Pour briller devant la machine à café
Les pros du «small talk» utilisent cette méthode en 3 étapes

Bien qu'il soit impossible à éviter, le «small talk» n'est pas forcément agréable pour tout le monde. Pour vous aider à tirer un maximum de vos conversations quotidiennes, la coach allemande Sarah Köhlen a développé la méthode «E-F-E», très simple à mettre en place.
Publié: 15.04.2024 à 19:01 heures
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Valentin Rubin

En tant que personne introvertie et hypersensible, Sarah Köhlen a longtemps peiné à mener des conversations simples, truffées de «tout et de rien». Les silences gênés, les remarques banales sur la météo, les questions artificielles de type «Comment ça va?» renforçaient son impression que l'autre personne ne s'intéressait pas à elle et finissaient par la décourager. 

Or, lorsqu'elle a identifié l'immense potentiel du fameux small talk, sa perspective a totalement changé: «Il suffit d'aborder ce genre de discussions avec la bonne attitude et respecter quelques règles», affirme la professeure de langues qui, aujourd'hui, propose de coacher les personnes mal à l'aise face à cet outil conversationnel. Pour les aider, Sarah Köhlen a même développé sa propre méthode, intitulée «E-F-E», qui se focalise sur les trois phases naturelles d'une conversation: entry, flow et exit, soit l'entrée en matière, le flux de la conversation et la fin de conversation. Voici les précisions à connaître, pour adopter cette stratégie simple au quotidien et briller devant la machine à café.

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Entry (l'entrée en matière)

«Sur le plan professionnel, le small talk peut aider à constituer un réseau et à faire des connaissances, se réjouit Sarah Kohlen. Et en privé, il offre la possibilité de rencontrer des personnes intéressantes.»

Sarah Köhlen a même développé sa propre méthode, intitulée «E-F-E», qui se focalise sur les trois phases naturelles d'une conversation: entry, flow et exit, soit l'entrée en matière, le flux de la conversation et la fin de conversation. (Image symbolique)
Photo: Shutterstock

Or, la plupart des questions d'introduction à une conversation de tous les jours sont vues et revues, si bien qu'elles paraissent tout à fait artificielles: «Les questions automatiques sur l'état d'esprit, les remarques sur le temps qu'il fait ou sur la nourriture à la cantine sont généralement ennuyeuses», constate la coach en small talk. Les réponses, quant à elles, sont souvent monosyllabiques, machinales, dépourvues de réelles informations et ne mènent donc pas à une conversation plus approfondie: «C'est pourquoi le small talk a mauvaise réputation et que de nombreuses personnes le considèrent comme un bavardage superficiel et inutile.» 

Selon Sarah Köhlen, l'attitude et la préparation adéquates sont donc décisives pour entamer une bonne discussion: «Les personnes qui craignent d'arriver à des sujets de conversation délicats ou désagréables peuvent réfléchir à l'avance aux aspects de leur vie qu'elles sont d'accord de raconter, afin d'anticiper cela et d'éviter d'en dire trop par erreur.» En effet, quoi qu'on accepte de partager, l'interlocuteur est toujours content d'apprendre des choses intéressantes à propos de son entourage et de dévoiler en même temps des choses sur lui-même. Il n'est pas nécessaire de lui ouvrir les parties les plus intimes de votre cœur pour nourrir un échange enrichissant. 

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Flow (le flux de la conversation)

Dans un second temps, une fois la discussion entamée, il s'agit de dépasser le stade d'une conversation superficielle. Pour y parvenir, Sarah Köhlen recommande de poser des questions d'introduction surprenantes, mais pas trop directes: «Le mieux est qu'elles se réfèrent à des expériences, des vécus et des sentiments», conseille-t-elle. 

Par exemple, si vous ne connaissez personne à une fête, hormis l'hôte ou l'hôtesse, n'hésitez pas à demander aux autres invités comment ils ou elles ont rencontré votre connaissance commune. Puisqu'il s'agit d'une question ouverte, elle est susceptible de conduire à une réponse plus réfléchie et plus profonde qu'un simple «oui» ou «non». Pour notre intervenante, elle peut créer beaucoup plus rapidement un flux de conversation naturel et intéressant. 

Sarah Köhlen affirme par ailleurs qu'on peut s'inspirer du rôle des journalistes pour obtenir un bon flow dans la discussion: «Lors d'une enquête, les professionnels posent différentes questions précises et respectueuses pour connaître les intérêts, les craintes et les passions de leurs interlocuteurs. En essayant cette méthode, vous vous apercevrez que beaucoup de personnes apprécient beaucoup qu'on s'intéresse à elles.» Cependant, afin d'éviter de heurter l'interlocuteur, il est préférable d'éviter certains sujets lors d'une première rencontre. Parmi ceux-ci, la coach en small talk évoque notamment la politique, la religion, les finances ou les relations amoureuses.

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Exit (la fin de la discussion)

«Nous ne sommes jamais obligés de rester engagés trop longtemps dans une conversation contre notre volonté», souligne Sarah Köhlen. En effet, lors d'événements sociaux réunissant de nombreuses personnes, la coach estime qu'il est totalement légitime de vouloir changer d'interlocuteur après un certain temps, si la discussion semble s'essouffler. 

«Il n'est pas nécessaire de culpabiliser, poursuit-elle. Au contraire: si l'on ne se sent plus à l'aise dans la conversation, on rend souvent service à son interlocuteur en lui signalant poliment, mais fermement, que l'on souhaite mettre fin à l'échange. Le temps de conversation est précieux et doit être utilisé de manière optimale, en choisissant le bon moment pour y mettre fin.»

Pour y parvenir de manière subtile et élégante, la coach conseille de résumer brièvement ce qui a été dit durant l'échange, en affirmant par exemple: «Ce sont des aspects très intéressants auxquels je n'avais jamais pensé de cette manière. Merci beaucoup!» Le cas échéant, c'est aussi le bon moment d'indiquer une future possibilité de discussion. 

Enfin, il est important de prêter attention aux signaux non verbaux de l'interlocuteur: «Si la personne regarde sa montre, croise les bras ou devient plus agitée et lançant des coups furtifs d'œil autour d'elle, cela signifie probablement qu'elle veut mettre fin à la conversation. Dans la mesure du possible, il faut respecter cela.»

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