Courage, l'été va arriver!
Voici pourquoi la pluie printanière nous plombe autant le moral

Après un mois de mai pour le moins morose, la Suisse retrouve enfin quelques rayons chaleureux. Si vous avez ressenti l'impact des averses, notamment sur votre humeur, sachez que c'est normal, d'après la science.
Publié: 07.06.2024 à 13:04 heures
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Dernière mise à jour: 23.06.2024 à 06:21 heures
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Ellen De MeesterJournaliste Blick

Dans quelques jours seulement, le solstice d'été du 20 juin nous offrira la nuit la plus courte de l'année. Cette idée paraît complètement absurde, sachant que le printemps 2024 s'est pris pour une maussade fin d'hiver, avec une météo tristement instable résultant de fortes dépressions d'altitude. La saison des festivals démarre déjà (avec le Caribana, du 5 au 8 juin), alors que nos orteils viennent tout juste de redécouvrir la joie de l'air libre. 

Hormis ce léger décalage temporel, qui donne envie de se ruer sur la terrasse la plus proche pour y prendre racine avant qu'il ne soit trop tard, les pluies printanières peuvent impacter le moral de certaines personnes. Une étude publiée en 2020 dans le «Journal of psychiatric research» confirmait qu'un ciel couvert est plus susceptible de provoquer des symptômes dépressifs qu'un radieux soleil. Voilà qui ne semble pas étonnant, sachant que l'aube de l'hiver est réputée pour causer le fameux «blues automnal», dont les répercussions sur l'humeur sont bien connues. 

La dépression saisonnière estivale existe!

Or, ce phénomène est moins souvent évoqué durant la belle saison, censée nous faire fleurir comme des tournesols et nous revigorer, de façon à compenser tout le stratus subi en hiver. Ainsi que le précisait Norman Rosenthal, psychiatre à l'Université américaine de Georgetown, dans les colonnes du «Washington Post», la dépression saisonnière estivale existe aussi. Présentant des symptômes similaires à ceux de la version automnale, elle peut provoquer une humeur morose, un appétit réduit et de l'insomnie. Ce type de SAD (seasonal affective disorder) est toutefois causé, dans la plupart des cas, par une intolérance à la chaleur, la forte lumière ou l'humidité, ainsi que des allergies aux pollens.

Un rapport réalisé en 2011 par l'American psychological association démontre l'impact négatif de la pluie, qui peut rendre certaines personnes plus irritables et moins joyeuses.
Photo: Keystone
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«Les facteurs de stress environnementaux posent un challenge à notre environnement intérieur»
Norman Rosenthal
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Mais les modifications météorologiques soudaines peuvent aussi jouer un rôle: «Les facteurs de stress environnementaux posent un challenge à notre environnement intérieur, poursuit Norman Rosenthal auprès du média américain. Notre organisme possède des mécanismes d'ajustement pour retrouver l'homéostasie, mais il est clair que ceux-ci ne fonctionnent pas toujours de manière optimale chez certaines personnes.» Ainsi, le passage brusque du beau temps à des jours d'averses pourrait potentiellement avoir un impact. 

La pluie rend triste en toute saison

Revenons-en à la pluie, principale coupable de notre actuel blues printanier. Bien qu'une étude américaine précise que les températures élevées typiques de l'été contribuent à obscurcir l'humeur, un rapport réalisé en 2011 par l'American psychological association démontre l'impact négatif de la pluie, qui peut rendre certaines personnes plus irritables et moins joyeuses. Ce phénomène ne concerne pas tout le monde, soulignant que certains individus sont plus sensibles au spleen véhiculé par les averses. 

Une étude britannique parue en 2012 dans le «Journal of happiness studies» rapporte également que les fluctuations de pressions barométriques peuvent causer des migraines et réduire notre sentiment d'épanouissement général, particulièrement chez les femmes. 

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«Quand l'ensoleillement est insuffisant, on peut commencer à le ressentir, sur le plan émotionnel comme physique»
David Avery
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Lorsque le ciel reste nuageux (et donc moins lumineux) durant plusieurs jours de suite, on peut effectivement souffrir du manque de lumière, même au printemps: «La lumière peut être considérée comme une sorte de drogue, explique David Avery, professeur de psychiatrie à l'Université de Washington, auprès du média Self. Quand l'ensoleillement est insuffisant, on peut commencer à le ressentir, sur le plan émotionnel comme physique.» Sans oublier que la lumière du soleil est capable de booster deux hormones dites «du bonheur»: la dopamine et la sérotonine. 

D'autant plus que le mauvais temps peut réduire la motivation, baisser notre taux d'activité et nous contraindre d'annuler certains événements estivaux (comme des sorties ou des barbecues) dont on s'est réjoui durant l'interminable hiver. Les sentiments de déception ou de solitude qui en découlent ont évidemment le pouvoir de miner l'humeur en quelques minutes. Espérons que le soleil, qui regagne timidement du terrain, s'installe pour de bon ces prochains jours! D'après les prévisions, l'été devrait être plus réjouissant que le printemps, avec quelques probables passages de chaleur. 

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