Vers la fin des bandes multicolore?
Les Parlementaires vent-debout contre le Nutri-Score

Le Parlement a décidé de réduire le champ d'application du Nutri-Score. Le célèbre indicateur multicolore restera facultatif et la Confédération ne l'emploiera plus et ne communiquera plus à son sujet.
Publié: 03.04.2024 à 13:47 heures
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Dernière mise à jour: 04.04.2024 à 16:46 heures
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Miriam Weber

Le Nutri-Score est plutôt populaire auprès des consommateurs. C'est en tout cas ce qui ressort d'une enquête menée par le «Beobachter». Plus de la moitié des personnes interrogées ont répondu qu'elles trouvaient l'indicatif utile. Et seules 21% s'en sont agacées. Un quart des personnes interrogées ont déclaré n'y avoir jamais prêté attention.

Le Nutri-Score calcule à quel point un aliment est sain. Les fruits, les noix et les huiles saines obtiennent une bonne note. Les produits riches en sel et en sucre, par exemple les chips, sont pénalisés. L'échelle va de A à E, c'est-à-dire de bon à mauvais.

Cola Zero contre jus de pomme

Mais le Parlement fédéral a décidé de limiter le pouvoir d'influence du Nutri-Score. Après le Conseil des Etats l'année passée, le Conseil national a également approuvé une motion visant à limiter le Nutri-Score. Les représentants des agriculteurs critiquent particulièrement l'indice multicolore.

La Confédération a introduit un outil: le Nutri-Score. Mais celui-ci reste fondamentalement incompris.
Photo: Screenshots Website BLV
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Le Nutri-Score est trop simpliste, argumentent-ils. Ainsi, le Coca Zero obtient une meilleure note que le jus de pomme, lequel contient beaucoup de fructose. Du quoi mettre en colère, le conseiller national Alois Huber (UDC/AG). «Si le Coca Zero est meilleur que le jus de pomme, vous n'avez qu'à le boire et en mourir. Merci beaucoup!», a-t-il martelé devant ses collègues de la chambre basse.

Le Parlement a fini par suivre Alois Huber: le Nutri-Score restera facultatif et les producteurs ne seront pas obligés de l'apposer sur leurs produits. En outre, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) ne s'engagera vraisemblablement pas en faveur du Nutri-Score à l'avenir. Interrogé sur le sujet, l'OSAV a fait savoir que les demandes du Parlement étaient en principe satisfaites. «Nous allons analyser si d'autres adaptations sont nécessaires et décider des étapes suivantes», déclare la porte-parole de l'office Sarah Camenisch.

La protection des consommateurs critique le Parlement

La Stiftung für Konsumentenschutz (SK), équivalent alémanique de la Fédération romande des consommateurs, critique la décision du Parlement. L'indice multicolore n'est efficace que s'il est appliqué à grande échelle, indique-t-elle dans un communiqué. La décision du Conseil national est un «frein inutile pour les consommateurs et les entreprises».

Les grands producteurs de denrées alimentaires se sont longtemps opposés au Nutri-Score. Entre-temps, ils s'en sont accommodés. Plus de 95 entreprises suisses, comme Nestlé ou Migros, utilisent le logo multicolore sur plus de 9000 produits.

«Déjà des effets»

Selon la SK, le Nutri-Score a déjà a fait ses preuves. Des fabricants auraient notamment réduit la teneur en sucre de leurs produits afin d'obtenir un meilleur score.

De plus, le – désormais – célèbre indicateur n'est pas figé. Au début de cette année, le Nutri-Score a adapté ses calculs. Ceci sur décision du comité de pilotage international du Nutri-Score, auquel la Suisse participe également. Les aliments contenant du sucre et du sel, la viande rouge, le lait et les boissons végétales seront désormais évalués de manière plus stricte.

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