Un record du monde à Athletissima?
Noah Lyles, celui qui pourrait battre Usain Bolt

L'Américain se présente à Athletissima en tant que favori du 200 m. Sur le demi-tour de piste, il tentera de faire mieux que le record du monde d'Usain Bolt.
Publié: 25.08.2022 à 16:01 heures

«Je suis fatigué de la comparaison avec Usain Bolt.» Avant Athletissima, Noah Lyles met les points sur les i. «Mon aventure est différente de la sienne. A mon âge, Usain avait déjà deux records du monde. Je suis encore à la recherche de mon premier.» Et pourtant, il est difficile de ne pas voir les points communs entre l’Américain et le Jamaïcain. Showmen hors pair, les deux sprinteurs aimaient (ou aiment) subjuguer la foule.

Que le public lausannois se prépare donc. Ce vendredi soir, il pourrait voir la célèbre marque de 19"19 tomber. «Je me prépare pour toutes les courses en espérant battre le record du monde», explique Noah Lyles en conférence de presse. Le Floridien de 25 ans — qui est déjà à Lausanne depuis mercredi passé — regarde tous les jours l’application «Météo» de son téléphone pour être sûr que les conditions restent idéales. «Il va faire bon, le vent devrait être de notre côté. Ça pourrait être une belle soirée», sourit Noah Lyles.

Le retour du «trashtalk»

Le champion du monde du 200 m est également connu pour être un compétiteur féroce. Il a remis à la mode le bon vieux «trashtalk» des sprinteurs américains, effacé sous la domination d’Usain Bolt.

S'il veut battre Usain Bolt, Noah Lyles devra faire mieux que 19"19.
Photo: AFP

En 2019, il avait taquiné Christian Coleman (champion du monde du 100 m) sur les réseaux sociaux. Fin juin, aux sélections américaines, il a devancé et pointé du doigt en pleine course le jeune prodige Erriyon Knighton, médaillé de bronze à Eugene, qui avait quitté la piste furieux. D’ailleurs, les deux hommes partageaient la scène lors de la conférence de presse d’Athletissima. Mais sans qu’aucun problème n’éclate.

Séjours à l’hôpital enfant

Chambrer, plaire et courir très vite, la vie de Noah Lyles n’a pourtant pas toujours été si simple.
Né à Gainesville en Floride le 18 juillet 1997, enfant, il passe beaucoup de temps à l’hôpital pour traiter son asthme, avant d’être soulagé par une opération des amygdales et des végétations à l’âge de six ans.

Ses parents, tous les deux anciens athlètes, divorcent lorsqu’il a 13 ans: avec son cadet Josephus, ils partent vivre avec leur mère, et leur grande soeur Abby avec leur père. Dyslexique et victime de troubles de l’attention, il a du mal à l’école où il redouble son «first grade».

Mais il se révèle en diamant brut sur la piste d’athlétisme, un sport débuté à 12 ans avec son frère. Devenu professionnel directement après le lycée, sans passer par la case université comme c’est la norme aux Etats-Unis, Noah Lyles manque à 19 ans la qualification pour les Jeux de Rio en 2016 pour 9 centièmes de secondes.

Il explose en 2018 où il devient presque imbattable en Diamond League (15 victoires) avant d’être titré une première fois aux Mondiaux de 2019.

La période Covid

Mais la pandémie mondiale de Covid affecte son moral, et, aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, il doit se contenter de la médaille de bronze.

Noah Lyles est plutôt à l'aise avec la foule.
Photo: keystone-sda.ch

«Tokyo a été une épreuve pour ma santé mentale, que j’ai surmontée. Ce qui rend également ce jour extraordinaire, puisque j’ai montré que je pouvais être plongé dans une tempête d’idées sombres et m’en sortir», a-t-il savouré après sa victoire aux Mondiaux.

Cette saison, il retrouve des couleurs et a été exceptionnel à Eugene, devant son public et ses proches. «Ici, je me sens moi-même pour la première fois depuis des années. Je ne m’étais pas autant amusé depuis 2018. Même en 2019 j’étais épuisé par une longue saison (les Mondiaux avaient eu lieu en octobre au Qatar), alors que là je déborde d’énergie», avait-il expliqué après les séries du 200 m lundi.

Cette nouvelle mentalité, «c’est le résultat de beaucoup de travail, en thérapie, d’avoir ouvert les yeux sur certaines de mes relations, de me retrouver en fait, de savoir pourquoi je cours».

«On parle beaucoup avec ma psy, au moins deux fois par jour, a-t-il avoué. Et de toute façon je suis un showman. J’aime faire plaisir aux gens. Ça a été impossible pendant deux ans. Ça m’a affecté. J’en ai parlé à ma psy qui m’a dit: 'Tu es un showman, sans la foule tes courses seront moyennes.' Je pense qu’elle a raison.» Des déclarations qui devraient encourager le public d’Athletissima à hurler lorsque Noah Lyles s’élancera pour son demi-tour de piste.

(Blick/ATS)

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