Statut: c’est compliqué
Sur les applis de rencontre, les jeunes sont romantiques… et stressés

L’application Hinge a sorti un rapport sur les comportements des jeunes nés dans les années 2000. Et s’ils cherchent bien l’amour plus que les rencontres d’un soir, ils apparaissent aussi légèrement paralysés par leurs angoisses.
Publié: 13.02.2024 à 19:14 heures
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Margaux BaralonJournaliste Blick

«J’attends l’amoooouuuur de mes rêêêêêves», chantait Jenifer en 2002, juste après avoir remporté la toute première édition de la Star Academy. Vingt-deux ans plus tard, celles et ceux qui n’ont jamais regardé cette émission parce qu’ils venaient tout juste de naître ne changeraient pas une parole de ce tube agaçant, euh, pardon, entêtant. 

Les habitudes ne sont plus tout à fait les mêmes et on se rencontre plus en ligne que jamais, mais l’objectif n’a pas bougé: 90% des 18-25 ans, cette «Gen Z» comme on l’appelle (pour «Generation Z», née entre 1997 et le début des années 2000), cherchent l’amour.

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Du moins parmi celles et ceux qui sont inscrits sur l’application Hinge. Celle-ci vient de publier une vaste étude sur ses utilisateurs les plus jeunes et leurs comportements de dating. Ils y apparaissent à la fois pétris de romantisme donc, mais aussi un peu stressés… et très tatillons. 

Selon une étude de l'appli de rencontre Hinge, la génération Z cherche le grand amour en ligne, mais a de la peine à dépasser ses angoisses.
Photo: Shutterstock

Les jeunes ont peur de l’échec

Pour le romantisme, non seulement l’écrasante majorité d’entre eux espère plus qu’un coup d’un soir, mais ils sont aussi plus fleur bleue que les «millennials» (ou «Génération Y», soit les personnes nées entre le milieu des années 1980 et 1996). Très exactement, la «Gen Z» est 30% plus susceptible de penser qu’il existe une âme sœur pour chacun et 39% plus encline à s’avouer idéaliste en amour. Comme quoi, l’influence des comédies romantiques sur Netflix est peut-être plus grande encore que toute la filmographie de Julia Roberts dans les années 1990, ce qui n’est pas peu dire.

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Là où le bât blesse, c’est dans la mise en œuvre de cette quête du grand amour. Car si les jeunes en rêvent, ils ont aussi (très) peur du rejet. Alors que 44% d’entre eux confient avoir peu ou pas d’expérience en dating, plus de la moitié (56%) avoue craindre de se prendre un râteau. Ils sont quasi autant (57%) à avoir même renoncé à exprimer leurs vrais sentiments de peur d’effrayer la personne en face.

Attention à vos émojis

L’utilisation d’applications de rencontre était censée faciliter la drague et les rendez-vous galants en ouvrant le champ des possibles et en permettant même aux timides de s’y mettre. 

En réalité, elle a aussi ouvert la voie à une grosse dose d’exigence… et quelques prises de tête. Les jeunes utilisateurs font attention à tout et notamment à ce que Hinge appelle dans son étude le «langage non-verbal numérique». C’est par exemple la ponctuation, la longueur des messages, la vitesse à laquelle une réponse arrive ou les émojis utilisés.

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Plus des trois quarts (77%) des personnes interrogées se basent là-dessus pour juger les intentions de leur «match» et 56% avouent avoir tendance à sur-analyser un peu. Gare à celui qui balancera un émoji aubergine trop tôt, à celle qui abuse des points de suspension ou même à ceux qui répondent «Ok.» avec un point derrière, souvent interprété comme un signe d’énervement. 

Par écrit, tout compte, même l’orthographe et la grammaire: 39% des gens qui utilisent Hinge éprouvent un certain malaise à partir d’un trop grand nombre de fautes dans les messages de leur «match». Rien ne sert d’avoir des abdominaux parfaitement dessinés avec un petit chat mignon dans les bras sur vos photos si, derrière, vous ne vous relisez pas!

Fais ce que j’aime, pas ce que je fais

Le problème, c’est que la «Gen Z» n’applique pas ses propres exigences. D’un côté, elle valorise le fait d’être entreprenant: trois personnes sur quatre apprécient qu’on leur manifeste de l’intérêt en commençant une conversation. Les deux tiers scrutent attentivement le temps de réponse de leur «match» et 71% attendent une réponse dans les 24 heures. 

Mais dans le même temps, ils appliquent encore les conseils stupides de la génération précédente (ah, la grande époque des SMS où une règle implicite recommandait d’attendre trois jours avant de répondre à l’objet de son affection pour créer une sorte de distance pseudo-désirable!). Ils sont même 50% plus susceptibles que les millennials de se forcer à répondre plus tard pour ne pas avoir l’air trop impatients… ce qui ne fonctionne évidemment pas du tout selon leurs propres critères.

Hinge souligne dans son étude que les chances d’obtenir une réponse quand on répond soi-même dans les 24 heures augmentent de 44%. Par conséquent, jeunes daters, cessez de jouer les inaccessibles et détendez-vous un peu. L’amour de vos rêves, la douceur et la fièvre, peuvent venir puisque vous êtes prêts à aimer vraiment. Simplement. Et oui, c’est toujours du Jenifer.

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