Le pays «est parti à la guerre!»
Blocher accuse la Suisse d'être coresponsable de la mort de jeunes Russes

Christoph Blocher accuse la Suisse d'être complice de la mort de «très jeunes» soldats russes, parce qu'elle serait «partie à la guerre». À propos de qui a déclenché la guerre et pourquoi l'Ukraine tente de se défendre, le doyen de l'UDC n'en touche pas mot.
Publié: 21.08.2022 à 14:31 heures
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Dernière mise à jour: 21.08.2022 à 17:09 heures
Daniel Kestenholz

L'ancien conseiller fédéral Christoph Blocher a déclenché une controverse avec sa chronique, qui paraît régulièrement dans divers journaux régionaux. Cette semaine, le doyen de l'UDC écrit que la Suisse a rompu sa neutralité dans le cadre de la guerre en Ukraine et qu'elle est «partie à la guerre».

Il poursuit en assénant que la Suisse «aidait à ce que de jeunes soldats russes soient tués». Ses propos sont rapportés dans la «Luzerner Rundschau», la «Winterthurer Zeitung» ou les «Wiler Nachrichten», dont Christoph Blocher est éditeur.

«Les jeunes soldats russes ont été tués par des soldats ukrainiens, poursuit Christoph Blocher. Ceux-ci sont à leur tour armés par l'Occident, surtout par les Etats-Unis, mais aussi par l'UE. Sans oublier le soutien de la Suisse, qui a rompu sa neutralité et est donc partie à la guerre.»

L'ancien conseiller fédéral Christoph Blocher affirme que la Suisse est «partie à la guerre en Ukraine».
Photo: Peter Mosimann
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Blocher ne parle pas de qui a commencé la guerre

Cette chronique au ton lunaire s'intitule «Demi-vérité». Le partisan de l'UDC affirme que «face aux soldats russes adolescents tombés au combat, il faudrait aussi se poser la question: pourquoi sont-ils morts? Quelqu'un doit bien les avoir tués.»

Pour Christoph Blocher, les Russes décédés ne sont apparemment que «la moitié de la vérité». Que l'Ukraine se défende contre une attaque, ça, il n'en parle pas.

Réactions houleuses

La chronique de Christoph Blocher a provoqué des réactions enflammées. Le chef du groupe parlementaire du Centre, le Valaisan Philipp Matthias Bregy, parle dans la «SonntagsZeitung» de «déformation de l'histoire». Le vice-président du PLR Andrea Caroni a déclaré au journal: «Poutine n'a plus besoin d'un ministre de la propagande - les Blocher le font gratuitement pour lui.»

L'ambassadeur ukrainien à Berne, Artem Rybchenko, a lui aussi réagi vivement aux propos de l'UDC. «On ne peut dire de telles choses que depuis son canapé à la maison. Monsieur Blocher n'a aucun prise avec la réalité», a-t-il grondé. Pour lui, cela ressemble à «une mauvaise blague».

(Adaptation par Lliana Doudot)

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