Mon immersion dans les coulisses de Paléo
Sur les pas des artistes qui me font pleurer et du pichet de bière

Chaque matin à 6h30, notre journaliste Antoine Hürlimann se couche à l'heure où vous vous levez pour vous raconter les coulisses de Blick à Paléo. Et ce vendredi a été artistiquement très émotionnel. Ça ne veut pas dire grand-chose, mais vous avez compris l'idée.
Publié: 23.07.2022 à 06:30 heures
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Dernière mise à jour: 23.07.2022 à 10:27 heures
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Bonjour les Blickos! Dans la vie, il y a certains événements récurrents qui permettent de faire le bilan et de voir où l’on en est par rapport à la dernière fois. Paléo en fait partie — merci à Benjamin Décosterd pour cette intro que j’ai honteusement pépom sur son blog. Ce billet est l’occasion de prendre un peu de recul. Et de comprendre pourquoi j'ai absolument besoin de vous pour retrouver un pichet de bière vide égaré.

C’est vrai, comme chaque matin, j’aurais pu vous raconter les événements qui ont rythmé la journée de notre rédaction sur la plaine de l’Asse. Par exemple le fait que ma collègue Jessica a dû faire preuve de beaucoup de souplesse ce vendredi pour pouvoir interviewer Makoto San, quatre types masqués avides de techno qui frappent sur un instrumentarium en bambou japonais.

Ou encore qu’Amit a rencontré l’ex-syndique de Vevey — prise lorsqu’elle était en fonction dans ce qui fut l’une des plus grandes crises institutionnelles de l’histoire contemporaine vaudoise — pour raconter son amitié avec un chanteur de reggae ivoirien. Mais, cette fois, je vous emmène aux concerts avec moi.

Juliette Armanet, PNL, SCH... Beaucoup trop d'émotions pour mon petit cœur.
Photo: D.R.

À force de poucave dans ce blog toutes celles et tous ceux que je croise dans l’arrière-boutique de Paléo à des heures peu catholiques, j’ai peur qu’on me jette au visage des trucs plus ou moins létaux à chaque fois que je me pointe au Cosmo, bar réservé aux journalistes, bénévoles et invités. Alors marquons une courte trêve, si vous le voulez bien, et enfonçons-nous dans la foule pour parler sentiments.

Mes madeleines de Proust musicales

J’ai un rapport très particulier à la musique. À la première écoute, certains morceaux me plaisent d’abord pour leur mélodie, bien sûr. Mais les titres que je balance dans mon casque Marshall au quotidien sont avant tout des sortes de madeleines de Proust. Ils me rappellent des gens, des émotions ou encore des moments de vie — agréables ou non. Avant de me plonger dans un état quasi méditatif.

La voix de Bruce Springsteen me fait penser à ma mère. Les notes de David Gilmour sur sa Fender à mon père. DJ Otto Knows? À ma bande de potes, avec qui j’écume les boîtes de nuit depuis plus de dix ans. Haroun de la Scred Connexion à mon tout premier colocataire. Feu! Chatterton à mon dernier amour. Et Bon Jovi au bar du Lapin Vert, à Lausanne. Bref: quand je cherche à revivre quelque chose, il me suffit d’appuyer sur play. Et, confidence pour confidence (tu te calmes, Jean Schultheis!), c’est souvent pour pleurer.

Des fois, je suis pris au dépourvu. Comme ce soir, au concert de Juliette Armanet. J’adore — et c’est peu dire — cette chanteuse, sorte de quintessence de Véronique Sanson et de Michel Berger. Glandes lacrymales activées. Trop beau, trop bien.

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Le pichet s’en mêle

Mon téléphone vibre. L’heure du show de PNL approche. Je suis complètement déshydraté, pas possible d’enchaîner. C’est parti: direction ce stand aux pichets de bière avec des copains. La douille arrive... Et, comme désormais tout se lave et se récupère à Paléo, la consigne de mon vase de blonde coûte cinq francs. Une rose chez le fleuriste.

Je ne reçois mon salaire que lundi. Je suis dans la dèche. Un rapide coup d’œil sur mon e-banking me le confirme: à ce prix-là, je ramènerai mon pichet en rampant jusqu’à Villeneuve s'il le faut pour récupérer ma thune.

Alors, je me cramponne à son anse dans la marée humaine massée devant la Grande scène pour écouter les deux frères réformateurs du rap français. Et là... PAF! Ademo et N.O.S chantent «Le monde ou rien». Retour en 2015. Le Covid n’existait pas et PNL était probablement le sujet de discussion le plus clivant. Enfin, dans mon cercle.

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Je me souviens d’un échange avec un ami, Xavier. J’étais désespéré de l'entendre gazouiller ce morceau. Il avait appris par cœur. Grosses voix autotunées, écriture éclatée au sol, instru cloud façon Wish… Rien ne me plaisait. Il m'avait rétorqué que c'était ça, le phénomène PNL: une première phase intense de rejet suivie d'une terrible addiction. Et que j'y succomberai aussi, comme tout le monde.

Il avait raison. Je quitte la foule. J'y repense, je me marre et je... Bordel, où est mon pichet? Par terre, au milieu de dizaines de milliers de spectatrices et spectateurs, déjà loin derrière moi! Le plouc. Pas le temps de retourner sur mes pas, je dois régler deux-trois machins en vitesse et foncer danser devant DJ Snake (LOL). Puis devant SCH (c'est pas des LOL). Je n'ai pas beaucoup d'espoir de le voir réapparaître, mon pichet. Mais Internet peut faire des miracles: si l'une ou l'un de vous a récupéré mon précieux, qu'elle ou il n'hésite pas à se manifester (et à me twinter). Merci d'avance et à demain! Help.

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