Se voit-il déjà ailleurs?
Murat Yakin, un sélectionneur de plus en plus détaché

Lundi encore, avant le match face à la Roumanie, le sélectionneur national a donné l'impression d'avoir envie d'être partout sauf là. Est-ce une posture face aux journalistes? Ou s'agit-il de plus grave?
Publié: 21.11.2023 à 10:49 heures
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Dernière mise à jour: 21.11.2023 à 11:02 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

La réponse la plus déprimante de Murat Yakin en conférence de presse lundi n'a pas été celle aux questions concernant son avenir. Celles-ci, il les a balayées en quelques secondes, indiquant placer toute sa concentration sur la rencontre à venir, dont il s'est rappelé l'importance en deux jours, après avoir affirmé samedi que la première place du groupe n'avait que peu d'intérêt.

Il occulte la partie adverse à chaque fois

Non, la réponse qui a le plus ennuyé l'assistance est celle apportée à un journaliste roumain qui lui demandait ce qu'il pensait de son adversaire du lendemain. Et, comme quelques jours plus tôt avant d'affronter Israël, Murat Yakin a complètement fait abstraction du contexte et de la réalité que vit l'équipe qu'il va affronter, comme s'il s'en désintéressait totalement. Les Israéliens, face à la Suisse, ont disputé une rencontre qui allait bien au-delà du football, avec une émotion qui les a poussé à se surpasser après la pause.

Leur sélectionneur Alon Hazan l'a reconnu après la rencontre: ses joueurs et lui sont allés chercher des forces intérieures pour revenir en deuxième période et arracher le nul face à la Suisse. Mais, avant le match, Murat Yakin n'a rien vu venir de tout ça, ignorant complètement la réalité de son adversaire et se montrant complètement détaché de la situation en Israël. La Suisse était là «juste pour jouer un match de football», ce qui ne s'est pas vraiment vu sur le terrain, d'ailleurs.

La Roumanie? Une «bonne équipe» avec de «bons joueurs».
Photo: TOTO MARTI

La Roumanie? Une «bonne équipe» avec de «bons joueurs»

Et là, ce lundi, dans la grande salle de presse de la Nationala Arena, où 50'000 spectateurs vont se réunir mardi pour communier avec leur sélection, Murat Yakin avait l'occasion de placer quelques mots élogieux pour son adversaire, mais il a fait le choix, une fois de plus, de balancer des banalités sans pertinence. La Roumanie est une «bonne équipe» avec de «bons joueurs», merci pour elle, fermez le rideau.

Il y avait pourtant tant à dire, même en deux phrases. Lui, l'ancien joueur de Fenerbahçe, avait une voie royale pour parler de Ianis Hagi, buteur quelques jours plus tôt, et fils de la plus grande légende du football roumain, Gica Hagi, que Yakin a affronté en Turquie et dont il ne peut pas ignorer l'aura. Il aurait pu féliciter les Roumains pour leur montée en puissance, s'imprégner de l'endroit où il se trouve, donner l'illusion, au moins, que le match l'intéressait. Mais non, rien. Deux réponses vides de substance et basta.

Qu'il soit fâché avec la presse suisse importe peu

Que Murat Yakin soit fâché avec les journalistes suisses parce que ceux-ci osent écrire qu'un mur blanc est blanc, et qu'il n'est pas rouge, vert ou bleu comme il le prétend après chaque match nul, importe peu. Il peut très bien être un excellent sélectionneur et être fâché avec la presse, d'autres le prouvent à chaque rassemblement. Mais il ne peut pas ignorer que sa cote dans l'opinion publique est en train de fondre et que cette donnée-là est importante, même si le fait qu'une partie du kop suisse scande son nom avant le match à Bâle samedi lui a fait chaud au coeur. En acceptant de prendre les rênes de l'équipe nationale, Murat Yakin a accepté un poste à responsabilité où l'image est importante et où il représente bien plus que lui-même, que ce soit en Suisse ou à l'étranger. De ce point de vue-là, aussi, il échoue dans sa mission.

Et puis, bien sûr, il y a la relation avec ses joueurs. De cela, on ne sait rien, officiellement. Mais il y a ce que Granit Xhaka et Manuel Akanji et les autres montrent sur le terrain, et ce qu'ils ne disent pas après les rencontres. Xherdan Shaqiri, en venant devant la presse après la qualification de samedi à Bâle, avait l'occasion de défendre son sélectionneur en suggérant aux journalistes d'être plus sympathiques avec lui, en leur assurant qu'ils se trompaient et en donnant des arguments pour défendre son coach. Il ne l'a pas fait, pas plus que les autres. Plus que leurs paroles, c'est leur silence qui en dit long.


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