Les Pays-Bas ont donné le ton
Entre partis europhobes et pro-européens, la bataille sera sans merci dimanche

Les électeurs néerlandais ont voté ce jeudi 6 juin pour les élections européennes. Le parti d'extrême-droite de Geert Wilders confirme sa prééminence. Les europhobes visent, dans toute l'Union, des socres en nette progression ce dimanche.
Publié: 08.06.2024 à 10:25 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ils savent que cette élection européenne est la mère de toutes leurs prochaines batailles. Pour les partis eurosceptiques ou europhobes, tous résolus à batailler de l’intérieur pour dépouille l’Union de nombreuses prérogatives, ce dimanche 9 juin est une date décisive. 

Preuve de l’importance de ce duel dans un scrutin généralement peu mobilisateur, presque un électeur sur deux s’est rendu aux urnes aux Pays-Bas, premier pays à voter ce jeudi 6 juin. Le taux de participation a atteint 46,8%, nettement plus élevé qu’en 2019, avec 41,19%.

Pourquoi ce scrutin est celui qui peut tout changer? Parce que si l’exemple des Pays-Bas se confirme, toutes les formations hostiles aux institutions communautaires, opposées à la délégation de souveraineté à Bruxelles et désireux de rapatrier de nombreuses compétences au niveau national, devraient progresser dans les urnes. 

Le leader de l'extrême-droite néerlandaise Geert est sur le point de remporter un second succès électoral, après sa victoire aux législatives de novembre 2023.
Photo: AFP
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L’un des exemples les plus frappants est celui de la liste du Rassemblement national conduite, en France, par Jordan Bardella. Les sondages lui donnent aujourd’hui entre 30 et 33% des intentions de vote. Soit le double des scores réalisés par les deux listes suivantes: celle de la majorité présidentielle et celle des socialistes.

Le cas des Pays-Bas, où la formation d’extrême-droite conduite par Geert Wilders est arrivée en tête aux législatives de novembre 2023, est emblématique. Le pays envoie 33 eurodéputés au Parlement de Strasbourg. Il est l’un des membres fondateurs de l’Union européenne. C’est dans la ville néerlandaise de Maastricht qu’a été signé, le 7 février 1992, le traité de Maastricht qui a ouvert la voie à la création de l’euro, cette monnaie unique européenne que les nationalistes ont longtemps dénoncée, mais ne veulent plus supprimer aujourd’hui.

Résultats dimanche soir

Les résultats définitifs néerlandais ne seront officialisés que dimanche, avec le reste des 26 autres pays membres de l’Union. Selon les sondages réalisés à la sortie des urnes, il semble toutefois que l’extrême-droite arrive en seconde position, et talonne de justesse l’alliance proeuropéenne entre le PS et les Verts. Le parti de Geert Wilders remporterait sept sièges d’eurodéputés sur 33. 

Point important, les partis pro-UE conservent leur avance, avec environ deux tiers des voix. La mobilisation électorale a donc payé. Mais la colère est au rendez-vous. Et le parti de Wilders compte bien l’importer à Strasbourg et à Bruxelles, pour bloquer le Parlement et empêcher la reconduction d’une majorité entre la droite traditionnelle, les sociaux-démocrates et les libéraux.

Ce face-à-face explique pourquoi Emmanuel Macron, en France, a dramatisé l’enjeu de ce dimanche au maximum, évoquant le fait que «l’Europe est mortelle». Il s’agit, pour le camp des pro-européens, d’empêcher un assaut des extrêmes de gauche et de droite, qui veulent bloquer la machine communautaire. 

Le choc sera en particulier très dur en Allemagne, où la coalition dirigée par le Chancelier Olaf Scholz est à la peine, et où l’AFP d’extrême droite a multiplié ces dernières semaines les outrances. Le chef de l’AFD, Maximilien Krah, est allé jusqu’à dire que «tous les SS en uniforme durant la Seconde Guerre mondiale n’étaient pas des criminels». En Italie, la mouvance néofasciste est sur un petit nuage, puisque la Première ministre Giorgia Meloni vient de ce camp-là, et dirige la liste de son parti aux Européennes.

L’immigration et le pouvoir d’achat

La bataille aux élections européennes était en général feutrée. Il s’agissait, pour les partis traditionnels de gouvernement, de mesurer leur force. Et le Parti populaire européen, le PP qui représente les courants de la droite bourgeoise, finissait toujours par l’emporter et conduire la future majorité. Le scénario est cette fois différent, ou il peut l’être en tout cas. 

Il s’agit, pour les partis nationalistes, de la Hongrie à la Pologne en passant par l’Espagne ou le Portugal, d’envoyer siéger un nombre record de députés en s’appuyant sur leurs thématiques habituelles anti-immigration et pro-pouvoir d’achat. La bataille qui vient de commencer aux Pays-Bas est sans doute la plus dure depuis l’élection du Parlement européen au suffrage universel, en 1979.

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