi contre la loi Covid. Cette alliance contre-nature a de quoi inquiéter. Décryptage de ce nouveau phénomène.
Publié: 24.10.2021 à 12:15 heures
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Dernière mise à jour: 24.10.2021 à 13:00 heures
Tobias Marti (Texte) et Thomas Meier (Photos)

Les drapeaux qui flottaient ce samedi à Berne étaient pour le moins étonnants. Sur l'un l'on pouvait lire «Action antifasciste», sur l'autre trônait une étoile rouge; insigne clairement reconnaissable du mouvement de gauche. Mais que font ces gens dans les rangs d'une manifestation autorisée d'opposants aux mesures?

La «Frei Linke» était présente.
Photo: Thomas Meier

Un bloc se distingue

Les manifestants anti-mesures Covid sont principalement considérés comme ruraux et conservateurs. Fréquemment rejoints par les extrémistes de droite, ils sont des milliers à être présents à Berne ce samedi pour battre le tambour contre la loi Covid-19, surtout au sujet du certificat.

Mais un petit bloc de gauche se distingue dans la foule. Il semble compter une centaine de manifestants. Ce groupe est issu du tout nouveau mouvement «Freie Linke Schweiz». C'est la première fois que la droite et la gauche semblent faire si visiblement front commun en Suisse – ce qui devrait susciter des inquiétudes grandissantes au sein du Conseil fédéral.

C'est nouveau: des drapeaux de gauche se trouvaient à la manifestation d'hier.
Photo: Thomas Meier
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«Continuer à faire semblant qu'il n'y a pas de pandémie»

Le responsable de la campagne pour le "oui" à la loi Covid-19 ne cache pas son aversion. «Je suis très déçu de voir avec qui certains membres de la gauche et des Verts s'allient», commente Peter Metzinger. Le mouvement des Trychler ne s'oppose pas uniquement certificat, mais à toute mesure anti-coronavirus. «Ce qui les intéresse est de continuer à faire semblant qu'il n'y a pas de pandémie», explique le responsable de campagne. En fin de compte, conclut-il, la vraie question est de savoir si nous voulons une politique faite de faits scientifiques et d'éducation, ou une politique fondée sur «les contes de fées de la conspiration et la désinformation».

Peter Metzinger doute beaucoup que cette gauche manifestante n'appartienne véritablement à ce bord. «Je me demande si la «Freie Linke Schweiz» n'est pas simplement étiquetée comme étant de gauche afin de s'attirer des votes du spectre de gauche». Pour les opposants aux mesures, analyse-t-il, il est de plus en plus important de cesser d'être assimilés à la droite. Ces manifestants se montreraient-ils sous un faux drapeau?

«Pas alignée sur la droite»

Simone Machado est une femme politique d'extrême gauche. Elle siège pour le «Grün alternative» au parlement de la ville de Berne. C'est elle qui a co-organisé la manifestation de samedi au nom de la «Freie Linke Schweiz». «Je n'ai pas l'impression de m'aligner sur la droite», se défausse-t-elle. On trouve des critiques de gauche et des critiques issus des Verts: la remise en question des mesures étatiques n'est pas l'apanage de la droite. Mais jusqu'à présent, ils n'ont pas osé s'exprimer, affirme-t-elle. Le discours critique a été restreint pendant la pandémie. Tout ce qui ne suivait pas les mesures était de droite, stupide ou mauvais», s'indigne-t-elle.

Les frontières entre les catégories de gauche et de droite devraient être adoucies selon elle: la «Freie Linke Schweiz» est un vaisseau pour les personnes orientées à gauche, mais qui ont perdu leur foyer politique. Ce mouvement est contre le certificat, mais absolument pas contre toutes les mesures. Simone Machado tient à clarifier sa position: elle ne compte absolument pas faire alliance avec n'importe qui pour parvenir à ses fin. «Je ne crains pas d'entrer en contact avec l'UDC, mais je ne ferai jamais cause commune avec Mörgeli, Köppel et consorts.»

L'organisatrice est, selon ses mots, attaquée à gauche et à droite: «Il me semble que la démocratie devrait se réveiller, et avec énergie». Quel que soit le résultat du vote, continue-t-elle, le discours politique se doit d'être mené.

La première personne de gauche à s'être mobilisée contre le projet de loi Covid-19 a été Sybille Berg. L'écrivaine craignait que ce certificat n'entraîne une «surveillance totale».

Peu d'enthousiasme dans le camp du oui

Selon le sondage GFS de cette semaine, 61% des personnes interrogées sont actuellement en faveur de la loi Covid – ce qui constitue un coussin peu confortable. De nombreuses personnes vaccinées se lasseraient également de ces mesures anti-coronavirus. Nous retrouverons-nous donc avec une surprise à la fin du sucrutin, comme lors de l'initiative sur les minarets?

Cinq semaines avant le verdict, le soutien à la loi Covid-19 est faible. Bien que tous les grands partis, à l'exception de l'UDC, y soient favorables, ils ne semblent pas se mobiliser pour faire campagne. Les associations d'entreprises paraissent également rechigner à investir.

Dans le camp du non, la campagne s'organise différemment: les «Ami.e.s de la Constitution» et leurs alliés ont récolté plus de 800'000 francs pour leur campagne. «Le 'oui' n'est pas du tout assuré, cela pourrait mal tourner, prévient Peter Metzinger. Nous manquons de fonds. C'est pourquoi nous avons besoin de toute urgence du soutien de toutes les associations d'entreprises». Ils devront informer et mobiliser la population de toute urgence.

Plus de 10'000 opposants aux mesures ont manifesté samedi à Berne.
Photo: Thomas Meier

Plus de 10'000 personnes ont participé à la manifestation de Berne. C'est la manifestation de ce type la plus importante à ce jour.

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