Un modèle low cost comme solution
L'assurance maladie du PLR? «De l'eau plutôt que du champagne»

Aïe... Les primes d'assurance maladie vont à nouveau augmenter massivement en 2024. Le Parti libéral-radical prévoit en réaction un changement important de système dans l'assurance de base. Au grand dam de la gauche. Explications.
Publié: 09.07.2023 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 09.07.2023 à 08:15 heures
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Peter Aeschlimann

Cette échéance donne déjà des maux de ventre à Alain Berset. L’une des dernières actions du ministre socialiste de la Santé sera d’annoncer à l’automne une nouvelle forte hausse des primes d’assurance maladie. Cette fois, l’assurance de base devrait augmenter d’environ 6%. Pour les familles et la classe moyenne, qui ne peuvent pas bénéficier de réductions de primes, la situation devient critique.

Cette réalité inquiétante se reflète également dans le dernier baromètre électoral de la SSR. Les primes d’assurance maladie y figurent en deuxième position des principaux défis politiques, juste derrière le changement climatique et nettement devant l’immigration. Il n’est donc pas étonnant que les partis tentent de marquer des points dans la campagne électorale avec des propositions de politique de santé. À l’instar du Parti socialiste (PS) avec son initiative pour l’allègement des primes et celle du Centre pour mettre un frein aux coûts.

Le Parti libéral-radical (PLR) n’est pas en reste. Comme l'expliquait son vice-président Philippe Nantermod sur nos plateformes, il exige un nouveau modèle d’assurance «budgétaire» comme alternative à l’assurance obligatoire des soins (AOS) et veut ainsi transformer radicalement le système. Dans une motion de groupe déposée par le troisième parti du pays durant la session d’été, on peut lire: «Le Conseil fédéral est prié de soumettre à l’Assemblée fédérale une proposition visant à modifier toutes les lois et ordonnances pertinentes de manière à permettre l’introduction d’un modèle d’assurance-maladie avec des primes très basses.»

Le parti libéral-radical (PLR) soutient l'idée d'une assurance low cost.
Photo: Keystone

Fin du «All you can eat»

Le conseiller national libéral-radical zurichois Andri Silberschmidt le dit en des termes plus simples: «De l’eau plutôt que du champagne.» Aujourd’hui, c’est le système «All you can eat» qui prévaudrait. On paie un prix fixe et on a le droit de tout consommer. Mais il y a des gens qui ne souhaiteraient pas du tout ce modèle. La formation bourgeoise veut leur créer une alternative: un menu «à la carte».

Dans les détails, cette assurance de base «light» devrait être au moins un quart moins cher. Les personnes qui optent pour ce modèle accepteraient volontairement de faire des concessions. Par exemple en ce qui concerne les médicaments. S’il existe un générique, on n’aurait pas droit à la préparation originale plus chère.

Andri Silberschmidt, conseiller national libéral-radical zurichois.
Photo: Keystone

Le dossier électronique du patient devrait en outre être obligatoire pour la caisse maladie «Budget». Ceux qui renonceraient à l’acupuncture, à la médecine traditionnelle chinoise et à l’homéopathie bénéficieraient de rabais. Il en va de même pour les individus qui augmenteraient leur franchise maximale de 1000 francs à 3500 francs. De plus, seules les consultations chez des médecins répondant à certains critères de qualité seraient remboursées, y compris à l’étranger si le cas se présente.

La gauche s'étrangle

Au PS, la proposition du PLR se heurte à une certaine résistance. «Je mets en garde contre un changement radical de système», amorce la conseillère nationale bernoise Flavia Wasserfallen. La membre de la commission de la sécurité sociale et de la santé publique rappelle que les personnes en bonne santé cofinancent celles qui le sont moins. «Si nous brisons ce principe, les malades chroniques seront mis à mal», redoute-t-elle.

Flavia Wasserfallen, conseillère nationale socialiste bernoise.
Photo: Keystone

Par ailleurs, la Bernoise ne considère pas non plus l’augmentation de la franchise maximale comme une bonne idée. Aujourd’hui, la participation des patients aux coûts de la santé serait déjà extrêmement élevée. «On a atteint là un seuil de douleur», appuie-t-elle.

La conseillère nationale souhaite plutôt actionner d’autres leviers pour baisser les coûts de la santé: «On pratique parfois trop d’interventions ou des interventions inutiles et on en fait trop peu pour éviter les maladies.» Toujours selon elle, une assurance de base «light», comme celle que le PLR a en tête, permettrait de réduire les coûts en punissant les patients. «Nous n’y participerons pas», tonne-t-elle.

Qu'en pense la population?

Revenons aux faits. Depuis l’an 2000, la prime mensuelle moyenne par personne a plus que doublé. Une récente étude Sotomo mandatée par Santésuisse est arrivée à la conclusion suivante: «Lorsqu’il s’agit de prendre des mesures contre l’augmentation du coût de la vie, la population suisse ne voit pas de domaine où la politique doit davantage agir que celui de la charge des primes.»

Les personnes interrogées ont approuvé à au moins 70% toutes les propositions visant à lutter contre la croissance des primes. L’obligation d’utiliser des génériques a été particulièrement bien accueillie. L’obligation pour les cantons d’améliorer la coordination entre les hôpitaux a également fait l’objet d’un large consensus. Les médecins qui occasionnent de manière répétée des coûts élevés inexpliqués devraient, quant à eux, se voir retirer leur financement.

La proposition du PLR sera examinée de près par la commission de la santé, rebondit la conseillère nationale vert’libérale Melanie Mettler. «Ce que personne ne souhaite, c’est une médecine à deux vitesses». La Bernoise voit la cause principale de l’augmentation des primes dans la surabondance des soins. «Un changement complet de système n’est pas nécessaire pour maîtriser les coûts de la santé», estime-t-elle.

Melanie Mettler, conseillère nationale vert'libérale bernoise.
Photo: Keystone

Quid des assureurs?

Les assureurs qui devraient intégrer un modèle budgétaire dans leur offre se montrent aussi sceptiques. Matthias Müller, porte-parole de Santésuisse, prend position: «L’accès uniforme de tous les assurés à l’ensemble des prestations de l’assurance de base est un acquis social que nous devons préserver».

Selon lui, il est bien plus important de réduire la surabondance de soins qui existe en de nombreux endroits, d’exclure les prestations inefficaces et de baisser les prix excessifs, par exemple pour les médicaments: «Cela nous permettrait de maintenir l’offre actuelle à un prix abordable». Enfin, les assureurs proposeraient déjà aujourd’hui divers modèles avec un choix limité de fournisseurs de prestations ainsi que des rabais correspondants.

Le Zurichois Andri Silberschmidt ne se laisse pas troubler par ce débat et renvoie à des études représentatives selon lesquelles une majorité des assurés en Suisse alémanique souhaiterait de tels modèles budgétaires et serait tout à fait prête à alléger sa couverture de base. À condition, évidemment, que les économies qui en résultent se traduisent par des primes plus avantageuses. «Aujourd’hui, tout le monde est obligé de prendre un AG de 1re classe dans l’assurance de base alors qu’il ne prend que rarement le train, image l’élu PLR. Or, les gens doivent aussi pouvoir prendre un AG de 2e classe.»

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