Les Républicains sont enragés
Ce que Trump et Biden ont gagné et perdu au procès de New York

La condamnation pénale de Donald Trump est un coup dur pour l'ancien président. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle pour Joe Biden ? La rage des Républicains ne fait que décupler
Publié: 31.05.2024 à 21:40 heures
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Dernière mise à jour: 01.06.2024 à 07:05 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Rendez-vous le 27 juin. A Atlanta. Devant les caméras, sur le plateau de CNN. Donald Trump et Joe Biden n’ont plus qu’une chose en tête après la condamnation de l’ancien président par un tribunal de Manhattan pour avoir falsifié des documents comptables destinés à masquer son paiement à l’actrice de films X Stormy Daniels: se retrouver face à face pour leur premier débat de la campagne présidentielle. Un débat qui aura lieu dans la capitale de la Géorgie, cet État du sud des états-Unis où Donald Trump est poursuivi pour une tentative de fraude à l’élection présidentielle de 2020.


Est-ce que ce procès de New York change la donne pour les deux candidats? La réponse est oui. Voici les cinq raisons qui font de ce jugement un tournant politique.

C’est fait: Trump est condamné

Donald Trump est le premier président des États-Unis à être condamné pénalement. Il vient de l’être en première instance à Manhattan alors qu’il n’est plus en fonction, et il a fait appel. Soit. Il est vrai aussi que la Constitution américaine n’empêche absolument pas une personne jugée coupable de se présenter à la présidence.

C'est dans le hall de la Trump Tower que l'ancien président a donné une conférence de presse après sa condamnation
Photo: keystone-sda.ch
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Mais dans une Amérique où la justice est un troisième pouvoir respecté et redouté, l’épreuve n’en reste pas moins redoutable. Lorsque sa peine sera connue, le 11 juillet, l’ex-locataire de la Maison-Blanche sera, aux yeux d'une partie de ses compatriotes, un repris de justice. Ses factures juridiques à acquitter sont énormes. Il va bien sûr répéter, comme il l'a fait ce vendredi 31 mai, que ce procès est une «arnaque» et qu'il est un «prisonnier politique». N'empèche: les douze jurés new-yorkais viennent de lui porter un coup redoutable.

C’est acquis: les Républicains lui restent fidèles

Sans doute est-ce l’élément le plus troublant, voire le plus difficile à comprendre: comment peut-on continuer de faire confiance à un ancien président désormais condamné par la justice (en première instance), dont la nuit avec une actrice porno a été détaillée dans la salle d’audience et relatée par tous les médias?

La réponse est simple: Trump est perçu par ses partisans comme une victime de l’establishment, alors qu’il en fait lui-même partie! Autre réponse: l’ancien président a su prendre le contrôle du parti républicain. Il tient ses troupes et cela devrait se confirmer lors de la convention républicaine de Milwaukee (Wisconsin) du 15 au 18 juillet. Soit quatre jours après l’annonce de sa peine par le tribunal de Manhattan.

Retrouvez la conférence de presse de Trump

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C’est inquiétant: Biden joue en défense

L’actuel président a parlé fermement à l’issue du procès de Manhattan. Pour lui, Donald Trump «menace la démocratie» et «met en doute le système judiciaire» américain. «Maintenant, vous pouvez l’arrêter» a-t-il poursuivi. Problème: quoi qu’il dise, et même si la guerre à Gaza venait à se calmer, elle lui coûte aujourd’hui de nombreuses voix démocrates, compte tenu de son soutien inébranlable à Israël – Joe Biden n’arrivera jamais à répondre aux attaques les plus percutantes de Trump sur son âge (81 ans) et sur son état de fatigue. Potus (pour «President of the United States», son acronyme officiel) est condamné à jouer en défense. Alors que Donald Trump va encore plus monter à l’assaut, traitant les juges de «corrompus» et Joe Biden de «fasciste».

C’est vrai: Biden a de sérieux atouts

Joe Biden peut désormais se présenter encore plus comme le défenseur des institutions américaines, de l’indépendance de la justice et de l’intégrité de l’État que Donald Trump transformerait en machine à son service. L’actuel président des États-Unis peut aussi mobiliser l’électorat féminin, en obligeant Donald Trump à s’exposer davantage sur sa remise en question de l’avortement, et exposant ses turpitudes sexuelles.

La logique serait que le locataire de la Maison-Blanche fasse monter au créneau sa vice-présidente Kamala Harris. Avec, toujours, cette difficulté qu’il faut sans cesse redire: la prochaine élection présidentielle américaine se jouera dans quelques «swing states» (États pivot) où le sort de l’élection sera scellé, compte tenu du système des grands électeurs qui décide du scrutin. Rappel: le suffrage universel ne se résume pas, aux États-Unis, au vote populaire (que Trump avait perdu en 2016 face à Hillary Clinton, en avance de deux millions de voix)

C’est juste: Trump doit amasser les millions

50 millions de dollars récoltés en une seule journée, en réponse à sa condamnation par le tribunal de Manhattan: Donald Trump a annoncé ce chiffre et il peut jubiler, ses partisans sont prêts à mettre la main à la poche pour lui permettre de payer ses astronomiques factures judiciaires. Mais attention: une campagne présidentielle coûte cher, très cher. Et plus Trump doit payer cher ses avocats, plus sa marge de manœuvre financière se trouvera réduite. Il a déjà payé 175 millions de dollars de caution pour ce procès de New York. Il ne faut donc pas oublier cette dimension pécuniaire. Trump le milliardaire peut se retrouver handicapé électoralement… par un manque d’argent.

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