Pour contrecarrer Poutine
Voici comment économiser de l'essence, du pétrole et du gaz

Les prix de l'essence, du pétrole et du gaz ont augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine. Grande pourvoyeuse de ces énergies fossiles, la Russie menace de mettre fin à ses livraisons de gaz. Voici comment faire des économies et réussir un pied de nez à Poutine.
Publié: 12.03.2022 à 18:13 heures
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Dernière mise à jour: 12.03.2022 à 18:32 heures
Ruedi Studer

La guerre en Ukraine a des répercussions bien tangibles à la pompe: le prix de l’essence et du diesel augmentent tout comme le mazout et le gaz. La Russie menace d’ailleurs de couper le robinet de ce dernier.

Difficile en tant que spectateur et consommateur de penser pouvoir faire quelque chose pour agir. Mais est-ce vraiment le cas? Réduire notre consommation d’essence ou de gaz naturel, ne serait-ce pas une manière de faire un pied de nez à Vladimir Poutine, dont le pays est l’un des principaux fournisseurs d’énergies fossiles?

Blick décortique quelques gestes simples pour réduire votre consommation d’essence et de gaz.

La guerre en Ukraine se fait sentir dans les stations-service: les prix de l'essence et du diesel ont augmenté.
Photo: keystone-sda.ch
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1. En voiture

N’ayez crainte, il n’est pas question de renoncer totalement à conduire votre voiture. Mais il semble évident qu’il vaut mieux la laisser au garage pour les petits trajets et lui préférer la marche, le vélo ou les transports publics pour les trajets moins longs. Le covoiturage est aussi une option plus économique et écologique.

En voiture, quelques petits gestes peuvent faire la différence, comme passer le plus rapidement possible à la vitesse supérieure (dès 50 km/h, vous pouvez passer la cinquième). Couper le moteur à un feu rouge ou dans un embouteillage est également conseillé: «Au ralenti, un moteur consomme plus d’un litre d’essence par heure», souligne l’expert de la Fondation suisse de l’énergie Felix Nipkow.

Faites aussi attention à la pression des pneus: pour chaque 0,1 bar en dessous de la valeur idéale, la consommation de carburant augmente de 1%. En outre, il convient de retirer tout poids inutile dans la voiture. «Le poids est souvent sous-estimé», explique Felix Nipkow. Pneus de rechange, outils, couvertures ou encore des achats peuvent vite s’accumuler dans le véhicule. «Pour 100 kilos de poids supplémentaire, il faut s’attendre à une surconsommation d’environ 0,3 litre aux 100 kilomètres.» Enfin, le fait d’éteindre la climatisation ou les sièges chauffants permet également d’économiser de l’essence.

Sur le long terme, Felix Nipkow conseille de passer à des véhicules électriques et plus petits. «Le poids du véhicule en soi joue un rôle important dans sa consommation de carburant, explique-t-il. Et si l’on doit acheter une nouvelle voiture, il faut se demander si l’on a vraiment encore besoin d’une voiture personnelle ou si le covoiturage et les transports publics sont également possibles.»

En Allemagne, l’association Greenpeace a demandé qu’une limitation temporaire de vitesse soit appliquée pour réduire la consommation de carburant des conducteurs. D’après l’ONG, si la vitesse était limitée à 100 km/h sur les autoroutes allemandes et à 80 km/h sur les routes de campagne, les importations de pétrole pourraient être réduites de 2,5%.

2. Avec le chauffage

«Le chauffage représente les deux tiers de la consommation d’énergie d’un ménage», détaille Felix Nipkow. Il y a là un énorme potentiel d’économie. Il ne faut pas arriver jusqu’à claquer des dents chez soi, mais il est souvent possible de baisser la température ambiante d’un ou deux degrés sans perdre trop de confort. «Chaque degré en moins permet d’économiser 6 à 7% d’énergie», pointe Felix Nipkow.

Un détail est particulièrement important pendant la saison froide: il faut aérer suffisamment son intérieur. Il vaut mieux aérer par à-coups – c’est-à-dire ouvrir toutes les fenêtres deux fois par jour pendant quelques minutes – que de laisser un soupirail pendant des heures. «Une fenêtre basculante ouverte consomme jusqu’à 100 litres de mazout par saison», calcule l’expert en énergie.

Autre conseil: si vous partez en vacances par temps de gel, il faut baisser le chauffage. Cela vaut la peine dès quelques jours d’absence. Les appartements de vacances ne devraient pas non plus être chauffés inutilement en cas d’absence prolongée.

Là encore, l’expert en énergie propose un changement drastique sur le long terme. «Si vous devez remplacer votre chauffage, vous devriez dire adieu aux énergies fossiles et miser sur les énergies renouvelables, conseille Felix Nipkow. Une bonne isolation thermique permet également d’économiser de l’énergie.»

3. Sous la douche

Pas très loin derrière le chauffage, la consommation d’eau chaude est également très énergivore. Dans les ménages suisses, 10 à 25% de l’énergie est utilisée à cet effet. Les douches sont donc logiquement préférables aux bains, et quelques astuces sont applicables lors des premières: prendre une douche la plus courte possible, couper l’eau en se savonnant et essayer d'utiliser moins d'eau chaude. «Cinq minutes de douche d’une eau à 40 degrés consomment environ trois décilitres de mazout, à 25 degrés c’est moitié moins», souligne Felix Nipkow. Ce dernier conseille aussi d’utiliser un pommeau de douche économique, qui permet de réduire de moitié la consommation d’eau de 18 à 9 litres par minute – et donc la consommation d’énergie pour chauffer l’eau.

Une solution radicale reste la douche froide: bien que moins agréable, elle est meilleure pour la santé. Elle renforce notamment le système immunitaire, favorise la circulation sanguine et prévient les varices.

4. Dans l’assiette

Il est également possible d’économiser de l’essence en mangeant et en buvant, en agissant sur le transport de notre nourriture et de nos boissons. «Préférer l’eau du robinet à l’eau en bouteille est un meilleur choix bien connu, le facteur d’économie est d’environ 1000», détaille l’expert en énergie.

En ce qui concerne les denrées alimentaires, le mode de production, les trajets ou le type de transport influencent la consommation d’énergie. Les produits importés par avion augmentent massivement le bilan carbone des denrées. «Les serres chauffées consomment également de l’énergie supplémentaire, poursuit Felix Nipkow. La règle d’or est donc de manger le plus possible local, de saison, biologique et végétal.» C’est peut-être l’occasion de vous (re)mettre à jardiner et cultiver.

5. En voyage

Les vacances de printemps approchent, et les voyages que vous ferez peut-être seront plus ou moins gourmands en énergie. Renoncez autant que possible à l’avion, si possible aussi à la voiture, et privilégiez les transports publics pour un séjour moins polluant.

Selon l’écocalculateur des CFF, un couple voyageant de Zurich à Paris consomme en avion l’équivalent de 149 litres d’essence par personne. En voiture, il s’agit de 99 litres et en train, de 7,4 litres par personne. De Zurich à Rome, les chiffres sont encore plus importants: 194 litres en avion, 133 litres en voiture et 40 litres en train – toujours par personne.

«L’essentiel est de ne pas aller trop loin et d’utiliser le bon moyen de transport, estime Felix Nipkow. Les vacances en transports publics à l’intérieur du pays nécessitent moins d’énergie qu’un voyage en avion à l’étranger.»

6. Ménager le porte-monnaie

Ces exemples le montrent: de nombreuses astuces au quotidien existent pour économiser de l’essence et du gaz. Et même en économisant l’électricité, on s’assure une plus grande indépendance vis-à-vis de la Russie. «Une partie de notre électricité provient de centrales à gaz et à charbon européennes», explique Felix Nipkow.

Les économies d’énergie ne nuisent pas seulement au trésor de guerre de Vladimir Poutine: elles sont également bonnes pour le climat, et (surtout) le porte-monnaie.

(Adaptation par Louise Maksimovic)

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